Interviewes/Discours

Michael Jackson talks to Oprah Winfrey, le 10 février 1993

Le 10 février 1993, Michael Jackson accorde à Oprah Winfrey une interview exceptionnelle, qui sera diffusée à travers le monde et vue par près de 90 millions de téléspectateurs. Michael n’a pas accordé d’interview depuis 14 ans et il profite de cet évènement pour s’ouvrir et dévoiler sa personnalité et ses sentiments et son arts.

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Oprah Winfrey (OW) : Bonsoir, je suis Oprah Winfrey et je vais partager avec vous une interview exclusive de la superstar la plus secrète et la plus insaisissable de toute l’histoire de la musique : Michael Jackson. Je suis ici devant sa maison en Californie, un ranch dans les alentours de Santa Barbara, et à l’intérieur se trouve l’homme qui a battu tous les records possibles dans le monde de la musique, et refusé des interviews depuis de nombreuses années. Depuis un quart de siècle, il a été un innovateur dans les domaines de la musique, de la danse, de la vidéo et même de la mode. Tout ce qu’il accomplit est tout simplement spectaculaire. Ce soir, Michael Jackson va continuer de nous surprendre en nous servant de guide pour une visite rare de son exceptionnelle maison, qui inclut une salle de cinéma privée et un parc d’attractions grandeur nature. Vous verrez Michael Jackson faire une performance en direct ainsi que la projection en avant-première de son nouveau vidéo-clip Give In To Me. Ce soir, Michael Jackson sort de son silence.

(OW rentre dans la maison)

OW : La maison de Michael Jackson ne ressemble en rien à ce que la plupart des gens s’imaginent. Je pensais trouver des lamas courant à travers le salon ou des chimpanzés sautant partout. N’interprétez pas mal ce que je vais dire, mais je me suis complètement trompée. Ce domaine de 2 700 ha regorge de surprises et de choses extraordinaires, ce que vous aurez l’occasion de découvrir au cours de l’émission, mais là où Michael Jackson mange, là où il dort et là où il vit est tout simplement une maison magnifique. Il y a une bibliothèque remplie des plus grands classiques et chefs-d’œuvre, des peintures accrochées aux murs, bref, pas du tout ce que nous pensions y trouver. Avant de rencontrer l’homme qui habite cette maison, il est important de savoir et de comprendre d’où il vient, car son histoire est tout simplement exceptionnelle.

(OW passe une vidéo avec différents extraits de la vie de Michael et des Jackson 5.)

OW : Mesdames et messieurs, Michael Jackson.

MJ : Bonjour Oprah. (Ils s’embrassent.)

OW : Ca va, vous ne vous sentez pas trop nerveux ?

MJ : Hmm, en réalité, je ne me sens pas du tout nerveux.

OW : Vraiment ?

MJ : Non, je ne suis jamais nerveux.

OW : Jamais ?

MJ : Non.

OW : Même pas pour votre première interview, retransmise en direct dans le monde entier ? Je pensais que vous seriez un petit peu tendu. Mais, c’est super ! Car si vous n’êtes pas nerveux, je ne serai pas nerveuse non plus ! (Cela fait rire Michael.) Je voulais profiter de ce moment pour préciser que lorsque nous nous sommes mis d’accord pour organiser cette interview, vous m’avez dit que vous étiez prêt à discuter de tous les sujets avec moi et nous n’avons absolument pas évoqué les questions qui vont être posées ce soir. Je veux que ce soit clair pour tout le monde.

MJ : Absolument, c’est vrai.

OW : Vrai. Quand vous avez regardé – je vous observais dans le fond derrière – les extraits vidéo de vos débuts, est-ce que ça vous a rappelé des souvenirs ?

MJ : Oui. Ça m’a fait rire, parce que cela fait longtemps que je n’avais pas vu ces vidéos, et plein de souvenirs reviennent, oui, de moi et mes frères, que j’aime tendrement. Et ce sont simplement des moments merveilleux pour moi.

OW : Je vous ai vu rire quand vous étiez en train de vous regarder chanter « Baby baby baby »…

MJ : (Rires.) Oui, parce que James Brown, vous savez, James Brown est un génie. Quand il est avec les Famous Flames, c’est tout simplement incroyable. Et j’avais l’habitude de le regarder à la télévision, et j’en voulais toujours aux cameramen, parce que, à chaque fois qu’il se mettait à danser, ils faisaient des gros plans de son visage et je ne pouvais pas voir ses jambes ni ses pieds. Alors, je me mettais à jeter des trucs et j’étais énervé, je pensais : « Montrez-le en train de danser que je puisse le voir et apprendre ! »

OW : Alors il a été un vrai mentor pour vous ?

MJ : Un mentor phénoménal, oui, phénoménal !

OW : Qui d’autre vous a influencé ?

MJ : Jackie Wilson, que j’adore en tant qu’artiste, et bien sûr la musique, Motown, les Bee Gees, j’adore la musique.

OW : Vous savez, quand j’ai visionné toutes ces vidéos de vous – pour réaliser les montages vidéo pour l’émission, je pense que j’ai dû voir tous les films existant sur vous –, donc en regardant toutes ces vidéos, surtout de vos jeunes années, vous sembliez vraiment vous animer sur scène, prendre vie. Il se passe vraiment quelque chose de très particulier avec vous sur scène quand vous étiez enfant. Est-ce que vous étiez aussi heureux en dehors de la scène que vous l’étiez sur scène ?

MJ : Eh bien, la scène pour moi, c’était comme être à la maison. C’est là que je me sentais le mieux, et c’est toujours sur scène que je me sens le mieux aujourd’hui. Mais une fois que les concerts étaient finis, je me sentais tout simplement très triste.

OW : Vraiment ?

MJ : Oui.

OW : Et triste depuis le début, triste comment ?

MJ : Seul, et triste… Je devais apprendre à vivre avec la popularité et tout ce qui en découle. Il y a des moments où je me suis bien amusé avec mes frères, on faisait des batailles de polochons et d’autres trucs de gamins. Mais je pleurais très souvent parce que je me sentais très seul…

OW : Vraiment, vous pleuriez beaucoup ?

MJ : Oui.

OW : À partir de quel âge ?

MJ : Oh, très jeune, à l’âge de 8 ou 9 ans...

OW : Quand vous êtes devenu célèbre ?

MJ : Oui.

OW : Alors ce n’était pas ce que le reste du monde imaginait ? Je veux dire par là, quand j’étais une petite fille, je rêvais d’épouser votre frère, Jackie Jackson. (Michael rit.) Et pour nous tous, nous pensions, enfin, on se disait tous que c’était la chose la plus merveilleuse au monde. Tout le monde voulait avoir le genre de vie que vous aviez !

MJ : C’était merveilleux ! Il y a des côtés très positifs à la célébrité et au succès. Vous voyagez dans le monde entier, vous découvrez plein de choses, vous rencontrez des gens, vous visitez des lieux incroyables. C’est génial. Mais il y a aussi les autres côtés – et je ne m’en plains pas du tout d’ailleurs –, des tonnes de répétitions, et vous devez donner énormément de votre temps et de vous-même.

OW : Est-ce que vous pensez, euh… (Elle s’interrompt et part sur une autre idée.) J’ai discuté avec Suzanne de Passe (ancienne directrice artistique chez Motown) il y a quelques jours. Suzanne de Passe vous a accompagné pendant longtemps chez Motown, elle s’est occupée de vous, elle a trouvé vos costumes pour le Ed Sullivan Show… et Suzanne a une théorie intéressante en ce qui concerne votre enfance. On se demandait toutes les deux à quel point vous avez été privé de votre enfance ? L’avez-vous été ?

MJ : Eh bien, surtout maintenant, je me rends compte de comment ça se passait. Il y avait un précepteur qui me donnait mes leçons, trois heures par jour. Ensuite, je devais aller au studio d’enregistrement, et enregistrer pendant des heures et des heures jusqu’à ce qu’il soit l’heure d’aller se coucher, donc très tard le soir. Et je me souviens quand j’allais au studio, il y avait un jardin de l’autre côté de la rue, et j’y voyais plein d’autres enfants en train de jouer, en train de se courir après et de crier. Et je me mettais à pleurer. Ça me rendait vraiment triste d’être obligé d’aller travailler au lieu de jouer.

