Quand Michael Jackson chantait pour Disney
Depuis son plus jeune âge, Michael Jackson a été un grand fan de Walt Disney et il a souvent été vu dans les parcs Disney, aux Etats-Unis et à travers le monde. Ce qui l’amènera à chanter et se produire pour Disney à quelques reprises et à lier son nom à la Disney Company dans les années 80.
Les années 70 : des relations discrètes
Avant même que les Jackson 5 ne deviennent des stars, Michael et ses frères enregistrent un titre issu du répertoire de Disney pour leur premier album, en 1969. Zip-A-Dee-Doo-Dah, écrite en 1945, hymne à la joie et à la bonne humeur que l’on entend encore aujourd’hui dans les parcs d’attractions, paraît donc sur Diana Ross Presents The Jackson 5 (à lire ici).
Sandy in Disneyland
Quelques années plus tard, le 10 avril 1974, le Sandy in Disneyland Show est diffusé sur la chaîne CBS. Cette émission spéciale de 52 minutes, présentée par l’ex-star de Broadway et animatrice Sandy Duncan, qui possédait sa propre émission à l’époque, est tournée à Disneyland, avec des personnages Disney et quelques invités qui viennent faire leur numéro. Un classique du genre à l’époque mais enregistrée pour l’occasion dans les différents « lands » du célèbre parc d’attractions californien et sponsorisé par le non moins célèbre McDonald’s.
Les Jackson 5 apparaissent à peine cinq minutes, au début de l’émission, le temps d’interpréter un sketch musical et un medley de I Want You Back et ABC, déguisés en matelots – et Michael en capitaine- sur le pont du bateau pirate du parc.
La prestation des Jackson 5 reste assez méconnue, noyée dans le nombre d’autres participations à des émissions au cours de cette période faste pour le groupe. A noter cependant, que contrairement aux autres invités du show télévisé, Sandy Duncan n’a pas du tout interagi avec le groupe, ce qui a donné lieu à l’époque, semble-t-il, à des rumeurs de racisme de la jeune femme envers le groupe.
L’émission dans sa totalité
Les années 80 : la consécration
Les années 80 marquent un tournant dans la relation entre Michael Jackson et Disney. Le chanteur devient l’invité d’honneur d’une émission anniversaire, s’intéresse et se rapproche de plusieurs acteurs de la machine Disney (Ward Kimball, Hazel George, les frères Sherman, …), et voit son nom gravé sur une attraction des parcs Disney.
Kraft Salutes Disneyland’s 25th Anniversary
Le 6 mars 1980, c’est en solo que Michael Jackson apparaît dans l’émission spéciale Disneyland’s 25th Anniversary qui célèbre, comme son nom l’indique, les 25 ans du parc californien.
Enregistrée en janvier et février 1980 dans le parc, avec Buz Kohan – dont le nom sera associé à plusieurs reprises à Michael Jackson dans les années à venir – parmi les producteurs, l’émission suit un petit garçon, Adam Rich, qui découvre pour la première fois le lieu. Il rencontre différents personnages, tous interprétés par Danny Kaye, qui lui raconte l’histoire du parc. Cette découverte est entrecoupée de numéros musicaux parmi lesquels celui des Osmond Brothers et de Michael Jackson.
Le leader des Jacksons apparait seulement un peu plus de quatre minutes dans l’émission et interprète un medley de When You Wish Upon A Star, Follow The Yellow Brick Road et Ease On Down The Road, entourée des personnages Disney. Pour autant, sa prestation restera parmi les plus emblématiques de cette époque pour les fans de la star.
When You Wish Upon A Star est LA chanson Disney par excellence, devenue avec les années l’icône de la Walt Disney Company. Le titre apparait en 1940 dans Pinocchio, le long métrage d’animation de Disney. Elle sera la première chanson de la compagnie récompensée par un Oscar, celui de la meilleure chanson originale.
Le titre est aussi très symbolique de la vision des parcs Disney, remplie de magie et où les souhaits peuvent devenir réalité.
