Nijel Binns, le sculpteur des récompenses de Michael Jackson

Le 20 février 1990, lors d’une réception organisée par le label CBS/Epic au Regent Beverly Wilshire Hotel de Los Angeles, Michael Jackson est honoré d’une récompense spéciale faisant de lui le « Top Selling Artist Of the Decade ».

Golden Bust et Top Selling Artist of The Decade

La décennie qui vient de s’écouler a en effet vu le chanteur exploser les records de vente de disques avec ses albums Thriller et Bad. Celui qui est désormais appelé le King Of Pop a vendu au cours des années 80 plus de cent millions d’albums à travers le monde, Thriller est répertorié dans le Guinness Book of World Records pour ses ventes sans précédent et Bad est le premier album à avoir aligné cinq singles numéro un d’affilée dans les hits parades.

Tommy Mottola et David Glew, dirigeants de Sony (qui détient le label Epic Records), lui remettent donc ce jour-là une récompense unique, une statue représentant l’artiste dans son short film Smooth Criminal, au cours d’une conférence de presse précédée d’un petit déjeuner.

L’auteur de cette statue est Nijel Binns. Artiste anglais aux multiples talents – acteur, entrepreneur, cascadeur, coordinateur/chorégraphe de combats au cinéma, instructeur d’arts martiaux et auteur – c’est surtout en tant que sculpteur qu’il s’est fait connaître, avec cette statue en bronze de Michael. La même année, le label Motown le commissionnera pour réaliser une statue à offrir à Stevie Wonder pour son anniversaire et de nombreuses autres commandes prestigieuses suivront.

Au tout début de l’année 1990, le sculpteur et son ami de longue date, le compositeur et producteur Joshua Thompson, se rendent dans les bureaux de l’entreprise de management Fitzgerald Hartley à Los Angeles dans l’espoir de rencontrer Quincy Jones. Ils ne trouvent pas le célèbre producteur mais y rencontrent le propriétaire des locaux, Stan Hillas, qui s’intéresse à ce que fait Nijel Binns. Après avoir vu le portfolio de ses œuvres, et repéré la photo d’un buste en argile de Michael Jackson, il lui dit : « Je cherche justement un artiste pour sculpter une figure pour une récompense à remettre à Michael Jackson dans quelques semaines, tu penses que tu peux le faire ? » (1)

En 1985, Binns avait en effet sculpté un buste en or de Michael qui avait été offert à son père Joe Jackson. Il avait d’ailleurs reçu une lettre du patriarche de la famille Jackson le remerciant pour cette œuvre. Le buste est désormais au Motown Museum de Detroit.

L’artiste raconte dans une interview : « Cette première statue c’était un peu comme des devoirs, mais je dois dire que j’ai bien travaillé. Je l’ai offerte à Joe Jackson. Michael est allé voir son père à son bureau, il a vu la statue, il la prise et il la gardée. Cinq ans plus tard, j’ai reçu cette commande de sa maison de disques et cette fois, j’ai créé une statue pour Michael. » (1)

Nijel Binns a commencé à sculpter une statue de Michael Jackson à partir d’une pose iconique du chanteur dans la vidéo de Smooth Criminal, la préférée du sculpteur, et selon les croquis remis par Fitzgerald Hartley Co. La sculpture en argile avec beaucoup de détails est rapidement achevée. Binns fait ensuite fabriquer un moule et une copie en cire rouge de la statue. L’œuvre est alors prête pour la dernière étape, le procédé dit de « cire perdue », une technique de coulage/moulage de métal développée en Afrique il y a des siècles.

Quatre exemplaires de la statue, qui mesure environ trente centimètres, existent. Le premier, en argent, est bien sûr remis à Michael Jackson lors de la réception Regent Beverly Wilshire Hotel de Los Angeles, le 20 février 1990.

Michael accepte cette récompense avec un petit discours : « Merci Tommy et merci à vous tous, mesdames et messieurs. Je suis sûre que cela ne vous surprendra pas si je vous dis que je vais être bref. Aucun album ne se vend tout seul, c’est vous, le public, qui l’achetez. Alors non seulement je remercie CBS et Epic Records mais je veux surtout remercier tout ceux qui, partout dans le monde, ont contribué à faire de cette récompense, d’abord une possibilité, et désormais une réalité. Que Dieu vous bénisse. »

Selon le site de nijart.com (2), une deuxième copie en argent aurait été réclamée par l’ancien président américain, George Bush Sr, une troisième copie en or est la propriété d’un fan qui l’expose dans son musée personnel, qu’il est possible de visiter, au sous-sol d’une brasserie à Thun en Suisse (voir ici). Et le dernier exemplaire est bien entendu en possession de son créateur.