OW : Je voudrais en profiter pour montrer un extrait vidéo, pour écouter ce que Suzanne pense de votre enfance. Et en même temps nous allons voir quelques images de vous quand vous étiez un petit garçon !

Transcription des extraits projetés pendant l’émission :

Un journaliste (J) : Essayez de décrire ce que vous faites, vos performances ?

MJ, enfant : Ce que je fais ?

J : Oui.

MJ : La plupart de mes chansons sont rapides…

J : Ce que je vous demande, c’est plutôt l’intention que vous mettez dans vos chansons ?

MJ : Quand je chante quelque chose, je pense vraiment ce que je chante. Si je ne le pense pas, si ce n’est pas sincère, je ne chante pas.

Ensuite transcription de l’interview avec Suzanne de Passe :

SDP : J’ai rencontré Michael Jackson quand il avait 9 ans, quasi 10. Et c’était vraiment un petit garçon, à bien des égards. Et puis il allait sur scène et il se transformait en cette superstar incroyable. En fait, il a perdu la possibilité d’être un enfant et de vivre comme un enfant avant son douzième anniversaire. Michael ne pouvait aller nulle part sans garde du corps, sans une limousine, sans quelqu’un pour le protéger de son succès. Imaginez le fait de ne même pas pouvoir simplement aller jouer dans un parc, ni aller au cinéma… Je pense qu’il a payé un prix vraiment très lourd pour tout ce succès.

Retour à l’interview avec Oprah.

OW : Suzanne dit que vous avez payé un prix très lourd. Je vous le demande à vous maintenant. Qu’est-ce que ça vous a coûté de ne pas avoir d’enfance et d’avoir eu ce genre de vie ?

MJ : Vous ne pouvez pas faire les mêmes choses que les autres enfants. Toutes ces petites choses simples, qui semblent si évidentes et naturelles, comme avoir des copains, faire des soirées pyjama, ou juste passer du temps avec eux. Il n’y avait rien de tout cela pour moi. Je n’avais pas d’amis quand j’étais enfant. Mes frères étaient mes amis.

OW : Est-ce que vous avez au moins pu vous réfugier… (Elle s’interrompt et raconte une anecdote perso.) Vous savez, je me rappelle, quand j’étais petite, j’avais des jeux et je me rappelle que j’inventais des histoires et que je parlais à mes poupées. Et je pense que tous les enfants ont besoin d’un monde imaginaire comme ça dans lequel se réfugier. Est-ce que vous avez pu faire ça ?

MJ : Non. Et je pense que c’est pour ça, parce que je n’ai pas eu toutes ces choses, que j’essaye de compenser aujourd’hui. Les gens se demandent pourquoi je suis toujours entouré d’enfants. En fait, c’est parce que je trouve en eux toutes ces choses que je n’ai pas eues. Vous savez, Disneyland, les parcs d’attractions, les jeux vidéo… J’adore tous ces trucs, parce que quand j’étais petit, il fallait toujours travailler, travailler, travailler. Il fallait enchaîner les concerts les uns après les autres. Si ce n’était pas les concerts, c’était les studios d’enregistrement. Si ce n’était pas ça, c’était les émissions de télé ou les interviews, ou les séances photo. Il y avait toujours quelque chose à faire…

OW : Est-ce que vous aviez l’impression – Smokey Robinson a dit cela à propos de vous, ainsi que de nombreuses autres personnes – que vous étiez « une vieille âme dans un corps d’enfant » ?

MJ : Quand j’étais enfant, je me rappelle avoir entendu cette phrase à de nombreuses reprises… Et je l’entendais, mais je n’y ai jamais vraiment réfléchi. Comme quand les gens me demandent aujourd’hui : « Quand tu étais petit et que tu chantais, est-ce que tu te rendais compte que tu étais aussi doué ? » En fait, je n’y ai jamais réfléchi non plus. J’essayais simplement de chanter et ça venait comme ça. Je n’y ai jamais réellement pensé.

OW : Alors vous étiez Michael Jackson avec des chansons classées n° 1. Tellement de tubes, vous avez eu quatre titres n° 1 à la suite ! Et pourtant, vous pleuriez, parce que vous ne pouviez pas être comme les autres enfants…

MJ : Eh bien , j’adorais le monde du spectacle, le show-business, et j’aime toujours ça. Mais il y a des moments où vous voulez simplement jouer, vous amuser et vous détendre. C’est ce qui me rendait triste. Je me rappelle d’une fois où nous étions sur le point de partir pour l’Amérique du Sud. Tous les bagages étaient prêts, tout le monde était prêt à partir, et moi, je suis allé me cacher, et je pleurais quand je suis allé me cacher, parce que je ne voulais pas partir… Je voulais jouer, je ne voulais pas aller en Amérique du Sud.

OW : Est-ce que vos frères ont été jaloux quand vous êtes devenu le centre de toute l’attention ? (du temps des Jackson 5)

MJ : Pas que je sache, non.

OW : Vous n’avez jamais ressenti de jalousie vis-à-vis de vous ?

MJ : Hummm, j’essaye d’y réfléchir, mais non vraiment. Je pense qu’ils étaient vraiment heureux pour moi, que je sois capable de faire certaines choses. Mais je n’ai jamais ressenti de jalousie, non.

OW : Est-ce que vous avez le sentiment qu’ils sont jaloux de vous aujourd’hui ?

MJ : Je ne pense pas, non, je ne pense pas.

OW : Non ?… Comment ça se passe avec votre famille ? Est-ce que vous êtes toujours proches les uns des autres ?

MJ : J’aime énormément ma famille. J’aimerais pouvoir les voir plus souvent, mais nous sommes une famille d’artistes et nous avons tous du travail, alors nous savons que ce n’est pas facile de nous voir. Nous avons une sorte de « journée de la famille », où nous nous réunissons tous ensemble, soit chez moi, soit chez un de mes frères… Et tout le monde est là, on passe de bons moments ensemble, on partage des moments affectueux, on se tient au courant de que chacun fait…

OW : Est-ce que vous avez été contrarié ou peiné par votre sœur La Toya et par toutes les choses que La Toya a révélées dans son livre à propos de votre famille ?

MJ : Eh bien, je n’ai pas lu le livre de La Toya. Tout ce que je sais, c’est que j’aime énormément ma sœur. J’aime La Toya, et je l’aimerai toujours. Je la verrai toujours comme la petite fille heureuse avec laquelle j’ai grandi. Alors je ne peux pas vraiment répondre à votre question.

OW : Est-ce que vous avez le sentiment que certaines des choses qu’elle raconte sont vraies ?

MJ : Je ne peux pas répondre, Oprah. Sincèrement, je n’ai pas lu son livre. C’est la vérité.

OW : OK. Alors revenons à cette période où vous grandissiez et vous aviez tous ces sentiments contradictoires. En fait, c’était une espèce d’angoisse, j’imagine. Vous n’aviez pas d’amis avec lesquels jouer, pas de soirées pyjama ?…

MJ : Jamais, non.

OW : Alors, je me demande, être ce petit garçon si mignon que tout le monde adorait, avec tous les gens qui venaient vous voir, vous tiraient les joues en vous disant que vous étiez si mignon et cet enfant surdoué et tout… Comment avez-vous vécu la période de l’adolescence ? Parce que l’adolescence est une période très délicate à traverser… Et je me demandais, quand vous êtes entré dans cette période, après avoir été cet enfant superstar, est-ce que ça a été un moment particulièrement difficile pour vous ?

MJ : Très difficile, très difficile, oui.

OW : Oui…

MJ : Oui, parce que je pense que tous les enfants star souffrent à cette période, parce que vous n’êtes plus cet enfant si mignon et charmant que vous étiez, et vous grandissez. Et ils veulent simplement vous garder petit et mignon pour toujours.

OW : C’est qui « ils » ?

MJ : Le public. Mais vous savez, vous ne pouvez pas lutter contre la nature et le temps qui passe.