Si les fans de Michael Jackson connaissent bien Ease On Down The Road, que le chanteur interprète avec Diana Ross dans The Wiz, le film musical de 1978, ce titre, écrit en 1975 pour le show de Broadway, est en fait une adaptation de deux chansons interprétées dans le film de 1939 de The Wizard of Oz, dont The Wiz est le remake cinématographique. Ease On Down The Road est donc la version show de Follow the Yellow Brick Road and We’re Off to See the Wizard.
Que viennent donc faire ces titres dans un show dédié à Disney, me direz-vous ?
Dès 1937, Disney s’intéresse aux droits d’un des livres d’enfant les plus célèbres aux Etats-Unis, publié en 1900, The Wizard of Oz de L. Frank Baum. Mais la compagnie est à l’époque en plein travail sur le dessin animé Blanche Neige et les Sept Nains et les droits seront finalement acquis par la Metro-Goldwyn-Mayer qui produira l’énorme succès de 1939 avec Judy Garland, désormais classé au Registre International Mémoire du Monde de l’UNESCO.
En 1954, la compagnie Disney achète cependant les droits de onze des romans du pays d’Oz de L. Frank Baum, dans l’intention d’en faire une série. C’est pourtant dans un film, Rainbow Road to Oz, dans lequel Disney s’engage au cours des années 50, mais qui sera abandonné. Des séquences sur le tournage ont toutefois été diffusées en septembre 1957 durant le show télévisé célébrant les quatre ans de Disneyland.
L’histoire de Disney avec le pays imaginaire d’Oz ne s’arrête pourtant pas là mais elle devra attendre les années 80 pour une adaptation au cinéma. Ainsi en 1985, sort le film Return to Oz (Oz, un Monde Extraordinaire) qui se présente comme une suite non officielle du succès de 1939, loin du projet initial voulu par Walt Disney.
Disney a donc toujours eu un lien très fort avec le Magicien d’Oz. Ancré dans la culture populaire américaine, au même titre qu’Autant en Emporte le Vent, il est l’un des films les plus vus dans le monde qui, à l’époque, a fait de Judy Garland une star internationale. Plusieurs de ses chansons comme Over the Rainbow ou Follow the Yellow Brick Road sont devenus des standards américains. Il n’était donc pas étonnant que l’un deux apparaissent dans le show télévisé Kraft Salutes Disneyland’s 25th Anniversary.
Par ailleurs, Follow The Yellow Brick Road et Ease On Down The Road délivrent le même message, toujours dans l’esprit Disney, suivre le chemin que la vie nous indique et qui nous mène vers de bonnes choses.
Selon Todd Gray, le photographe qui accompagnait Michael Jackson au cours de ce tournage et à qui l’on doit la plupart des clichés de ce moment, le chanteur aurait bien profité des attractions du parc durant les pauses des enregistrements. Difficile de résister effectivement…
L’émission dans sa totalité
Captain Eo
En septembre 1986, le public des parcs Disney américains découvre Captain Eo, un film futuriste en 3D réalisé par Francis Ford Coppola avec Michael Jackson en vedette. Le film musical de 17 minutes, une attraction à part entière des parcs, invite les spectateurs suivre les aventures d’un capitaine intergalactique aux pouvoirs musicaux qui se rend aux confins de la galaxie, sur une planète lointaine et inhospitalière, afin de rencontrer et sauver la Supreme Leader (à lire ici).
Michael Jackson compose et interprète pour l’occasion deux titres : Another Part Of Me et We Are Here To Change The World, qui, en dehors du message qu’ils diffusent – un message fraternel et d’amour universel – n’ont cependant rien à voir avec Disney.
La participation de Michael Jackson à ce projet permet d’associer définitivement le chanteur aux parcs Disney. Et de consacrer l’artiste, fan inconditionnel, qui en pleine Thrillermania, assoit ainsi définitivement sa popularité au sein des familles américaines.
C’est d’ailleurs à cette époque que le Roi de la Pop rencontrera et se liera, de façon plus privée, à plusieurs personnalités de l’entourage de Walt Disney (à lire ici, ici, ici, ici) ou qu’il envisage des projets vidéo avec Michael Eisner, le directeur de Walt Disney Productions (à lire ici).
