They Don’t Care About Us, les lieux de tournage
Quatrième single de l’album HIStory, They Don’t Care About Us bénéficie de deux short films, réalisés par Spike Lee, réputé pour son militantisme en faveur des afro-américains. Chacune des deux vidéos tente de faire passer le message de protestation lancé par ce titre très controversé à sa sortie, qui évoque la douleur des préjugés et de la haine, sans doute le plus engagé de la carrière du chanteur, écrit après l’affaire Chandler de 1993.
L’idée de départ était de présenter un short film qui combinerait des images de Michael Jackson en prison avec celles tournées au Brésil. Finalement, deux short films verront le jour, mais liés l’un à l’autre par la scène finale de celui en prison.
Prison Version
Le short film
La version prison, d’une durée de 4:53 minutes, est le premier short film tourné pour le morceau. Le clip ne se veut pas « dégradant envers quelconque race, mais dépeint les injustices subies par tout le genre humain », comme l’annonce le message introductif. Michael Jackson y est montré dans une cellule, menottes aux poignets ou au milieu de détenus.
La vidéo commence sur des images très fortes. Des adolescentes filmées derrière un grillage qui hurlent « All I wanna say is that they don’t really care about us », « don’t care about what people say, we know it’s true, « enough is enough of this garbage » (« Tout ce que je veux dire c’est qu’il n’en ont rien à faire de nous », je me fous de ce que les gens disent, on sait que c’est vrai », on en a vraiment assez de ce merdier »). Lorsque débute la musique, on bascule dans des images d’archives de la violence policière dans le monde. Des images qui sont diffusées aussi sur les écrans qui parsèment les murs de la cellule de la prison d’Etat où Michael Jackson chante seul et menotté, vêtu d’un jean bleu et d’une chemise bleue. Le refrain « They Don’t Care About Us » est repris à l’unanimité par les détenus dans le réfectoire de la prison.
Tous vêtus de bleus et pour la plupart Afro-Américains, les détenus vont soutenir le chanteur dans sa révolte face à des surveillants carcéraux blancs menaçants.
La puissance des images explosent lors du pont de la chanson où Michael hurle de rage dans un montage qui le montre au milieu des documents d’archive d’émeutes, de guérillas ou de rassemblements du Ku Klux Klan.
Au réfectoire ou dans les dortoirs collectifs, les prisonniers tapent du poing. Chef de file de ce mouvement, Michael Jackson finit le clip sur une des tables à murmurer « fuck you » (« allez vous faire foutre ») avant de signer un message dans le dortoir dont l’interprétation reste jusque là inconnue.
Le short film se termine sur une scène complètement différente mais qui va faire la liaison avec la deuxième version du clip : Michael remonte les escaliers d’une ruelle de la favela de Rio de Janeiro.
Version jugée très violente pour une diffusion télé, cette vidéo sera censurée ou seulement diffusée tard le soir, les chaînes musicales lui préférant la version tournée au Brésil.
Le lieu de tournage
Cette première version du short film est tournée en janvier 1996, mais ne sera diffusée que bien plus tard, après la version Brésil.
– Studio à New York
La prison où chante Michael Jackson est reconstituée de toutes pièces dans un studio à New York, probablement dans le Queens.
Spike Lee s’est toutefois attaché à rendre les scènes aussi réelles que possibles. Chaque détenu possède une carte d’identification attachée à la poche de la chemise, obligatoire pour tous les détenus dans les prisons américaines.
Les prisonniers, des figurants, sont tous vêtus de bleu, ce qui est souvent le cas dans les prisons californiennes. La couleur de l’uniforme est aussi relative à la dangerosité du prisonnier. Ainsi les vêtements bleus sont en général attribués à des prisonniers à faible risque ou ceux qui ont des tâches dans les cuisines ou les laveries.
Brésil Version
Le short film
Dans la deuxième version du short film They Don’t Care About Us, dite « Brésil », d’une durée de 4:42 minutes, le message de protestation de la chanson est véhiculé par le biais des figurants. En effet, Michael a souhaité tourner au sein des quartiers pauvres de Rio de Janeiro ou entouré d’un collectif brésilien, le groupe Olodum, fondé en 1979, qui a pour principal objectif la lutte contre le racisme et apporte son soutien à la communauté afro-brésilienne. Ce n’est d’ailleurs pas sans mal que le chanteur et Spike Lee auront pu mener leur projet à bien dans la favela de Rio, les autorités locales s’étant opposées, dans un premier temps, à ce tournage.
Le short film commence par des paroles prononcées par une voix d’enfant, en brésilien : « Michael, Michael, eles não ligam para gente », traduction du titre du morceau.
Puis, seul au milieu des ruelles de la favela – mais sous l’œil attentif de ses occupants – ou parmi les percussions des membres du groupe brésilien, revêtu des T-shirts à l’effigie d’Olodum, le chanteur chante donc sa colère contre l’injustice, le poing levé, sur un rythme saccadé
Si cette version de They Don’t Care About Us semble moins violente et plus festive, elle diffuse aussi une image messianique du chanteur, accueilli par les populations locales à bras ouverts, tel un héros, sous l’œil du Christ Rédempteur de Rio, aperçu au début de la vidéo.
C’est cette deuxième version qui sera la plus diffusée et utilisée par les chaînes musicales. Elle sera présentée en avant-première sur MTV Europe dès le 23 mars 1996, le single étant sorti quelques jours plus tôt en Angleterre. Il sortira aux Etats-Unis le 16 avril 1996.
Les lieux de tournage
They Don’ Care About Us est tourné au Brésil les 10 et 11 février 1996. Si les images du short film se marient bien entre elles, elles ont pourtant été réalisées dans deux villes différentes, à plus de 1500 kilomètres l’une de l’autre : Salvador de Bahia et Rio de Janeiro.