OW : Eh non, ce n’est pas possible. (Elle sourit.)

MJ : Et j’avais de l’acné, vraiment, c’était horrible. Et ça m’a rendu tellement timide. Je ne voulais pas me regarder et je me lavais le visage dans le noir. Je ne voulais pas me regarder dans un miroir. Et mon père n’arrêtait pas de se moquer de moi… et je détestais ça. Je pleurais tous les jours à cause de ça.

OW : Votre père se moquait de vous à propos de votre acné ?

MJ : Mon père me disait que j’étais laid.

OW : Votre père vous disait ça ?

MJ : Oui, c’est ce qu’il me disait. Je suis désolé, Joseph. (Il sourit et fait un petit geste de la main, embarrassé…)

OW : Quelle relation avez-vous avec lui aujourd’hui ?

MJ : J’aime mon père, mais je ne le connais pas.

OW : Huh huh. Est-ce que vous lui en voulez de vous avoir dit ces choses, est-ce que vous êtes en colère après lui ? Parce que c’était vraiment cruel de vous dire cela…

MJ : Est-ce que je lui en veux ? Humm… (Il réfléchit.)

OW : Parce que l’adolescence est suffisamment difficile comme ça à traverser, sans avoir en plus un père qui vous dit que vous êtes laid…

MJ : Oui, très difficile. Mais, est-ce que je suis en colère contre lui ? Parfois, je suis en colère oui. Je ne le connais pas de la manière dont j’aimerais le connaître. Ma mère est merveilleuse. Pour moi, elle représente la perfection. J’aimerais simplement pouvoir comprendre mon père.

OW : Continuons à parler de votre adolescence. Est-ce que c’est à ce moment-là que vous êtes devenu plus introverti, que vous vous êtes replié sur vous-même ? Parce que, vous ne vous êtes pas adressé au reste du monde depuis au moins 14 ans. Je pense que votre dernière émission télévisée date d’il y a 14 ans. Donc, vous vous repliez sur vous-même, vous commencez à vivre en reclus et c’était délibéré, n’est-ce pas ? C’était dans le but de vous protéger ?

MJ : J’avais l’impression que je n’avais rien d’intéressant à dire, et ça a été des années très tristes et difficiles pour moi.

OW : Mais pourquoi ? Pourquoi autant de tristesse ? Parce que sur scène, on vous voit chanter et danser, vous gagnez tous vos Grammys, alors pourquoi étiez-vous si triste à cette période ?

MJ : Il y avait beaucoup de tristesse dans ma vie passée, avec l’adolescence et mon père. Tout cela m’a simplement rendu très triste.

OW : Parce qu’il vous tourmentait et qu’il se moquait de vous ?

MJ : Oui.

OW : Est-ce qu’il vous a déjà battu ?

MJ : Oui, il m’a battu. Oui.

OW : Et c’était difficile à accepter ? Etre frappé par votre père et devoir aller sur scène et chanter après ?

MJ : Oui.

OW : Et pourquoi vous battait-il ?

MJ : Eh bien, je ne sais si c’est parce que j’étais son fils prodige, ou quoi… Certains appellent cela une discipline très stricte. Il était très strict, très dur. Et il était effrayant.

OW : Vous aviez peur de lui ?

MJ : J’avais très peur de lui, j’étais terrifié. Il y a des moments où il venait me voir et ça me rendait malade.

OW : Vraiment ?

MJ : Je commençais à régurgiter.

OW : Quand vous étiez enfant ou adulte ?

MJ : Les deux.

OW : Les deux.

MJ : Mais je ne lui en ai jamais parlé avant. (S’adressant à son père:) Je suis désolé, s’il te plaît, ne sois pas fâché contre moi.

OW : Oui, enfin, tout le monde dans la vie doit assumer ses actes. Et votre père fait partie de ces personnes qui doivent assumer leurs actes et prendre leurs responsabilités.

MJ : Mais je l’aime sincèrement. Et je le pardonne. Vous savez… (Il est interrompu par Oprah.)

OW : Mais est-ce que vous pouvez vraiment le pardonner ? Si vous ne lui en avez pas voulu, si vous n’avez pas réussi à trouver un moyen de gérer ce que vous ressentez vraiment ? Je ne sais pas si c’est possible d’avoir été maltraité et de passer directement de la maltraitance au pardon ?

MJ : Je peux vraiment pardonner. Il y a eu tellement d’âneries et d’horreurs racontées sur moi. Et tout est complètement faux. Ce sont d’énormes mensonges. Et ce sont des choses dont j’aimerais parler. La presse a inventé tellement d’histoires affreuses…

OW : Je sais…

MJ  : Ces histoires sont vraiment épouvantables, vraiment consternantes.

OW : Je sais…

MJ : Et tellement éloignées de la réalité. Et cela m’a fait prendre conscience que plus une personne raconte un mensonge, plus vous entendez ce mensonge, et plus vous y croyez. S’il est répété suffisamment longtemps, vous vous mettez à y croire. Les choses qui ont été racontées sur moi sont épouvantables. Elles sont complètement fausses.

OW : Et il y en a tellement. D’habitude, je n’ai pas mes questions écrites sur une feuille, mais là, il y en a tellement, je voulais être sûre de n’en oublier aucune. En premier lieu, j’ai visité votre maison, pour préparer cette interview, et je suis allée partout, dans toutes les pièces, à l’étage, au rez-de-chaussée, pour chercher le fameux caisson à oxygène (rires de Michael), et je n’ai rien trouvé du tout. Pas la moindre trace d’un caisson à oxygène.

MJ : Cette histoire est tellement dingue. C’est une de ces histoires inventées par les tabloïds. Tout a été inventé.

OW : (Elle montre une photo de MJ dans ce qui pourrait être un caisson à oxygène.) OK, mais ici, sur cette photo, vous êtes allongé dans une espèce de boîte. Il y a une photo de vous. D’où vient cette photo ? Comment tout cela a-t-il commencé ?

MJ : J’ai tourné une publicité pour Pepsi et pendant le tournage j’ai été gravement brûlé. Nous nous sommes mis d’accord sur un dédommagement de 1,5 million de dollars. Et j’ai fait don de cet argent pour construire un centre appelé le Michael Jackson Burn Center(Centre Michael Jackson pour les brûlés). Et ce que vous voyez sur la photo, c’est un équipement qui est utilisé pour soigner les brûlés. Ce qui s’est passé, c’est que j’étais au centre, j’ai vu cet équipement et j’ai eu envie de me mettre dedans pour voir comment c’était fait. À ce moment-là, quelqu’un a pris une photo. Et au moment du traitement de la photo, du tirage, la personne qui a développé la photo s’est dit « Oh, waow, c’est Michael Jackson », et elle en a fait une copie. Et ensuite, ces photos ont circulé dans le monde entier avec cette légende ridicule pour l’accompagner. C’est complètement faux. Pourquoi les gens achètent-ils ces journaux ? Alors que ce ne sont que des mensonges ? Et j’ai envie de dire aussi, vous savez, ne portez pas de jugement sur une personne. Ne portez de jugement sur personne, tant que vous n’avez pas directement parlé à cette personne. Peu importe ce qui est raconté, simplement ne la jugez pas, parce que ce sont des mensonges !

OW : Mais cette histoire, ce qui est fou, c’est qu’elle s’est répandue aussi vite qu’une traînée de poudre…

MJ : C’est fou !

OW : Oui, c’est vrai que c’est fou !

MJ : Pourquoi est-ce que je dormirais dans un caisson à oxygène ?! (Rires de Michael.)

OW : Eh bien, la rumeur qui circulait, c’était que vous dormiez dans un caisson à oxygène pour ne pas vieillir…

MJ : Eh bien, c’est stupide. Encore une invention. Et je suis terriblement gêné… Je suis prêt à pardonner la presse et à pardonner tout le monde. Vous savez, on m’a appris à aimer et à pardonner, et c’est ce que j’ai dans mon cœur. Mais, je vous en prie, ne croyez pas ces histoires horribles.

OW : OK, passons à une autre rumeur. Avez-vous acheté le squelette d’Elephant Man ?

