Michael Jackson et l'Art

Making HIStory – Michael Jackson par Vincent McKoy

Le nom de Vincent McKoy vous dit quelque chose ? L’artiste anglais s’est fait connaître au début des années quatre-vingt-dix lorsque Michael Jackson lui-même lui a demandé de peindre deux de ses portraits. Au total, ce sont quatre des œuvres de McKoy que la star internationale rapportera à Neverland. Il y a quelques années, lors d’une conversation, Vincent avait accepté d’évoquer son parcours, ses souvenirs et ses liens avec Michael. Une interview qui revient sur vingt ans d’une carrière inspirée par le King of Pop.

Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer comment vous avez découvert l’art, quelles sont vos influences, quand vous avez commencé à peindre ?

Je suis un artiste autodidacte, influencé par l’école victorienne d’art où chaque photo raconte une petite histoire! Je n’étais pas mauvais en art à l’école. Mais quand j’ai quitté l’école je ne pensais pas du tout me diriger vers ça. Je me suis investi dans une association (YTS) qui faisait, entre autre, des peintures murales. Cela a déclenché mon intérêt. Quand j’ai quitté l’association je me suis lancé dans la peinture à l’huile. J’ai fait celle de Michael Jackson [le portrait Thriller, ndlr]. Il semblait si réel que j’en ai été choqué et à partir de là j’ai décidé que je voulais être un artiste.

Vous êtes né en Angleterre et vous vivez en Espagne, c’est exact ?

Oui, je suis né à Londres. Et je vis en Espagne depuis environ quinze ans. Etre un artiste est difficile, et j’avais un autre passe-temps qui m’aidait à boucler les fins de mois. Je suis aussi danseur et c’est un contrat de danse qui m’a amené en Espagne via le Portugal. Et ce sont des imitations de Michael qui m’ont conduit à la danse ! Je danse encore de temps en temps quand j’ai des demandes mais j’ai pris ma retraite depuis 2005.

En 1985, vous travaillez sur le portrait Thriller et vient ensuite le tableau Billie Jean. Vous êtes-vous inspiré des short-films alors si révolutionnaires ? Quelle était votre technique ?

J’ai peint le portrait Thriller tout simplement parce que j’aimais cette image et bien sûr parce que j’aimais Michael Jackson ! Ce n’est pas son vrai nom. En fait je ne lui ai pas donné de nom. Je l’ai peint aussi comme cadeau pour une amie qui était une fan de Michael. Mais il était tellement réussi que je ne lui ai pas donné tout de suite !

Billie Jean a été réalisé un ou deux an plus tard. Et juste pour le plaisir, vraiment! Une fois que j’ai décidé de devenir un artiste, je me suis dit qu’il fallait que je m’entraîne et c’est ce que j’ai fait, sans réelle direction. Je n’avais aucune idée de comment j’allais gagner ma vie ainsi.

Je peins principalement à l’huile! J’ai toujours été très attiré par cette technique. Je fais aussi des croquis à la plume et à l’encre de temps en temps.

Votre troisième tableau est Michael Live. Il représente Michael chantant durant les concerts japonais du Bad Tour. Avez-vous assisté à un concert de cette tournée ?

J’ai peint ce tableau avant de voir Michael en concert, mais je l’ai vu environ trois fois après. J’ai toujours aimé Michael  depuis les Jackson 5. J’ai l’impression qu’il a toujours été là dans ma vie.

Et J’ai finalement offert à mon amie le portrait Thriller la veille du jour où nous sommes allés voir Michael à Wembley!

En 1990, vous rencontrez Adrian Grant du magazine Off The Wall et il vous demande de faire une peinture pour l’offrir à Michael [cette peinture, Moments of Glory est remise sous le nom de Off The Wall Appreciation Award, ndlr]. Comment ce projet est-il né ?

Je suis tombé par hasard sur le fanzine Off The Wall. Il était tout simple mais il avait beaucoup plus d’intégrité que tous les autres magazines sur papier glacé assez chers, que j’évitais de lire. J’ai donc écrit à Adrian Grant et je lui proposé de faire une peinture à offrir à l’un des lecteurs du fanzine. Il s’est avéré qu’il était à la recherche d’un cadeau à offrir à Michael. Et le projet a été mis en route !!!

Quelle opportunité… Qu’avez vous ressenti alors ?

J’étais choqué ! Mais je dois vous dire que, quand j’ai fait la première peinture de Michael, je savais qu’un jour je le rencontrerais et qu’il aurait une de mes peintures ! Je ne savais pas comment cela se produirait, seulement que cela arriverait.