L’histoire aurait pu s’arrêter là pour Nijel Binns mais c’était sans compter sa renommée.

Michael Jackson 30th Anniversary Fan Award

Douze ans plus tard, le sculpteur qui se fait désormais appeler tout simplement Nijel ou est surnommé Black Prince of God (BPG) est à nouveau sollicité, cette fois par Deborah Dannelly, la présidente du Michael Jackson Fan Club, au nom de tous les fans du chanteur, pour créer un award célébrant ses trente ans de carrière. Les fans de trente-deux pays s’unissent pour que cette récompense voie le jour et, le 6 juillet 2002, Nijel Blinns remet lui-même au King of Pop cet award unique qu’il a dessiné et sculpté, The Michael Jackson 30th Anniversary Fan Award.

La soirée, intitulée 30 Years Of Magic : A Fan Celebration, a lieu au Webster Hall de New York devant un public composé uniquement de fans qui ont réussi à obtenir les précieux tickets (à relire ici le témoignage de Sabrina, une fan française qui a participé à l’évènement).

L’évènement, organisé par le MJFC (Michael Jackson Fan Club) a reçu le soutient de nombreux autres fan clubs à travers le monde, ainsi que de Michael lui-même, qui leur a annoncé par un courrier qu’il serait heureux de prendre part à la soirée.

Le chanteur arrive en deuxième partie de soirée, accueilli par des applaudissements assourdissants du public et remonté par son action de l’après-midi dans les rues de New York contre son label Sony, et plus particulièrement son dirigeant Tommy Mottola. L’ambiance n’est clairement plus la même qu’il y a douze ans mais Michael est heureux d’être parmi ses fans qui le soutiennent depuis toujours.

La récompense en bronze argenté d’environ 30 centimètres qui trône au milieu de la scène pendant que Michael fait son discours représente un disque solaire où est gravée une grande image de la star et au centre, est incrustée une perle noire, symbole du trentième anniversaire. De cette perle, partent des bandes dans lesquelless le sculpteur a inséré des symboles et des moments forts de la carrière de Michael, finement ciselés. On reconnaît ainsi le rat Ben, l’épouvantail de The Wiz, Michael et Bubbles, le sigle de Captain Eo, le fedora et les pieds de Michael (qui ont donné lieu au logo de MJJ Production) et les postures iconiques de Off The Wall, Thriller, Billie Jean, Smooth Criminal, History, Blood On The Dancefloor et Ghosts. Sur le socle, en granit noir, est inscrite la mention « 30th Anniversary »

Michael a aussi reçu un document avec le nom, l’âge et le pays de chaque fan ayant fait un don pour cette sculpture.

De sculpteur à bodyguard ?

Le 30 août 2003, Michael Jackson célèbre son quarante-cinquième anniversaire à l’Orpheum Theater dans le Downtown de Los Angeles au cours d’une soirée, Birthday Party, A Celebration of Love, où, là encore, les fans sont invités (Sabrina, la fan française y était, à lire ici).

Cette fois-ci pas de récompense mais juste un énorme gâteau pour l’occasion. Mais Nijel Binns est tout de même présent ce jour-là, aux côtés de Michael Jackson. Il explique sur son site nijart.com qu’il faisait partie des gardes du corps du chanteur (2).

De sculpteur, auteur, voire acteur (il a eu quelques rôles au cinéma), l’homme est devenu garde du corps ! Plutôt étonnant non ? On peut ainsi l’apercevoir auprès de Michael lors de son arrivée à l’Orpheum Theater ou encore sur scène lors de son discours et de l’arrivée du gâteau dans les vidéos de cet évènement.

A l’époque de nombreuses rumeurs veulent que des membres de Nation of Islam, l’organisation nationaliste noire, dirigée alors Louis Farrakhan, fassent partie de la garde rapprochée de Michael Jackson. Les médias disent même que le chanteur se serait converti à l’Islam. S’il est difficile de connaître la véracité de tout cela, on sait cependant que Louis Farrakhan et Michael se côtoyaient, et que parmi les œuvres de Nijel Binns on retrouve des sculptures de Malcom X ou d’Elijah Muhammad, respectivement porte parole et leader de l’organisation en leur temps.

De là à dire que Nijel Binns et Michael Jackson faisaient partie tous les deux de la Nation Islam, il n’y a qu’un pas …. que je ne franchirai pas, n’étant pas assez spécialisée sur la question.

Reste que Nijel Binns a su, au cours des années, associer son nom à celui de Michael Jackson. Même si finalement il reste peu connu des fans. Le connaissiez-vous ?