MJ : Non. C’est une autre de ces histoires complètement stupides. J’aime beaucoup l’histoire d’Elephant Man. Ça me rappelle énormément ma propre histoire, je m’identifie à cette histoire. Vous savez, ça m’a fait pleurer, parce que je me vois dans cette histoire. Mais je n’ai jamais demandé à acheter les os d’Elephant Man (rires de Michael). Qu’est-ce que je vais faire avec des os ??? Où est-ce que je vais les mettre ??

OW : Je n’en sais rien du tout (rires).

MJ : (Il rit toujours) Pourquoi est-ce que j’aurais envie d’acheter des os ???

OW : Je l’ignore. Alors d’où vient cette histoire ?

MJ : Quelqu’un invente ces âneries et tout le monde y croit. Plus vous entendez un mensonge et plus vous y croyez.

OW : Oui, et surtout, les gens se font de l’argent en racontant cela dans les tabloïds et en vendant des tabloïds. Très bien, autre chose maintenant. Plus récemment, il y a eu une nouvelle « histoire ». Je sais qu’un de vos avocats a fait une conférence de presse à ce propos. L’histoire, c’était que vous vouliez un petit garçon blanc pour jouer votre rôle enfant dans une pub pour Pepsi.

MJ : (Rires de Michael.) C’est l’histoire la plus ridicule et la plus horrible que j’aie jamais entendue. C’est dingue. Pourquoi raconter cela ? En premier, c’est mon visage quand j’étais enfant dans la publicité, moi quand j’étais petit. Pourquoi est-ce que je voudrais un enfant blanc pour jouer mon rôle ? Je suis un Noir-Américain. Je suis fier d’être un Noir-Américain, je suis fier de ma race, je suis fier de qui je suis ! J’éprouve énormément de fierté à être ce que je suis ! C’est comme si, vous, vous vouliez une enfant asiatique pour jouer votre rôle enfant. Est-ce que ça a du sens ?

OW : Non.

MJ : Par pitié, cessez de croire à ces histoires horribles… (Oprah l’interrompt.)

OW : OK, Michael. Je vous propose d’aborder maintenant le sujet qui est le plus largement commenté vous concernant, à mon avis. Il est évident pour tout le monde que la couleur de votre peau est différente de quand vous étiez plus jeune.

MJ : Oui.

OW : Et je pense que ça a donné naissance à un très grand nombre de rumeurs et de polémiques à votre propos. Notamment des questions du type : « Qu’est-ce que vous avez fait, ou êtes en train de faire ? »« Est-ce que vous blanchissez votre peau ? », ou encore« Est-ce que votre peau est plus claire parce que vous n’aimez pas être Noir ? »

MJ : OK. D’abord, je ne connais rien à ces histoires de blanchissement de la peau. Je ne l’ai jamais vu, je ne sais pas ce que c’est.

OW : À une certaine époque, il existait tout un tas de produits, soi-disant… Mais bon, il en faudrait des milliers de litres ! (rires de OW.)

MJ : OK. Voilà la situation. J’ai une maladie de peau, qui détruit la pigmentation de la peau. (N.D.T. : Michael est visiblement très ému en parlant) Je ne peux rien y faire, vous comprenez ? Mais quand les gens inventent des histoires racontant que je ne veux pas être celui que je suis, ça me fait beaucoup de mal.

OW : Donc, c’est…?

MJ : (Toujours bouleversé.) C’est un vrai problème pour moi, d’accord ? Je ne peux pas le contrôler. Mais inversons le problème, d’accord ? Et tous ces gens qui se font bronzer au soleil parce qu’ils veulent une peau plus sombre, parce qu’ils veulent être différents de ce qu’ils sont ?

OW : Huh huh…

MJ : Personne ne dit rien à propos de ces gens.

OW : Et quand avez-vous découvert que vous étiez atteint de cette maladie, quand est-ce que votre peau a commencé à changer ?

MJ : Oh ! Quelque temps après Thriller… Off The WallThriller, à peu près à cette période.

OW : Et qu’avez-vous pensé ?…

MJ : Cette maladie vient de ma famille. Mon père dit que ça vient de son côté. Je n’ai aucun contrôle là-dessus. Je ne comprends pas la réaction des gens. Ça me rend vraiment très triste. Je ne veux pas rentrer dans les détails de mes problèmes de santé, parce que c’est ma vie privée, d’accord. Mais j’ai une maladie de peau, c’est comme ça. Alors, je vous en prie, quand quelqu’un raconte… (Oprah l’interrompt.)

OW : OK. Je veux juste clarifier la situation ici. Vous ne faites rien pour changer la couleur de votre peau ?

MJ : Seigneur, non !! Nous essayons de contrôler ce problème en utilisant du maquillage pour « unifier » ma couleur de peau. Parce que cette maladie laisse des taches sur ma peau, alors j’ai besoin de maquillage pour cacher ces taches. Mais vous savez ce qui m’étonne le plus ?

OW : Huh huh ?

MJ : Pourquoi est-ce que ça a une telle importance ? Ça n’a aucune importance à mes yeux. Je suis un grand amateur d’art d’une manière générale. J’adore Michel-Ange. Si j’avais la chance de lui parler, j’aurais envie de savoir ce qui l’a inspiré pour devenir le grand artiste qu’il est devenu, j’aurais envie de lui poser des questions sur son processus de création, pas sur qui est sa petite amie et est-ce qu’il aime se faire bronzer. Voilà ce qui a de l’importance à mes yeux.

OW : Combien d’opérations de chirurgie esthétique avez-vous subi ?

MJ : Très très peu.

OW : Huh huh…

MJ : Vous pouvez les compter sur deux doigts. OK, je vais juste dire une chose. Si ça vous intéresse de savoir ça, lisez mon livre.

OW : Oui, mais une fois qu’on en aura parlé, eh bien, on n’aura plus besoin d’en reparler après.

MJ : Lisez mon livre, lisez mon livre, Moonwalk. J’en parle dans mon livre. Vous savez quoi ? Je vais présenter les choses ainsi : si tous les gens d’Hollywood qui ont subi des opérations de chirurgie esthétique partaient en vacances, il n’y aurait plus une seule personne en ville.

OW : (Elle sourit.) Je pense que vous avez probablement raison…

MJ : Je pense que j’AI raison (Ils rient tous les deux.). Ce serait le désert ici !

OW : Et, est-ce que vous avez eu recours à la chirurgie esthétique à cause de votre adolescence, parce que vous n’aimiez pas votre visage à cette période ?

MJ : Non, pas vraiment. (Michael a l’air gêné.) Mais, c’est juste deux petites choses. Vraiment, lisez mon livre, il n’y a pas de quoi en faire toute une histoire…

OW : OK. Vous ne voulez vraiment pas me dire de quoi il s’agit ? À l’évidence, vous vous êtes fait refaire le nez.

MJ : Oui, mais je connais plein d’autres gens qui l’ont fait aussi, rien d’extraordinaire.

OW : Oui. Et alors, quand vous entendez toutes ces choses à propos de vous, et il y en a eu bien plus que ce que nous…. (Michael l’interrompt.)

MJ : Je n’ai jamais touché à mes yeux, ni à mes joues, ni à mes lèvres et tout ce qui se dit. Ça va beaucoup trop loin, ça prend des proportions incroyables. Alors que pourtant ce sont des choses qui arrivent tous les jours avec d’autres personnes.

OW : Est-ce que vous êtes content de votre visage aujourd’hui ?

MJ : Je ne suis jamais satisfait de rien. Je suis un perfectionniste. Ça fait partie de qui je suis.

OW : Et, alors, quand vous vous regardez dans le miroir aujourd’hui, et que vous voyez l’image que le miroir vous renvoie, est-ce qu’il y a des jours où vous vous dites : « Whaow, pas mal tout ça » ou « J’aime bien mes cheveux » ou bien « Je suis super beau aujourd’hui… »

MJ : (Rires) Non, je ne suis jamais réellement content de ce que je vois.

OW : Et « je suis super beau aujourd’hui » ?