Une peinture POUR Michael c’est certainement une grande pression, ce n’est pas seulement une peinture DE Michael ? Comment avez-vous choisi ce que vous vouliez peindre, les photos que vous vouliez utiliser ? Est-ce que cette peinture, Moments of Glory, reflète vos moments préférés, à l’époque, de la carrière de Michael ?

Dans une certaine mesure oui, mais je peins ce qui m’inspire, ce  que les images provoquent en moi. J’étais un grand fan de Michael, mais pas le genre de personne à acheter des tas de choses sur lui. J’ai fait une exposition en 1988 et la peinture de Michael en concert y était exposée. Un gars me l’a achetée. Quand je lui ai livrée, chez lui, il m’a montré sa collection sur Michael. Alors, quand Adrian m’a demandé de faire la peinture je savais où aller pour trouver les photos ! Depuis nous sommes devenus de bons amis. J’avais six semaines pour faire le tableau. J’avais donc le choix : faire simple ou tout simplement me plonger à fond dedans et travailler toute la journée et la moitié de la nuit. J’ai choisi cette dernière option.

Vous n’étiez pas avec Adrian quand il a offert le tableau à Michael (voir l’article en anglais). C’était sans doute une déception pour vous mais avez-vous eu des nouvelles de Michael après qu’il ait eu le tableau ?

Je savais que le budget était serré et que je ne pourrais pas y aller. Michael m’a téléphoné juste après avoir eu la peinture. J’étais très excité et choqué! Bien que je m’y attendais un peu. Je ne me souviens pas vraiment de ce qu’il m’a dit. Comme je vous l’ai dit j’étais choqué de pouvoir parler au plus grand homme. Mais nous nous sommes beaucoup remerciés.

Vous a-t-il commandé les deux œuvres que vous avez réalisées pour lui (His Royal Highness Prince Michael of Neverland et At Your Feet) pendant cet appel téléphonique ou était-ce plus tard ?

C’était à peu près une semaine plus tard. J’ai reçu un appel vers trois heures du matin ! Un autre choc, mais je ne lui ai pas fait remarquer l’heure. Il m’a demandé si j’étais intéressé pour réaliser deux autres tableaux, sans entrer dans les détails. Je n’ai pas hésité bien sûr ! Il a choisi les photos. Je les ai reçues par courrier environ une semaine plus tard. J’ai été choqué de nouveau, mais par la quantité de travail que j’avais devant moi.

Les photos sont issues d’un photoshoot de Matthew Rolston en 1984, savez-vous pourquoi il a choisi celles-ci précisément ?

Nous n’avons pas discuté des details. Il voulait les tableaux tels quels. J’étais curieux mais trop timide pour poser des questions. J’ai encore ces photos.

Sur votre chaîne YouTube, vous avez publié une vidéo de cinq minutes où vous montrez comment vous avez peint une copie de la peinture. Vous avez un ordinateur à côté de vous pour les détails de l’image. Mais en 1991, je suppose qu’il n’y avait pas d’ordinateur, était-ce plus difficile pour peindre ? Je parle des détails, j’imagine que ce n’était pas évident de les reproduire ?

Il y a un magicien ici, en Espagne, appelé Mag Lari (1). C’est un grand collectionneur de souvenirs de Michael Jacskon, il voulait faire une offre pour la peinture [His Royal Highness Prince Michael of Neverland, ndlr] à la vente aux enchères de Julien’s Auctions en 2009. Il a découvert que j’étais en Espagne et m’a demandé de refaire la peinture, il a réussi à me convaincre ! [La vidéo montre comment Vincent a travaillé sur la peinture pour ce magicien, à voir ici, ndlr]. Mag Lari a fait un spectacle de magie influencé par Michael! Je suis allé le voir … c’était vraiment très bien.

En 1991, j’avais eu une petite copie de la photo. Les détails n’étaient pas difficiles à peindre, c’était juste une question de temps. J’ai réalisé les deux peintures en même temps et il m’a fallu environ six mois. Elles sont toutes les deux assez grandes et tous ces détails! J’étais vraiment, vraiment sous le choc quand j’ai vu ce que j’avais à faire.

Au cours de ces mois de travail, avez-vous eu des nouvelles de Michael ? A-t-il téléphoné pour savoir où vous en étiez du projet ?

Oui, à plusieurs reprises, et son assistant aussi. Il était assez impatient … mais dans le bon sens! Il voulait savoir comment le projet avançait. On bavardait un peu, mais je ne me souviens plus très bien de quoi. Finalement, c’était presque comme si c’était quelque chose de normal.

Avez-vous livré les peintures à Michael personnellement ?