– Largo do Pelourinho, Salvador de Bahia #onmjfootsteps : Largo do Pelourinho, s/n – Pelourinho, Salvador de Bahia – Etat de Bahia (BA), 40026-280, Brésil
Salvador de Bahia, dite aussi simplement Salvador, est une ville péninsulaire du nord-ouest du Brésil, au bord de l’Océan Atlantique, capitale de l’état de Bahia. Fondée par les portugais au 16ème siècle, la troisième ville du pays a gardé son architecture coloniale et certains de ses monuments historiques, sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
C’est au sein de son centre historique classé, et plus particulièrement le Largo do Pelourinho que Michael Jackson choisi de tourner les séquences où il est accompagné du groupe Olodum, originaire du quartier.
Le largo do Pelourinho, officiellement place José de Alencar, est une place de forme triangulaire, en forte pente, située au cœur du quartier du Pelourinho.
C’est au niveau du numéro 8 de la rue Largo Do Pelourinho que s’ouvre la première scène avec Michael Jackson. Le chanteur sort d’une maison cernée de policiers, qui était à l’époque un établissement d’état civil, aujourd’hui fermé mais qui a conservé la trace du passage de la star grâce à une photo géante accrochée sur le balcon. Car c’est sur ce balcon précisément que Michael chante à 1 :30 et 1 :55 dans la vidéo.
– Centro Cultural Solar Ferrão #onmjfootsteps : R. Maciel de Baixo, 43 – Pelourinho, Salvador de Bahia- Etat de Bahia (BA), 40026-240, Brésil
Au sein de cette ruelle, à 150 mètres du lieu principal de tournage, devant ce qui est considéré comme « la maison noble de Pelhourinho », apparait le collectif Olodum au début de la vidéo (à 0 :21). Aujourd’hui, à cet endroit se tient un centre culturel, un espace, dédié à l’art, la culture et la mémoire.
– Fundação Casa de Jorge Amado #onmjfootsteps : Largo do Pelourinho, 15 – Pelourinho, Salvador de Bahia – Etat de Bahia (BA), 40026-280, Brésil
Le bâtiment est une superbe maison bleue de style portugais qui fait l’angle de Largo Do Pelourinho et de la rue Alfredo De Brito. On l’aperçoit à plusieurs reprises (à 0 :27 et à 0 :51, par exemple) dans le short film, le groupe Olodum y faisant résonner ses grosses caisses tout le long du clip.
– L’hôtel Pelourinho #onmjfootsteps : 47 R. Alfredo De Brito, Pelourinho, Salvador de Bahia, État de Bahia 40026-290, Brésil
Dans le même quartier, lorsque Largo do Pelourinho accentue sa pente et se rétrécit en une ruelle typique, l’hôtel Pelhourino que l’on aperçoit à 1 :35 dans le short film est toujours là. La rue est alors envahie par les fans et les policiers et une jeune femme, postée devant l’hôtel, échappera à la vigilance de ces derniers et réussira à enlacer le chanteur (à 3 :09)
– Favela Santa Marta (parfois appelée Dona Marta), Rio de Janeiro #onmjfootsteps : R. São Clemente, 307 – Botafogo, Rio de Janeiro – RJ, 22260-140, Brésil
Rio de Janeiro recense plus de neuf cents favelas. Ces bidonvilles brésiliens, emblématiques de la pauvreté urbaine, sont des habitations construites avec des matériaux de récupération sur des terrains non conformes et occupés illégalement.
Santa Marta est une des favelas de Rio, construite dans les années 40 sur le flanc d’une colline de la zone sud de la ville. Cette même zone sud qui regroupe certains des sites les plus touristiques du Brésil comme la plage de Copacabana, le Christ Rédempteur et le Mont du Pain de sucre.
Michael Jackson et Spike Lee investissent les ruelles de cette favela le 11 février 1996 pour certaines scènes (à 0 :42 ou 1 :53 par exemple) du short film They Don’t Care About Us. A l’époque, pénétrer dans ce bidonville était impossible si l’on n’était pas résident, les trafiquants de drogue contrôlant entièrement le lieu. Aujourd’hui, la favela fait partie du processus de pacification entamé en 2008 et même si la vie y reste difficile, les touristes y sont de plus en plus nombreux.
– Place Michael Jackson, Favela Santa Marta #onmjfootsteps : Beco Curió, s/n – Laranjeiras, Rio de Janeiro – RJ, 22260-150, Brésil
Sur les hauteurs de la favela c’est sur une terrasse, désormais entourée d’une balustrade, qui surplombe les baraques et offre une vue sur la baie de Rio, que Michael Jackson enregistre certaines images du short film (à 1:38 ou 3 :26). En 2010, sur cette terrasse renommée The Michael Jackson Square, une statue en bronze du chanteur a été érigée sur décision du maire de la ville, en hommage à la star disparue un an plus tôt. Œuvre du plasticien Estevan Biandani, elle est accompagnée, sur un mur, d’un panneau en mosaïque de Romero Britto. L’artiste avait rencontré Michael Jackson en 2002 après qu’il lui ait été demandé de créer la pochette du single What More Can I Give.
NB: N’ayant pas (encore) eu la chance de me rendre au Brésil, les photos des lieux sont des captures d’écrans de Google Maps ou des images trouvées sur Google. Cet article fera partie du guide à venir sur les short films de la période HIStory. Les guides des périodes précédentes sont disponibles ici.
2 Comments
Anselme
Newsletter super intéressante pour tous les fans de Michael ! On apprend pleins d’infos !! Merci !!
Rachel
Avec plaisir, merci à toi pour ton message!