MJ : Non… (Il rit en répétant la phrase d’Oprah.) « Je suis super beau aujourd’hui… » Huh, j’essaye de ne pas me regarder dans le miroir. Vraiment, parce que je ne suis jamais content de ce qu’il me renvoie. Alors je préfère aller travailler à la place.

OW : Il faut absolument que je vous pose une question. Il y a beaucoup de mamans dans mon public qui m’ont demandé de vous poser cette question : Pourquoi est-ce que vous êtes tout le temps en train d’attraper votre entrejambe ?

MJ : (Rires.) Pourquoi est-ce que j’attrape mon entrejambe ?

OW : Oui, pourquoi ? Indéniablement, il y a un truc qui se passe avec vous et votre entrejambe ? (Elle sourit.)

MJ : Je pense que je fais ça de façon subliminale. Quand je danse – et si vous dansez vous-même, vous le savez sûrement –, je suis juste en train d’interpréter la musique, les sons et l’accompagnement. S’il y a une basse, je deviens la basse, s’il y a une guitare, je deviens la guitare. Donc vous devenez en réalité l’émotion de ce que représente le son. D’accord ? Donc, si je fais un mouvement, si je pars comme ça (Il montre le mouvement.), et que, paf,j’attrape mon entrejambe, c’est la musique qui me pousse à le faire. Ce n’est parce que je tiens absolument à m’attraper le bazar. En fait, je fais ces mouvements sans réfléchir, c’est très instinctif. Parfois, je regarde des bouts de vidéo et je me dis « Whaow, j’ai vraiment fait ça ??? » (Rires.)

OW : Oui !

MJ : En fait, je suis complètement dépendant du rythme.

OW : Je pense qu’une alarme incendie vient de se déclencher dans la maison. Je ne sais pas pourquoi, mais nous allons régler cela très rapidement. Nous sommes en direct, donc nous allons faire une courte pause et vous retrouver rapidement.

Pendant qu’ils règlent le problème de l’alarme incendie, à l’antenne passent des extraits vidéo avec les textes suivants :

– Thriller : album le plus vendu dans le monde

– Bad : deuxième album le plus vendu dans le monde

– Plus grande tournée mondiale

– Artiste ayant remporté le plus de Grammys

– Une étoile sur le Hollywood Walk of Fame

– Plus grand nombre de chansons n°1 des charts dans les années 1980

– Plus gros contrat jamais passé avec une maison de disques

– Artiste de la décennie

Retour à l’interview :

OW : Une fois que vous avez battu tous ces records, que vous avez créé l’album le plus vendu dans le monde, le deuxième album le plus vendu dans le monde, quand vous avez battu tous les records qu’il était possible de battre, et que vous êtes devenu une icône pour l’industrie de la musique, est-ce que vous ressentez la pression de devoir faire toujours plus et mieux ?

MJ : Oh, mon Dieu ! C’est vraiment quelque chose… Ça rend les choses encore plus difficiles pour la fois suivante. Alors j’essaye d’être aussi original et innovant que je peux l’être sans penser aux statistiques. J’essaye simplement de créer avec mon âme et mon cœur.

OW : Huh huh… Et donc, quand vous pensez à ça, que faites-vous ? Vous méditez ? Ou alors vous vous dites, allez, je vais faire le Super Bowl maintenant ?

MJ : (Rires) Non ! Je crée simplement avec ce que j’ai dans mon cœur, vraiment.

OW : Au fait, je voulais aussi profiter de l’occasion pour couper court à une autre rumeur qui s’est installée disant que j’avais obtenu cette interview uniquement parce que j’avais accepté de vous appeler le King of Pop. Et je voudrais dire au monde entier que Michael ne m’a pas demandé de l’appeler King of Pop. En réalité, je ne vous ai pas appelé le King of Pop une seule fois au cours de l’émission. En plus, je pense sincèrement que King of Pop est probablement un titre trop limité pour vous. Je pense que la plupart des gens dans le monde seraient d’accord pour dire que vous êtes incontestablement le plus grand artiste que le monde ait jamais connu. Alors, on pourrait dire que vous êtes le King of Entertainment (spectacle) par exemple? Liz Taylor a dit une fois que vous étiez le vrai King of Pop, Rock and Soul. Comment est-ce que cette idée que c’est vous qui vous êtes autoproclamé King of Pop est née ?

MJ : Je ne me suis jamais autoproclamé quoi que ce soit. Je suis simplement très heureux d’être en vie, et je suis heureux de ce que je suis et de ce que je fais. C’est Liz Taylor qui pour la première fois a utilisé l’expression King of Pop au cours d’une remise de prix.

OW : Il se trouve que nous avons les images de cette remise de prix. Profitons-en pour la regarder.

Extrait vidéo, cérémonie Heritage Award en 1989.

OW : Alors, c’est comme ça que tout a commencé ?

MJ : Oui. Et ensuite, tous les fans, dans tous les stades où on a joué, ils ont apporté des grandes bannières avec King of Pop inscrit dessus, et des vestes et des tee-shirts…. Et sous les fenêtres de mes chambres d’hôtel, je les entendais chanter « King of Pop, King of Pop ». Ça a tout simplement voyagé à travers le monde.

OW : Donc, c’est arrivé comme ça, spontanément.

MJ : Oui.

OW : Mais vous ne m’avez pas demandé de vous appeler King of Pop ? (Elle sourit.)

MJ : Non ! Pourquoi est-ce que je vous demanderais une chose pareille ? La presse adore créer ce genre d’histoires, je veux dire, une fois de plus ! Ne lisez pas la presse à scandales, vraiment, c’est nul.

OW : Est-ce que vous sortez ? Est-ce que vous avez une petite amie ?

MJ : Oui. (Un peu gêné.)

OW : Qui est votre petite amie ?

MJ : En ce moment, c’est Brooke Shields.

OW : Huh huh….

MJ : On fait attention à ne pas se montrer partout. On se voit surtout chez l’un ou l’autre. Parfois elle vient à la maison, d’autres fois, c’est moi qui vais chez elle, parce que je n’aime pas me montrer en public.

OW : Est-ce que vous avez déjà été amoureux ?

MJ : Oui.

OW : De Brooke Shields ?

MJ : Oui, et d’une autre femme aussi.

OW : Et d’une autre femme… Je vais vous poser une question, et c’est très gênant pour moi de vous poser cette question, mais je vais quand même vous la poser. Est-ce que vous êtes vierge ?

MJ : (Il fait un sourire terriblement gêné.) Oh ! Comment est-ce que vous pouvez me poser ce genre de question ? (Rires maintenant.)

OW : Je voudrais simplement savoir.

MJ : (Il sourit.) Je suis un gentleman.

OW : Vous êtes un gentleman ?

MJ : Oui, je suis un gentleman. (Il sourit toujours.)

OW : Bon, d’accord. J’interpréterai cela de la façon suivante : vous croyez qu’une femme doit être respectée et donc… (Michael l’interrompt)

MJ : Cela concerne ma vie privée, c’est personnel. En fait, nous ne devrions même pas discuter de ce genre de choses ainsi. Vous pouvez dire de moi que je suis vieux jeu si vous voulez, mais pour moi c’est une question vraiment très personnelle.

OW : Donc, vous n’allez pas me répondre ? (Elle sourit)

MJ : (Il sourit aussi) Je suis extrêmement gêné ! (Rires)

OW : Je voulais aussi savoir si vous envisagiez de vous marier un jour et d’avoir des enfants ?

MJ : J’aurais l’impression qu’il manque quelque chose de très important dans ma vie si je ne le fais pas, parce que j’adore la vie de famille et j’adore les enfants. C’est un de mes rêves. Mais c’est impossible pour l’instant, parce que je suis surtout marié à mon travail, à ma musique. Et pour accomplir le genre de choses que je veux accomplir, ma relation à la musique doit être aussi fusionnelle que possible. Et…

OW : Et quel genre de femme vous fait… (Rires de Michael) Comme dans cette vidéo que nous allons voir tout à l’heure, il y a une phrase où vous évoquez la notion de désir assouvi (N.D.T. : Quench my desire). Alors quel genre de personne vous fait cet effet ?

