Michael Jackson et l'Art

Michael Jackson par Helena Kadlcikova

Peu de fans peuvent se vanter d’avoir attiré l’attention de Michael Jackson. Helena Kadlcikova en fait partie. Artiste débutante, elle réalise des peintures le mettant en scène et lui offre au début des années 2000. Elle recevra en retour le plus merveilleux des cadeaux : un séjour dans le ranch de la star où elle découvrira l’Homme qu’il était.

Helena a souvent été réticente à partager son expérience mais il y a quelques années, elle a accepté de répondre à mes questions.

Helena, pouvez-vous nous parler un peu de vous, de votre style artistique, de vos influences et de votre passion pour Michael Jackson ?

Je viens de République Tchèque. Je dessine depuis mon adolescence et lorsque j’ai eu une vingtaine d’années, j’ai commencé à peindre à l’acrylique puis à l’huile. J’aime tous les styles de peinture des Vieux Maîtres de la Renaissance tels que Léonard de Vinci ou Michel-Ange jusqu’à Alfons Mucha ou Dali.

Le premier album de Michael Jackson que j’ai acheté est Dangerous. Je crois que s’il n’y avait pas eu Michael je n’aurais jamais fait de peinture à l’huile. Je peignais beaucoup à cette période et il m’aidait à m’améliorer.

Justement, comment  a eu lieu votre rencontre avec Michael ?

Lorsque j’ai rencontré Michael la première fois à Bucarest lors du HIStory Tour, je ne faisais pas encore de dessin de lui. C’est venu après, j’ai ressenti l’envie de lui offrir quelque chose et j’ai commencé à réaliser des portraits et essayé de lui remettre lorsqu’il venait en Europe.

Après plusieurs tentatives, je l’ai finalement rencontré en personne dans sa chambre d’hôtel à Londres [en 2001, ndlr]. Nous étions seuls et j’ai eu la chance de lui remettre mes peintures et de lui parler pendant une heure. Il était minuit et personne d’autre n’était là pour le presser. Nous avons donc bavardé calmement. Il a pris mes peintures et m’a demandé ce que je voulais en retour. Je lui ai dit que je ne voulais pas d’argent mais que j’aimerais visiter Neverland. Il était d’accord et m’a donné le numéro de téléphone de Neverland et celui de son assistant pour arranger une visite. Cela a été très long mais deux ans plus tard, je suis allée à Neverland. J’étais supposée y rester trois semaines, j’y ai finalement passé trois mois.

Neverland, le rêve de tous les fans …. Qu’y faisiez-vous ?

Neverland est un endroit tellement beau et reposant. Je n’oublierai jamais ce séjour. Il y avait de la musique en permanence et quoi que vous ayez besoin, quelqu’un à Neverland était là pour vous aider. Les employés étaient adorables.

Je peignais tous les jours. Michael m’a fourni tout le matériel nécessaire. J’occupais une des chambres du pavillon des invités, une pièce lumineuse, au bord du lac, avec une vue magnifique, un endroit rêvé pour travailler.

Je peignais ses enfants à partir de photos que Michael me donnait, qu’il avait prises lui-même. Je le voyais tous les jours mais je n’étais pas spécialement avec lui. Je lui laissais son espace mais il venait parfois voir comment avançaient les peintures. Pour lui je me suis remise au dessin et à la peinture à l’acrylique. Lorsqu’il voulait me parler, il me le faisait savoir.

En général, je prenais mon petit déjeuner avec lui. Ses enfants étaient là. Ils avaient ensuite des cours avec un tuteur jusqu’au déjeuner puis Michael jouait avec eux l’après-midi.

Quand je ne peignais pas, je pouvais profiter de la propriété et faire ce que je voulais : aller au zoo, faire du cheval, monter dans les attractions, regarder un film dans le cinéma, …  il y avait tellement de choses à faire !

Avez-vous discuté d’Art avec Michael ?

Oui, j’ai beaucoup appris de William Bouguereau et de Norman Rockwell en parlant avec lui. Deux grands artistes. Mais je dirais qu’il aimait surtout les vieux artistes classiques de la Renaissance. Il avait des tableaux magnifiques à Neverland dont une peinture originale d’anges de Bouguereau. Il avait aussi des statues incroyables.

Que faisait Michael de vos oeuvres ?

