Les dessous des short films

Le short film Cry de Michael Jackson aurait-il été inspiré de l’évènement caritatif de 1986, Hands Across America ?

Dimanche 25 mai 1986, Michael Jackson se rend dans une boutique de Ventura Boulevard, à Studio City, quartier calme de Los Angeles, proche d’Hollywood. Il y achètera pour plus de 150 dollars The Art of Walt Disney, un livre qui retrace les réalisations artistiques et l’histoire de Walt Disney et de la Walt Disney Company.

Devant la boutique, The Collector’s Paradise Gallery, le chanteur est photographié debout sur un banc du trottoir. Il regarde à droite et à gauche. Une énième photo de paparazzi, qui à l’époque pourchassaient déjà  la star ? Peut-être pas.

En effet, ce même jour, week-end du Memorial Day, a lieu, à travers tous les Etats-Unis, Hands Across America, un événement caritatif, au cours duquel environ 6,5 millions de personnes se sont tenues la main dans une chaîne humaine pendant quinze minutes tout au long d’un itinéraire reliant New York aux côtes du Pacifique de Los Angeles. Les fonds récoltés, 34 millions de dollars, ont ensuite été reversés à des œuvres caritatives locales pour lutter contre la faim et aider les personnes en situation précaire.

Si la chaîne a souvent été interrompue, notamment dans les parties les moins urbaines du pays, elle a également été soutenue par de nombreuses célébrités, dont le président Reagan à la Maison Blanche, et des centaines d’entreprises de tout le pays, et parmi elles, Coca Cola.

Mais Hands Across America, initié par le producteur américain Ken Kragen, c’est surtout un projet de la fondation USA for Africa, qui a sorti en 1985 l’inoubliable We Are The World, et qui revient avec un titre pour accompagner cet évènement, Hands Across America May 25, 1986 sung by the Voices Of America, avec en face B We Are The World. La chanson, qui ressemble à un hymne, a été produite par Humberto Gatica (qui avait déjà travaillé sur le titre de USA for Africa en 1985 et qui collaborera à l’album Bad de Michael Jackson l’année suivante)  et on retrouve parmi les musiciens des noms bien connus de l’univers des années 80 du King of Pop, tels que Jeff et Steve Porcaro, Steve Lukather ou David Paich.

Ce 25 mai 1986, debout sur ce banc de Ventura Boulevard, Michael Jackson est témoin de cette chaîne humaine de solidarité qui, durant quinze précieuses minutes qui deviendront légendaires, chante ensemble.

Quinze ans plus tard, en décembre 2001, parait le single Cry de Michael Jackson, extrait d’Invincible, le dernier album de la star. Cry sera aussi le dernier short film complet de Michael Jackson.

Réalisé par Nick Brandt, avec qui le chanteur avait déjà collaboré pour Childhood, Earth Song et Stranger In Moscow, c’est l’un des clips les moins connus du Roi de la Pop dont l’idée est de diffuser le message d’harmonie et d’unité évoqué dans la chanson.

Michael Jackson n’a pas souhaité apparaître dans le short film (bien que des séquences étaient prévues avec sa présence à la moitié du clip), non pas à cause du conflit qui l’opposait à sa maison de disques à l’époque mais parce que, angoissé suite aux attentats du 11 septembre 2001, il n’aimait pas trop l’idée de se déplacer.

Pour Cry, Brandt met donc en scène une longue chaîne humaine d’individus, de toutes ethnies et tous âges, qui se tiennent la main dans un décor de paysages naturels. Pensifs, le regard perdu, parfois compatissants ou plein d’espoir, ces hommes, femmes et enfants sont immobiles mais soudés. Lorsque le gospel prend le relai dans le morceau, l’ambiance du short film change légèrement : les regards se tournent vers un horizon (plus favorable ?), ces inconnus se mettent à chanter à l’unisson et à frapper dans les mains et les sourires réapparaissent sur les visages. « You can change the world, you can touch the sky ». Ils se reprennent la main, en signe d’unité retrouvée, alors que Michael Jackson murmure, pour clore la chanson, « Change The World ».

Le short film a été tourné peu après les attentats qui ont frappé New York le 11 septembre 2001. La chaîne humaine a été filmée dans les décors naturels de la Californie du Nord et à la limite avec l’état du Nevada.

Cry reste l’un des singles et short films du chanteur les moins populaires, qui a subi les désaccords entre Michael Jackson et son label. Michael ne souhaitait pas sortir ce single, il s’agissait du choix de sa maison de disques et il n’est donc pas présent dans le short film, ce qui n’a sans doute pas contribué à sa promotion.

Aucun lien n’a été établie entre le short film Cry et Hands Across America, ni de la part du réalisateur Nick Brandt, ni de la part de Michael Jackson. Mais les deux hommes se seraient-ils souvenus de l’évènement caritatif de 1986 et de son message d’espoir pour mettre en scène le short film Cry ? Car malgré le titre (« Pleurer »), Cry, à l’instar de certains des précédents titres de Michael Jackson, est un titre qui promeut l’unité et la solidarité entre les Hommes pour faire changer le monde. Un message cher au King of Pop, de circonstance à l’époque – y a-t-il d’ailleurs une époque où ce thème n’est pas de circonstance ? –  et auquel de nombreux américains avaient adhéré ce 25 mai 1986.

Toute ressemblance avec des faits réels serait-elle fortuite? La question reste ouverte …

Sources : Wikipedia /mjfrance.com/ theconstitutional.com / Merci à Matilde sur Facebook

3 Comments

  • anniva/nanouchka257

    Oh oui Rachel tu as raison de mettre en parallèle l’événement Hands across America et la vidéo de Cry : la ressemblance n’est pas fortuite, ça me paraît tellement évident !
    Il était tellement sensible que cela a dû le toucher de voir et peut-être de participer à cette chaîne humaine.
    Ça me fait penser aussi à son discours en Grande Bretagne où il demande au public de se tenir la main, de ne pas être timide etc…
    On le sait bien sûr, Michael aimait cette idée de communion, de partage, de solidarité et en effet ces thèmes sont toujours de circonstance…
    Aujourd’hui on ne peut même plus se donner la main !
    Michael serait tellement malheureux dans notre monde actuel !
    Il n’est plus là pour nous donner de l’espoir mais heureusement, nous avons encore ses chansons intemporelles pour nous rappeler qu’il faut changer le monde.
    Merci Rachel

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