MJ : Humm, eh bien, Brooke. Je l’ai toujours beaucoup appréciée… Et aussi quand j’étais petit, j’avais l’habitude de passer beaucoup de temps avec Diana Ross. Mes frères et moi, nous sommes restés pendant des années avec elle. Je ne l’ai jamais dit à personne, mais j’avais le béguin pour elle à l’époque. (Il sourit)

OW : C’est vrai ? (Elle sourit)

MJ : Oui, vraiment. (Il sourit toujours)

OW : J’ai entendu une autre rumeur circuler… Apparemment, vous auriez demandé Liz Taylor en mariage ?

MJ : (Rires) Liz est une très belle femme, superbe… Et elle l’est toujours aujourd’hui. Et je suis fou d’elle.

OW : Oui ! (Elle sourit.) Mais est-ce que vous lui avez demandé sa main ?

MJ : J’aurais aimé le faire…

OW : Eh bien, Liz est là avec nous. Est-ce que Liz peut nous rejoindre ? Liz a dit qu’elle souhaitait être là pendant toute l’interview pour vous réconforter et vous tenir la main… Mais je n’ai pas l’impression que vous ayez besoin qu’on vous tienne la main maintenant.

(Liz entre dans le salon, ils s’embrassent, elle est hilare. Dialogue entre OW et Liz Taylor)

OW : Est-ce que Michael vous a demandé en mariage ?

LT : Non !!! (Éclats de rire.) Et moi non plus, je ne lui ai jamais demandé de m’épouser…

OW : Qu’est-ce que les gens ont le plus de mal à comprendre à propos de Michael à votre avis Liz ?

LT : Eh bien, toutes les choses que vous avez déjà évoquées… Vous savez, c’est l’homme le moins bizarre que je connaisse. Il est très intelligent, très intuitif, compréhensif, bienveillant, généreux… Et sa seule excentricité, en réalité, c’est qu’il est aussi immense que la vie. Et parfois, les gens n’arrivent pas à accepter ça ni à le comprendre. Son talent quand il est sur scène !… Pourquoi l’ai-je appelé le King of Pop, Rock and Soul ? C’est tout simplement parce qu’aucun autre artiste ne lui arrive à la cheville. Personne ne danse comme lui, personne n’écrit des chansons ou crée de la musique comme lui ! Et personne n’est capable de provoquer l’hystérie ou l’engouement qu’il provoque.

OW : Et à votre avis, pour quelle raison êtes-vous aussi proches Michael et vous ? Qu’est-ce qui est à l’origine de ce lien si fort entre vous ? Parce que les gens pensent que c’est bizarre…

LT : Ce n’est pas bizarre du tout ! Vous savez, nous avons eu le même genre d’enfance, et c’est ce qui nous lie depuis le début… J’ai été une enfant star à l’âge de 9 ans, j’ai été maltraitée par mon père… C’est ce qui nous a rapproché l’un de l’autre dès le début.

OW : Et qu’est-ce que vous aimeriez le plus que le monde sache à propos de Michael ?

LT : Je veux que les gens sachent à quel point c’est un homme merveilleux, attentionné, généreux et gentil.

OW : Et drôle aussi !

LT : Oh oui ! Follement drôle ! Mais surtout, d’une extrême gentillesse.

OW : Merci beaucoup de nous avoir rejoints, Liz. (Liz sort de la pièce.)

Oprah et Michael sont à l’extérieur, ils traversent la propriété dans une petite voiture conduite par Michael.

OW : Alors, ça, ça m’impressionne ! C’est vous qui conduisez la petite voiture ! (S’adressant au public.) Nous sortons de la maison et nous nous dirigeons maintenant vers cet incroyable parc d’attractions, qui se trouve à quelques centaines de mètres de la maison. Cet endroit est incroyable !

MJ : Merci !

OW : Est-ce que vous avez construit tout ça pour vous ou est-ce que vous l’avez fait pour tous les enfants qui viennent s’amuser ici ?

MJ : Pour moi et pour les enfants. Toutes les trois semaines, je fais venir des enfants très malades (en phase terminale de cancer) à la maison. Ils viennent grâce à la fondation Make-A-Wish. (N.D.T. : Cette fondation propose à des enfants très malades de réaliser un de leurs vœux, sachant qu’ils ne vont peut-être pas survivre à leur maladie.) Les enfants viennent, et moi je fais tout ce que je peux pour qu’ils s’amusent.

OW : Huh huh…

MJ : Ils viennent ici, s’amuser dans le parc d’attractions.

OW : Whaow, c’est incroyable, c’est extraordinaire toutes ces attractions, ces manèges, la grande roue, les auto-tamponneuses !

MJ : Merci. Vous savez, quand vous venez ici, vous retombez instantanément en enfance. Et j’adore tous ces manèges…

OW : Vous avez pu profiter de tout cela quand vous étiez enfant ?

MJ : Pas vraiment… parfois, mais pas très souvent…

OW : Maintenant, vous pouvez en profiter autant que vous voulez !

MJ : Oui, les attractions sont dans mon jardin !

OW : Est-ce que vous venez souvent ici ?

MJ : À chaque fois que je suis à la maison, je viens faire un tour dans une des attractions.

OW : Est-ce que tout cela est lié à ce dont nous avons parlé tout à l’heure, cette difficulté de grandir et d’avoir été privé des choses que les enfants font habituellement ? Ainsi, avec votre parc d’attractions, vous pouvez enfin réaliser vos rêves d’enfant ?

MJ : Pour compenser ce que je n’ai pas eu, oui, absolument.

OW : Vraiment ?

MJ : Oui, vraiment.

OW : Mais, est-ce que c’est vraiment possible de reconquérir votre enfance ? Est-ce que vous pouvez vraiment ressentir la même chose que lorsque vous étiez enfant ?

MJ : (Rires) C’est encore plus amusant.

OW : Vraiment ?

MJ : Je ne voudrais rien changer dans mon passé, même si j’avais la possibilité de le faire… Je m’amuse énormément !

Oprah et Michael ont fini de traverser le parc d’attractions. Ils arrivent à la salle de cinéma.

OW : Et nous voici maintenant dans la salle de cinéma. J’ai mangé tellement de bonbons ici l’autre jour au comptoir à bonbons ! (Rires.)Mais les bonbons sont pour les enfants normalement ! Ce qui me fascine chez vous, c’est que vous avez vraiment une relation extraordinaire avec les enfants. Quand je les vois avec vous, en train de jouer avec vous, c’est comme si vous étiez l’un d’entre eux. Mais à l’évidence, ce n’est pas un enfant qui a créé Neverland, ce n’est pas un enfant qui a organisé tout cela. C’est vraiment somptueux !

MJ : Oh, merci ! Vous savez, j’adore faire des choses pour les enfants. J’essaye d’imiter Jésus-Christ. Pas de me prendre pour lui, attention ce n’est pas du tout ce que je veux dire.

OW : Oui, j’avais compris…

MJ : J’essaye de l’imiter quand il dit qu’il faut agir comme les enfants, aimer les enfants, avoir la même innocence qu’eux, regarder le monde avec des yeux émerveillés pour découvrir toute la magie et la beauté du monde. C’est ce que j’aime. Imaginez une centaine d’enfants atteints du cancer, chauves à cause de la chimiothérapie, qui viennent ici. Et il courent partout et ils s’amusent comme des fous. Je pleure de bonheur quand je vois que j’ai été capable de leur donner autant de joie. Ça me rend tellement heureux.

OW : Huh huh… Quand je suis venue ici il y a environ un mois pour tourner la publicité censée promouvoir l’interview en direct de ce soir, ce qui m’a le plus impressionnée, c’est cette chambre construite à l’intérieur des murs avec les lits d’enfants, lits qui sont réservés aux enfants malades. Et en observant tout cela, j’ai pensé que vous étiez quelqu’un de vraiment très attaché aux enfants pour mettre en place tout cela pour eux, ces lits qui sont installés à l’intérieur des murs…

MJ : Oui. Certains enfants ont des perfusions intraveineuses, et ils sont très malades, ils ne peuvent pas se tenir assis. Ces lits, ce sont des lits d’hôpitaux et vous pouvez appuyer sur un bouton pour les relever ou les baisser… De cette façon, les enfants peuvent voir tout ce qui se passe dans la salle. Il y a un spectacle de magie, des films, des dessins animés !… Tout ce qui est possible pour qu’ils puissent s’évader vers un monde imaginaire, qu’ils n’ont jamais pu connaître, ce monde dont j’ai été privé quand j’étais enfant.