Je ne sais pas, je ne suis pas allée dans toutes les pièces pour voir si elles y étaient. Mais je sais qu’il aimait particulièrement Africa In Me, Quiet et Victory. Ce sont des peintures à l’huile que je lui ai montrées en 2006 lorsque je l’ai revu à Londres. Nous avions alors convenu  que je reviendrais le voir et que je les lui apporterais. Il ne vivait plus à Neverland à cette époque.

Certaines de vos œuvres reprennent l’univers de Michael, comme Painter’s Mind, des thèmes ou des messages qui lui tenaient à cœur ainsi que des extraits de poèmes qu’il avait écrit pour Dancing The Dream.  Était-ce une demande de sa part ?

Dancing The Dream est un livre magnifique qui m’a beaucoup inspiré. Je ne me souviens plus si j’en ai parlé avec Michael. Lorsque je lui ai montré le tableau Victory en 2006, à Londres, nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour discuter, son entourage était présent. Je leur ai d’ailleurs demandé qui avait écrit les mots qui se trouvent sur le portrait : “I was born to never die, to live in bliss to never cry, to speak the truth and never lie, to share my love without a sigh”….personne ne savait… mais Michael a sourit [ces mots sont extraits du poème Ecstasy du livre Dancing The Dream, ndlr].

Pour Painter’s Mind, j’avais vu une peinture avec un concept similaire et j’ai décidé de l’adapter pour en faire une peinture de Michael. Je lui ai donné un look Victorien et j’y ai intégré certaines des peintures que j’avais faites pour lui, et des œuvres de Bouguereau et de Michel-Ange.

Certains de vos travaux sont inspirés de photos bien connues de Michael, d’autres sont complètement issus de votre imagination comme ces peintures de Michael avec les yeux bleus, Hidden Importance ou Trust.

Oui certaines photos de Michael étaient tellement incroyables que je voulais absolument les peindre. Pour Hidden Importance, j’avais juste envie d’innover et voir à quoi Michael ressemblerait avec les yeux bleus. A cette époque, je le peignais très souvent dans des poses différentes ou avec des vêtements qu’il ne portait pas en réalité. Je voulais juste voir ce que cela donnait, expérimenter son visage.

Vous étiez à Neverland lorsqu’a eu lieu le raid de la police, en 2003. Michael était à Las Vegas. Comment avez-vous vécu ces évènements ?

Michael devait rentrer le lendemain du raid de la police. Heureusement il est resté à Las Vegas. Ca a été un choc. Un hélicoptère survolait le lac et quelqu’un criait de l’appareil. Personne ne comprenait ce qui se passait. Les employés de Neverland étaient tellement gentils qu’ils ont proposé un déjeuner à la police et eux, en retour, ont tout saccagé.

Peu de temps après le raid, je suis rentrée chez moi. Michael n’est pas revenu à Neverland. J’ai laissé mon matériel au ranch car nous pensions que je serais de retour un mois ou deux plus tard, quand tout serait redevenu normal. On ne se doutait pas de ce qui allait arriver. J’ai revu Michael que trois ans plus tard, à Londres en 2006. C’était aussi la dernière fois que je le voyais.

Y a-t-il une de vos œuvres qui a une signification particulière pour vous ?

Africa In Me. Parce que c’était la préférée de  Michael. Beaucoup de mes peintures sont restées à Neverland ou ont été vendues. Africa In Me est la seule que j’ai réussi à garder. J’aime beaucoup aussi celle que j’ai faite de Prince et Paris, les enfants de Michael, quand j’étais à Neverland.

Peignez-vous toujours Michael aujourd’hui ?

Non, je n’ai plus beaucoup de temps pour la peinture. Je me consacre désormais à la photographie. C’est très différent de la peinture mais j’aime être créative. Peindre c’est presque comme de la méditation, le travail est lent et calme. Faire des photos, c’est complètement l’opposé, les idées viennent très vite et il faut travailler rapidement. La photographie c’est comme une bouffée d’énergie et d’idées que vous rassemblez en un moment, en une image.

Quand j’étais à Neverland, Michael me disait “quoique tu veuilles, tu peux y arriver, rien ne peut t’arrêter. Il n’existe aucune limite”. Chaque fois que je suis face à un challenge, je me rappelle ses mots.

Michael était quelqu’un d’extrêmement gentil et poli qui ne savait pas dire non. Certaines personnes ont tiré avantage de sa gentillesse et l’ont détruit. C’est terriblement triste.

Propos recueillis par onmjfootsteps.com (déjà publiés précédemment).

D’autres œuvres d’Helena Kadlcikova sur Michael Jackson à voir sur son site.

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