Au Moyen-Orient

Michael Jackson en Israël, septembre 1993

Du 17 au 22 septembre 1993, le Dangerous Tour de Michael Jackson s’arrête en Israël. Ce sera la seule visite de la star en Terre Sainte mais elle reste historique sous bien des aspects.

L’Etat d’Israël est situé sur la côte orientale de la mer Méditerranée, au Moyen-Orient. Il partage ses frontières au Nord avec la Syrie et le Liban, à l’Est avec la Jordanie et au sud Ouest, avec l’Egypte. Le pays a établi sa capitale à Jérusalem mais Tel-Aviv est le centre diplomatique, économique et financier de l’Etat.

C’est dans un contexte religieux que Michael Jackson arrive pour quelques jours à Tel-Aviv où il doit donner deux concerts qui resteront dans la mémoire des Israéliens, les 19 et 21 septembre. En effet, le chanteur arrive le 17 septembre 1993, avec 24 heures de retard suite à un violent orage sur Moscou où il était, durant la fête juive Roch Hachana, qui célèbre la nouvelle année civile du calendrier hébraïque. Le pays est donc en week-end férié de trois jours. A l’aéroport, la star est accueillie par deux enfants qui lui remettent un panier avec des pommes et du miel, traditionnellement consommés durant Roch Hachana.

Michael Jackson est accompagné de Frank et Eddie Cascio et de leur père. Ils logent au Dan Hotel de Tel-Aviv, situé le long des côtes méditerranéennes, où le dernier étage leur est réservé, et qui trente minutes après leur arrivée, est envahi de fans.

Quelques heures après son arrivée, Michael Jackson demande à faire du shopping. Bien que la journée soit fériée, des commerçants du Dizengoff Center, un centre commercial  du centre ville, acceptent d’ouvrir leurs portes au chanteur qui y passera deux heures et dépensera quelques milliers de dollars en vidéos, disques, livres et posters.

En fin de journée, Michael se rend au Luna Park, un parc d’attractions situé dans le parc des expositions de Tel-Aviv-Jaffa. Certains fans auront l’autorisation de se joindre au chanteur dans le parc fermé pour lui.

Visite des sites historiques

Le samedi 18 septembre, Michael est accompagné en hélicoptère sur le site de Massada, à environ une heure à l’est de Jérusalem.

Massada est une forteresse naturelle qui domine la mer Morte en plein désert de Judée. Le site, constitué de plusieurs palais et de fortifications antiques, est perché sur un socle de calcaire, situé au sommet d’une montagne isolée, haute de 450 mètres.

Le lieu, le plus visité en Terre Sainte après Jérusalem, classé depuis 2001 au patrimoine mondial de l’Unesco, est un site archéologique de grande importance. De l’an 37 avant Jésus-Christ à l’an 4 de notre ère, Hérode le Grand règne sur la Judée, mais il se sent menacé tant de l’intérieur, par les Juifs de son royaume, que de l’extérieur, par Cléopâtre, désireuse d’ajouter la Judée au royaume d’Égypte. Il choisit donc l’endroit, considéré comme imprenable, pour y construire une citadelle royale, y faisant bâtir plusieurs palais décorés selon les critères romains de l’époque.

Deux mille and plus tard, Massada reste, pour le peuple juif, le symbole fort de la résistance indéfectible devant l’envahisseur.

Quelques photos de la visite de Michael Jackson sur le site historique existent dont celle, la plus connue, où le chanteur est assis dans un des nombreux recoins en pierre de la forteresse, avec une bouteille d’une célèbre marque de soda.

Sur le chemin du retour, Michael Jackson décide de s’arrêter à Jérusalem pour aller voir le Mur des Lamentations, situé dans le quartier juif de la vieille ville. Bâti au Ier siècle, le Mur est l’un des principaux vestiges de l’esplanade du Temple de Jérusalem.

L’expression Mur des Lamentations vient du fait que durant deux millénaires, les Juifs ont pleuré devant le Mur la ruine du Temple, la perte de leur liberté et l’exil des enfants d’Israël.

Les Juifs, cependant, n’utilisent pas cette expression, inventée par des Britanniques, moqueuse et désobligeante et principalement employée par les Chrétiens, mais plutôt Mur Occidental (lié à sa situation) ou simplement Mur (« Kotel »).

Symbole national israélien, il est considéré par le peuple juif comme l’endroit le plus saint pour la prière et nombreux sont ceux qui y viennent en pèlerinage.

Ce Haut lieu du Judaïsme est aussi l’une des principales visites touristiques de Jérusalem, la coutume populaire voulant par ailleurs qu’il faille déposer entre ses pierres des feuillets contenant des prières ou des souhaits afin que ces derniers se réalisent.

La visite de Michael Jackson sera pourtant très courte et marquera les esprits. En effet la star se rend sur le lieu sacré un samedi, jour de prière. Alors qu’il s’approche du Mur, entouré de photographes et de fans, des religieux, qui se trouvent là pour prier, font éclater leur colère et décident de lui bloquer le passage. Cette arrivée va en effet à l’encontre des règles d’observance du shabbat hebdomadaire. Devant l’hostilité des locaux et ne souhaitant pas troubler ce moment, Michael fait donc demi-tour.