OW : Maintenant, je vais vous poser la question suivante. Vous savez, je crois sincèrement que rien n’arrive par hasard dans la vie. Est-ce que vous pensez que si vous n’aviez pas eu cette enfance difficile, sans jeux, sans copains, vous auriez été aussi sensible aujourd’hui à la cause des enfants ? Est-ce que vous vous sentiriez aussi proches d’eux ?

MJ : Probablement, oui. Mais peut-être pas autant. Et c’est pour cette raison que je ne changerais rien dans ma vie. Je suis très heureux de ce qui se passe dans ma vie, et de tout ce que je fais pour les enfants.

OW : Est-ce que vous êtes vraiment heureux maintenant ? Parce que vous avez été malheureux pendant très longtemps…

MJ : (Rires.) J’ai été vraiment triste pendant de nombreuses années. Mais je suis heureux maintenant, oui, très heureux.

OW : Et qu’est-ce qui vous a rendu heureux ?

MJ : Pouvoir donner aux autres, et aider les autres. Créer la fondation Heal The World, qui a pour but d’aider et soigner les enfants à travers le monde. Nous allons faire Heal Los Angeles maintenant. Nous avons plusieurs objectifs pour cette fondation : un programme grande frère et grande sœur auprès d’enfants en difficulté et des campagnes de sensibilisation contre la drogue. Jimmy Carter s’est associé à nous pour créer Heal Atlanta. Et nous avons comme projet de nous déplacer d’état en état. Nous sommes déjà allés à Sarajevo, nous sommes allés à tellement d’endroits…

OW : Je sais. Il y a des photos de vous prises dans le monde entier avec tous ces enfants. Je pensais juste à une autre chose. Avant de venir ici, nous avons parlé de toutes les rumeurs à votre sujet, et la plus étrange que j’aie entendue, c’est que vous avez recours à un trucage pour le moonwalk, que vous ne savez pas le faire en fait, que vous avez un truc avec des miroirs… et que tout est faux !

MJ : Oh, mon Dieu ! Non, ce n’est pas vrai !

OW : En fait, nous avons consacré tellement de temps à décortiquer toutes ces rumeurs, pour essayer de rétablir la vérité, que je n’ai même pas eu l’opportunité de discuter avec vous de votre musique, ni de votre manière de concevoir vos chansons et vos chorégraphies. Tout d’abord, quelle est l’origine du moonwalk ?

MJ : Le moonwalk vient des gamins noirs qui vivent dans les ghettos. Ce sont des génies, ils ont un talent naturel pour la danse… J’ai donc observé leurs mouvements, et je les ai améliorés.

OW : OK. Je veux vous voir danser maintenant ! Je veux vous voir danser !

MJ : Oh mon Dieu, non ! (Très gêné.)

OW : Je veux vous voir danser en vrai !

MJ : Oh non, peut-être que je peux vous montrer un pas ou deux… mais je ne suis pas du tout échauffé…

OW : Pas échauffé ????

(Michael monte sur la scène et danse sur Dangerous)

MJ : Voilà, c’est le moonwalk, mais il faut que vous le preniez de côté.

OW : Vous allez vous tourner ?

MJ : Votre caméra est devant ?

OW : C’est bon, on vous a !

MJ : Prenez-bien mes pieds de côté !

OW : OK ! Vous pouvez me remontrer plus lentement ? Juste un peu plus lentement, que je puisse bien voir le mouvement…

(Michael refait le moonwalk et essaye de décrire le mouvement des pieds à Oprah. Il s’arrête et descend de la scène.)

MJ : Désolé…

OW : (Elle applaudit Michael.) Whaouw ! Je l’ai vu en vrai ! Je l’ai vu en vrai ! Et alors vous avez d’abord vu les jeunes des ghettos danser comme ça ?

MJ : Oui, parce que je pense que ce sont eux les vrais danseurs.

OW : Quand nous étions dans cette salle la dernière fois pour filmer la pub de l’émission, vous étiez en train de préparer le Super Bowl…(Michael l’interrompt.)

MJ : Hé, mais vous deviez danser avec moi !!! (Il sourit.)

OW : Mais je suis complètement incapable de faire ça (rires de Michael). Sérieusement, je ne sais pas faire ça. Vous savez, parmi toutes les choses qui ont été dites dans les tabloïds, la seule qui était vraie, c’est que je ne sais pas danser. C’est la stricte vérité ! Donc, pendant que nous étions en train de préparer cette publicité, vous étiez très occupé par le Super Bowl, entre les prises de vues, courir partout, la conception de la chorégraphie, la répétition de la chorégraphie… Vous avez travaillé toute la nuit !

MJ : Pour le Super Bowl ?

OW : Oui.

MJ : Oui, eh bien, je ne suis jamais satisfait. Même quand je regarde quelque chose que j’ai fait et que les gens disent « Waou, c’est extraordinaire ! », je ne suis pas satisfait. Quand j’ai participé à la soirée Motown 25 (en 1983) et que j’ai dansé le moonwalk pour la première fois, eh bien, dans les coulisses après, je pleurais, parce que je n’étais pas content de ce que j’avais fait.

OW : Vous avez pleuré après la performance pour Motown 25 ????

MJ : Oui, juste après. Mais ensuite, en quittant le théâtre, je suis tombé sur un gamin, il devait avoir dans les 12 ans, et il m’a dit « Ouah, c’est incroyable ce que tu as fait, c’est extraordinaire, qui t’a appris à danser comme ça !! » Et c’est la première fois que je me suis dit que j’avais bien dansé ce soir-là, parce que les enfants sont incapables de mentir, et ça m’a rendu tellement heureux. (Rires.)

OW : Vous vous êtes senti tellement heureux que vous avez probablement eu envie de faire un de vos « Hi hi »…! (Ils rient tous les deux.)J’aimerais que vous chantiez quelque chose a cappella pour moi maintenant !

MJ : Oh, non !… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir vous chanter ? (Il est très gêné.)

OW : Peut-être que vous pourriez faire un de vos trucs de beatbox, vous savez ? Comme on est dans le théâtre, c’est l’occasion d’en profiter !

MJ : Oh la la ! Qu’est-ce que je vais vous chanter…. Peut-être Who Is It ?…. Hum… (Toujours très gêné.)

OW : Comment ça vous est venu à l’idée votre « Hi Hi  » ?

MJ : (Il chante son Hi Hi, puis il commence à bouger en rythme avec sa tête et entame un beatbox de Who Is it… Il poursuit en chantant quelques paroles de la chanson, dont le refrain. En même temps, Oprah bouge en rythme et tape des mains.)

OW : Whaouw ! C’était super !

MJ : Voilà, c’était un petit passage de Who Is It… Vous me l’avez demandé, alors… (Michael a l’air toujours aussi gêné et timide.)

OW : Merci, c’est très gentil de l’avoir fait, j’apprécie beaucoup ce que vous venez de faire pour moi.

MJ : Ca me gêne beaucoup… Ca me gêne beaucoup de chanter comme ça, vraiment.

OW : Mais, c’était super, j’ai adoré ! C’était génial ! (Elle le serre dans ses bras.)

Suivent des extraits de vidéo-clips de Michael.

OW : Avant, dans les clips vidéo, les artistes se contentaient de chanter leur chanson. Jusqu’à ce que vous débarquiez et que vous révolutionniez complètement ce genre. Est-ce que vous aviez conscience au moment où vous avez fait votre premier clip que c’était une vraie révolution ?

MJ : Oui, absolument. Ce que je voulais faire, dans mes vidéos, c’était raconter une histoire, avec un début, un développement et une fin, comme un mini-film. C’est vraiment ce que je voulais faire. Et c’est exactement ce que nous avons fait avec Billie Jean et Beat It, et ensuite ThrillerSmooth Criminal et tous les autres.