Non. Il était très occupé à l’époque et ce n’était pas possible de le rencontrer! Nous avons donc décidé que je lui enverrais.

En 1995, Norman Oak réalise une peinture de Michael assez similaire à His Royal Highness Prince Michael of Neverland qui était sur le mur du salon de Neverland… la connaissez-vous ? Savez-vous où vos œuvres étaient accrochées chez Michael ?

Non, je ne sais pas. C’était quelque chose que je voulais demander mais j’ai oublié.

Je n’ai découvert le tableau de Norman Oaks qu’’au moment de la vente aux enchères de Julien’s, et ça m’a laissé un peu perplexe. Donc je ne peux rien vous dire à ce sujet.

Pouvez-vous m’en dire plus à propos de la peinture Heal The World. Quand l’avez-vous faite ? J’adore son message. Une moitié en noir et blanc, l’autre moitié en couleurs et Michael au milieu comme s’il guérissait le monde de ces enfants.

Au milieu des années 90, Adrian Grant m’a demandé de créer une peinture pour la vendre aux enchères au nom de la Fondation Heal The World. C’est cette peinture. Et c’est à peu près le message, si nous étions tous un peu plus comme Michael le monde serait en effet un bien meilleur endroit ! Adrian organisait chaque année, avec l’approbation de Michael, “une journée Michael Jackson”. La journée était consacrée à Michael (2) et la fondation Heal The World faisait partie de cette journée ! Michael envoyait des objets à vendre aux enchères, des chapeaux signés et d’autres choses! C’est Adrian qui m’a demandé de faire la peinture, mais Michael était au courant!

En 1998, vous rencontrez enfin Michael et lui offrez Making History. Pouvez-vous nous donner des détails au sujet de cette peinture et de cette rencontre ?

Adrian Grant m’a demandé de faire la peinture, elle représentait un autre prix de la part des fans. Il m’a laissé carte blanche. Mais je lui ai dit : “cette fois je viens avec le tableau”.

Michael avait réservé sa journée pour cette rencontre et nous devions passer la journée avec lui. Mais la peinture devait être livrée par le transporteur DHL et elle est arrivée avec une journée de retard. Nous avons donc tout remis au lendemain, qui était le jour de l’anniversaire de son fils Prince. Il nous a tout de même consacrés quelques heures. C’était dans un célèbre hôtel de Beverly Hills, il me semble à l’Hôtel Beverly Wilshire. Michael avait tout l’étage pour lui.

Vous l’avez rencontré le jour du premier anniversaire de Prince ? Il a du particulièrement aimé la photo que vous avez utilisée de lui avec son fils dans la peinture ?

Oui, il était comme un enfant lui-même. Il pointait les parties qu’il aimait et touchait la peinture.

Qu’avez-vous ressenti? Comment était-ce d’être en face de votre idole qui est aussi la plus grande star du monde ?

J’étais nerveux avant son arrivée! Mais une fois qu’il a été là….c’est quelqu’un de  tout à fait normal et terre à terre, et j’étais beaucoup plus à l’aise. Il dégageait vraiment une énergie particulière. Il ressemblait à un enfant ….. mais il n’était pas puéril ! Ca peut sembler bizarre. Il avait la curiosité d’un enfant. Cette rencontre était un peu comme l’apogée de ma carrière. En tant que fan et artiste, je réalisais toutes mes ambitions

Comment avez-vous choisi les photos pour Making History? Avez-vous dessiné des esquisses avant de le peindre ?

Oui, j’ai fait un croquis de base, sans trop de détails, que j’ai encore d’ailleurs. A ce moment là, j’avais accumulé beaucoup de matériel de référence c’est à dire des photos de Michael. Je les avais toutes étalées et regardées pendant des heures. Le choix était important! Mais j’ai choisi ce qui correspondait le mieux à la peinture. Il y a des gens qui ont influencé Michael dedans! Fred Aster, JFK, Neil Armstrong (en fait Buzz Aldrin, Neil prend la photo) Liz Taylor, Charlie Chaplin, Martin Luther King.

Êtes-vous toujours en contact avec Adrian Grant ?

Non, nous avions un accord au sujet de la peinture Making History. Michael devait signer quatre cents copies. La moitié des bénéfices de la vente devait aller à la fondation Heal The World, le reste devait être réparti entre Adrian et moi-même! Je n’ai pas vu un centime !

Était-ce la dernière fois que vous avez vu Michael, en 1998, ou êtes-vous resté en contact avec lui après ?