Frank Cascio, dans son livre Mon ami Michael, paru en 2012, raconte cet incident et les retours de la presse locale : « La journée avait beau avoir été soigneusement programmée, elle ne fut pas exempte de quelques anicroches. Dans la montée vers le Mur des Lamentations, par exemple, une foule compacte de trois cent personnes se mit à suivre la voiture. Certaines plaquaient leur visage contre les vitres pour tenter de voir à travers le verre teinté, d’autres agitaient de cadeaux destinés à leur vedette préférée. Des hélicoptères tournoyaient au-dessus de nos têtes. Je n’avais jamais rien vécu de tel. Tous ces gens étaient là pour Michael. Malheureusement, nous arrivâmes juste au moment de la prière, ce qui provoqua un certain dérangement, pour employer un euphémisme. Michael ignorait totalement que cette heure était sacrée, mais la presse du lendemain ne le rata pas en feignant de croire à un manque de respect de sa part« .

Les concerts

Michael Jackson donnent deux concerts à Tel Aviv, les 19 et 21 septembre 1993, au Parc Hayarkon. Michael n’est pas le premier artiste à se produire dans le parc, poumon vert du centre de la ville, mais les concerts du Dangerous Tour, qui ont réuni 70 000 fans lors de la première performance et 100 000 fans lors de la deuxième sont ceux qui ont réuni le plus de spectateurs, un record presque égalé par Madonna, quelques jours plus tard, le 04 octobre 1993, et en 2009 avec respectivement 80 000 et 99 000 spectateurs.

Le lendemain du premier spectacle dans le parc de Tel-Aviv, le journal Yedioth Ahronoth, premier quotidien israélien titre : « Nous n’avons jamais rien vu de tel ». Et poursuit : « L’hystérie Michael Jackson a culminé hier soir lors de la première représentation du chanteur au parc Hayarkon à Tel Aviv. C’était le spectacle le plus grand et le plus riche jamais vu dans le pays.« 

« Dans le parc Hayarkon, nous avions construit un complexe plus grand que n’importe quel spectacle qui n’ait jamais eu lieu. C’était tout simplement énorme », se souvient Racheli Goldblatt (1), responsable des relations publiques du séjour du chanteur dans le pays.

Les visites aux enfants malades

Comme dans la plupart de ses étapes de tournées, Michael Jackson consacre sa journée du lundi 20 septembre 1993 à la visite d’hôpitaux pour enfants. Deux hôpitaux sont au programme : le Schneider Children’s Medical Center de Petah Tikva, à trente minutes à l’Est de Tel-Aviv et l’hôpital Assaf Harofeh, situé à Be’er Ya’akov, à environ vingt kilomètres au sud de Tel-Aviv.

Le Schneider Children’s Medical Center avait été inauguré deux ans plus tôt, en octobre 1991, en présence de Aura Herzog, alors First Lady du pays. L’hôpital pédiatrique, qui accueille des jeunes jusqu’à 18 ans, est spécialisé dans le traitement des cancers et de transplantation d’organes.

L’hôpital Assaf Harofeh, appelé aussi le Shamir Medical Center, est le plus grand hôpital public en Israël.

Vêtu d’une chemise de l’armée israélienne rehaussée d’un insigne des SEAL, la principale force spéciale de la marine de guerre des États-Unis, Michael Jackson va à la rencontre des enfants malades. Les photos  de ces moments sont relativement connues et montrent la joie des enfants, auprès de la star, qui veille bien à partager son temps entre les petits malades juifs et arabes.

Un article d’époque sur la visite du chanteur au Schneider Children’s Medical Center indique que Michael a été impressionné par la grande qualité des soins et l’environnement bien adapté aux jeunes malades quelque soit leur religion ou nationalité.

Le mercredi matin 22 septembre, avant son départ en Turquie pour la suite de la tournée, le Roi de la Pop visite le camp d’entraînement des femmes militaires de la base de Tzrifin, à une vingtaine de kilomètres de Tel-Aviv.

Pour cette visite, Michael souhaitait porter un uniforme de l’armée de l’Air israélienne avec un grade de capitaine, pensant que ce serait approprié. Ce qu’il ne savait pas, et que les responsables de l’armée n’ont pas manqué de lui préciser, c’est que se faire passer pour un officier militaire israélien est considéré comme un crime. Michael a donc opté pour une de ses traditionnelles chemises rouges, un pantalon noir et son habituel fedora.

Selon le site jta.org, Michael voulait enregistrer une nouvelle version de la chanson We Are The World avec l’orchestre militaire, une séquence vidéo qui aurait été incorporée à d’autres enregistrements du titre, avec des militaires, lors de différentes étapes de la tournée. On se souvient en effet que Michael aimait se filmer marchant avec des militaires des pays où il passait. La séquence ne se fera finalement pas. « Lorsqu’il est entré dans la zone, il y a eu un chaos énorme, et au final, le tournage n’a pas eu lieu, » explique Racheli Goldblatt (1).

Michael Jackson quitte Israël en milieu de journée. Comme dans tous les pays où Michael se rend, sa visite aura provoqué l’excitation et l’enthousiasme des fans, l’assaut des médias. Mais pour les jeunes israéliens, la venue du Roi de la Pop représentait bien plus que de simples concerts de pop. Comme l’écrivait The Jewish Telegraph Agency en 1993, elle a fait entrevoir à ce pays si souvent confronté aux conflits un peu de « normalité ». « En nous quittant, il est devenu un formidable ambassadeur d’Israël », concluait Racheli Goldblatt (1).

Sources: (1) ynet.co.il/jta.org/ wikipedia

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