Les années 90 : la défiance
Au cours des années 90, Captain Eo est toujours à l’affiche des Parcs Disney. Mais Michael Jackson a d’autres ambitions et souhaite désormais inscrire son nom au générique des longs-métrages d’animation Disney.
Aladdin et Le Bossu de Notre Dame
Dans une interview récente, le compositeur américain Alan Menken évoque sa rencontre avec le Roi de la Pop pour des projets qui n’ont malheureusement pas vu le jour.
En 1992, les studios Disney sortent Aladdin, une adaptation du conte Aladin ou la Lampe merveilleuse. « J’avais rencontré Michael Jackson lorsque nous cherchions quelqu’un pour chanter A Whole New World du film Aladdin », se souvient Menken. « Michael voulait co-écrire la chanson. J’ai pu me faire une bonne idée du genre de personne qu’était Michael. Il était très unique et intéressant… dans son propre monde. »
Comme on le sait désormais, le projet n’aboutit pas mais quelques années plus tard, alors qu’il travaille sur le dessin animé Le Bossu de Notre Dame, Menken reçoit un appel téléphonique de l’assistant de Michael Jackson. « Michael séjournait au Four Seasons Hotel de New York à l’époque. Il avait dû faire face à des allégations et se remettait de sa rupture avec Lisa Marie Presley. Il avait envie de se changer les idées. Et bien sûr, il aimait beaucoup Disney. J’ai donc mentionné le ‘Hunchback’ (Le Bossu). Il a dit qu’il aimerait venir me voir au studio, voir le film et en parler. Alors j’ai contacté Disney Animation. ‘Rencontrez-le’, ont-ils dit. ‘S’il aime ça… Eh bien, voyez ce qu’il dit’. »
Alan Menken a suggéré trois chansons à Michael : Out There, God Help the Outcasts et Someday. « J’aimerais produire ces chansons et en enregistrer quelques-unes », a dit Michael. « Il est parti et nous avons de nouveau contacté Disney. ‘Nous vous recontacterons’ a déclaré Disney’…. En fin de compte, la réponse était, comme on pouvait s’y attendre, ‘Disney ne veut pas faire ça avec Michael Jackson’. Ce à quoi je leur ai répondu : ‘D’accord, et quelqu’un peut-il lui dire?’ On aurait pu entendre une mouche voler. Personne n’a répondu et personne ne le lui a dit. Finalement, c’est mon ancien manager, Scott Shukat, qui a dû le faire», explique Menken (1)
Disney avait déjà travaillé par le passé avec Phils Collins (pour Tarzan et Frère des Ours) ou Elton John (pour Le Roi Lion) et était donc habitué à collaborer avec des grands noms de l’industrie musicale. Mais la compagnie ne souhaitait pas ternir son image lisse en associant ses films à succès à Michael Jackson, dans une époque trouble pour le chanteur. Ce sera malheureusement le cas de quelques projets cinématographiques de la star après l’affaire Chandler (à lire ici).
Finalement, après lui avoir fait atteindre des sommets, l’univers Disney que Michael Jackson aimait tant aura fini par lui fermer ses portes, sans aucune explication…
A voir ici, tous les articles sur Michael Jackson et Disney
Sources : (1) slashfilm.com/ dougsploitation.blogspot.com /meettheworldinprogressland.blogspot.com/ allears.net / chroniquedisney.fr
One Comment
Annie Nanouchka
Quel article incroyable fouillé, documenté sur les relations entre Michael Jackson tout au long de sa carrière et Disney ! Son nom a toujours été associé à Disney : il était tantôt Bambi, Peter Pan, Captain Eo. Il posait avec Mickey et Minnie…
Il était le meilleur et le plus fidèle ambassadeur de Disney.
J’imagine que pour lui, Disney représentait le monde idéal dont il rêvait. Un royaume pour enfants où règnent l’insouciance, l’innocence, la Beauté, le Bonheur, la magie…
Quelle triste fin après tant de choses partagées, on lui a fermé les portes tourné le dos…c’est trop injuste, il a tellement souffert, il ne méritait pas ça !
Merci Rachel pour ce travail remarquable