Non, c’est la dernière fois que je l’ai vu. J’avais prévu de reprendre contact après la vente aux enchères de Julien’s, en avril 2009, mais je pensais que ça pouvait attendre un peu.

Vous vouliez le recontacter à cause de votre peinture The Greatest où figurent deux des personnalités préférées de Michael, Mohammed Ali et Bruce Lee ?

Non, juste pour voir ce qu’il en était de toute cette histoire de Julien’s. Je savais qu’il ne voulait pas vendre ses affaires. The Greatest a été peint après. C’est un tableau commissionné par l’ami qui m’a acheté la peinture au cours de ma première exposition dans les années 80. Je ne pense pas qu’il savait à propos de Bruce Lee! Je l’apprends aussi! Mais je ne suis pas surpris, Michael comme moi-même, aimait la grandeur. Mon ami aussi, et ce sont quelques-unes de ses idoles sur ce tableau.

En 1999, vous avez gagné le Graceland Art Prize pour votre peinture sur Elvis Presley. Etes-vous aussi un fan du King ?

Comme je l’ai mentionné, je suis un fan de la grandeur. Elvis était vraiment génial, mais Michael est le numéro un. J’ai toujours ce tableau …… Pour l’instant ! Je n’ai pas vraiment essayé de le vendre. La bonne personne viendra lorsque le moment sera venu.

The Hunter College de New York a utilisé vos œuvres d’art pour un séminaire sur Michael, en 2008. Des travaux de Brett Livingstone Strong, qui a beaucoup influencé Michael, ont également été utilisés. Etait-ce une fierté en tant qu’artiste ? Avez-vous assisté au séminaire?

Oui, en effet j’ai été très fier d’être parmi de tels noms! Mais Je ne ai pas assisté au séminaire, on m’a juste interviewé sur Internet

Vous avez fait une dernière peinture sur Michael Jackson appelée Love Hope and Dreams. Quand l’avez-vous réalisée ?

C’était en 2015. C’était une commande pour une dame au Texas. Elle m’a envoyé quelques photos qu’elle aimait, et j’ai choisi de meilleures photos, mais similaires, qui allaient mieux ensemble pour une peinture. Si cette peinture est avant tout un travail, c’est aussi en quelque sorte un hommage.

C’est une de vos œuvres que je préfère … elle représente tellement Michael: sa meilleure tournée, Neverland, son message. Qu’avez-vous ressenti en la faisant ? Ce n’était pas trop dur ?

Non, j’étais fier de la faire. Juste après sa mort, je voulais faire un hommage mais à l’époque c’était trop dur. Michael m’a toujours inspiré, il était comme une muse depuis mes débuts.

Si vous aviez à choisir une de vos œuvres d’art sur Michael, de laquelle seriez-vous le plus fier ?

Je pense que c’est peut-être Making History! Mais il faudrait que je les aligne toutes pour prendre une bonne decision.

Vous peignez désormais des choses différentes de ce que vous aviez l’habitude de faire …. Comment est venu le changement ? Est-ce parce que Michael n’est plus là ? Quelle est votre source d’inspiration aujourd’hui ?

Mon travail a changé au fil des années, mais ce n’est pas lié à l’influence de Michael! Je peins ce qui m’inspire. Au départ, c’était Michael, la danse et le mouvement, la forme humaine. C’est à peu près ce que je peins encore aujourd’hui mais exprimé un peu différemment.

Pouvez-vous dire, en quelques mots, ce que Michael représente pour vous, personnellement et pour votre carrière ?

Michael a été ma plus grande source d’inspiration depuis très jeune. Sa musique, sa danse, sa présence. Et je peux dire main sur le cœur que je suis là où je suis et que je fais ce que je fais grâce à Michael Jackson !

Propos recueillis par onmjfootsteps.com (interview publiée précédemment). Les photos des croquis des œuvres de Vincent McKoy sont publiés avec son aimable autorisation.

(1) Joseph Maria Lari Viaplana dit Mag Lari est un magicien espagnol réputé et grand fan, follower, de Michael Jackson. C’est aussi un grand collectionneur qui possède plus de 1500 pièces dont certaines dédicacées par Michael. Il a écrit un livre sur la star en 2009, La Magia de Michael Jackson, où il parle de sa passion et montre quelques objets de sa collection. Les bénéfices de la vente du livre ont été intégralement reversés à une association qui soutient les enfants atteints d’un cancer.

(2) Vincent évoque ici le Annual Michael Jackson Day qui avait lieu tous les ans à Londres depuis 1991 et qui a mené Adrian Grant à créer le Thriller Live. Michael avait fait lui-même une apparition au 10ème Annual MJ Day le 7 mars 2001.

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