OW : Donc quand vous commencez à créer une de vos chansons, vous pensez déjà à la vidéo et au scénario de la vidéo ?

MJ : Souvent, oui, c’est vrai.

OW : Je me demande ce qu’on peut ressentir – moi, je ne le saurai jamais, donc je ne peux pas imaginer ce que c’est – quand on est sur scène et qu’on est devant une marée humaine ! En regardant toutes les vidéos de vous pour l’émission de ce soir, j’ai été stupéfiée de voir comment, dans le monde entier, les gens réagissent quand ils vous voient. C’est phénoménal. Je voulais juste montrer quelques extraits de vidéos pour que les téléspectateurs voient la réaction de vos fans et de votre public.

Extraits vidéo de concerts, avec les masses de gens, les cris, les pleurs, les évanouissements…

OW : Alors, dites-moi, quand vous êtes sur scène, et que vous voyez cette foule en face de vous, en train de crier votre nom, qu’est-ce que vous ressentez ?

MJ : De l’amour. Je ressens énormément d’amour. Et aussi que j’ai beaucoup de chance. Et je me sens très honoré d’être un instrument de la nature, d’avoir été choisi pour donner tout cela aux gens, tout ce que je leur donne. Je suis très honoré et très heureux.

OW : Un instrument de la nature ? C’est une façon très intéressante de vous décrire…

MJ : Merci.

OW : Est-ce que vous avez développé une forme de spiritualité ?

MJ : Hum, comment ça ?

OW : Eh bien, est-ce que vous réfléchissez au sens de la vie, est-ce que vous avez l’impression qu’il existe quelque chose de plus grand que vous, qui vous dépasse ?

MJ : Je crois en Dieu, oui, profondément.

OW : Huh huh… Je crois que chaque être humain à un rôle à jouer, qu’il a une mission précise à accomplir quand il vient au monde. La plupart des gens passent leur vie à essayer de comprendre la raison de leur présence sur Terre. D’après vous, quel est votre rôle ? Quel est votre mission ?

MJ : Ma mission ? Oh la la !… Je crois que ma mission c’est tout simplement de donner, du mieux que je peux, à travers la musique et la danse. Je suis complètement dévoué à la musique. Je crois que le but ultime de toute forme d’art, c’est d’unir l’humain et le divin. Je crois que c’est pour ça que l’art existe. Et j’ai le sentiment que j’ai été choisi comme un instrument de la nature pour donner de la musique, de l’amour et de l’harmonie aux autres, aux enfants et aux adultes.

OW : Est-ce que vous pensez que, maintenant que vous avez accepté de parler au monde, que vous avez livré des choses personnelles vous concernant, est-ce que vous pensez que les gens vont plus se concentrer sur votre musique, et vous juger uniquement sur votre musique et non toutes ces autres choses qui sont racontées à propos de vous ?

MJ : Eh bien, j’espère oui, sincèrement. J’aimerais beaucoup que ce soit le cas.

OW : Eh bien, j’espère aussi que c’est ce qui va se passer. Je suis également très excitée à l’idée de partager tout cela avec le reste du monde, et justement comme cette interview est retransmise dans le monde entier, nous nous sommes dit que c’était l’occasion idéale pour présenter en exclusivité votre nouvelle vidéo : Give In to Me.

Vidéo de Give In to Me.

OW : Dites-moi, comment ça se passe pour créer une vidéo comme ça ? Comment vous commencez avec ce « Quench my desire… » pour aboutir à cette vidéo ?

MJ : (Il sourit.) Eh bien, pour Give In to Me, ce que je voulais, c’était écrire une autre chanson qui soit vraiment excitante, et avec des guitares, comme quand j’ai fait Beat It et Black or White. Et Slash, qui est un grand ami à moi… on adore les animaux et tout… Il voulait jouer de la guitare et, moi aussi, je voulais qu’il joue de la guitare sur cette chanson… Alors finalement, nous sommes allés en Allemagne et nous avons tourné ce clip en à peine deux heures. On n’avait quasiment pas de temps pour faire ce clip. On voulait une ambiance vraiment survoltée, de l’excitation, et avec des fans, comme si on donnait un vrai concert de rock. Et voilà, c’est le résultat.

OW : Vous venez juste de parler d’animaux. Et je suis sûre que tout le monde va me poser la question quand l’interview sera terminée : où sont les animaux ? Je vous ai avoué au début que je pensais trouver des chimpanzés sautant partout dans votre maison, et je n’en ai vu aucun… Où est Bubbles ?

MJ : En fait, les animaux sont partout. Ils sont dans leurs cages et les habitats qui ont été recréés spécialement pour eux avec des jeux, et ils sont partout, sur toute la propriété. Ils sortent le jour et ils jouent…

OW : Comment se fait-il que vous soyez à ce point fasciné par les animaux ?

MJ : En fait, je trouve chez les animaux les mêmes choses que je trouve extraordinaires chez les enfants : pureté, honnêteté, ils ne vous jugent pas, ils n’essayent pas d’obtenir des choses de vous, ils veulent simplement devenir votre ami. Et c’est vraiment très agréable, ils sont tellement mignons.

OW : C’est aussi mon avis. Bon, eh bien, je pense que nous avons fait le tour de toutes les rumeurs, il n’y a pas de chimpanzé courant partout à travers la maison ! (Rires de Michael.) Il n’y a pas de caisson à oxygène… Peut-être que vous allez quand même essayer de vous attraper l’entrejambe un peu ?

MJ : (Rires.) Je ne sais pas, c’est à la musique qu’il faut demander ça !

OW : Demander à la musique ! Oh, j’ai failli oublier de vous parler de la journée d’investiture de Bill Clinton ! Est-ce que vous avez dit au Président Clinton que vous chanteriez uniquement si vous étiez le seul artiste présent pour cette investiture ?

MJ : C’est encore une histoire affreuse. C’est complètement stupide, je n’ai jamais rien entendu d’aussi stupide. Pourquoi est-ce que je demanderais à être le seul artiste à chanter ? Pourquoi est-ce que je ne voudrais pas que d’autres artistes participent ? Je ne pense même pas à ce genre de choses, ce n’est pas ce que j’ai dans mon cœur. Je ne demanderais jamais une chose pareille. C’est comme pour toutes les autres histoires, quelqu’un a inventé ça et le monde entier y croit. Mais c’est complètement faux, je n’arrive même pas à croire qu’on puisse raconter ce genre de choses.

OW : Quelle est la chose que vous auriez vraiment envie que les gens sachent à propos de vous ?

MJ : Ce que j’aimerais laisser dans l’Histoire, vous voulez dire ?

OW : Non, pas ça, pas du tout ! Ce que vous aimeriez qu’ils sachent aujourd’hui, tout de suite, pas quelle trace vous allez laisser dans l’Histoire…

MJ : Eh bien, je voudrais qu’ils sachent que je suis un artiste, que j’aime profondément ce que je fais. Et je voudrais que tout le monde aime ce que je fais, et je voudrais que les gens m’aiment. Je voudrais simplement que les gens m’aiment, partout où je vais, à travers le monde. Parce que j’aime les autres, du plus profond de mon cœur, peu importe leur race.

OW : Huh huh… Vous savez, quelqu’un m’a posé cette question un jour, et j’adore cette question, alors je vais vous la poser maintenant. Vous avez 34 ans, qu’avez-vous comme certitudes ?

MJ : Humm… Oh, vous savez, je continue à apprendre des choses tous les jours. La vie est un véritable apprentissage pour moi au quotidien. Alors, je ne sais pas quoi vous dire, je n’ai aucune certitude en fait.

OW : Eh bien, je ne pourrai jamais vous remercier assez de nous avoir ouvert votre maison et d’avoir partagé ce moment avec nous. Et je vous souhaite sincèrement tout le bonheur possible. Vous savez, j’adore être ici, parce que j’ai l’impression d’être une petite fille de nouveau. Et en venant ici, je m’étais promis que je ferais un tour dans vos attractions (Michael rit.), et c’est exactement ce que je vais faire maintenant ! Je vais aller sur les manèges, j’ai bien l’intention de m’amuser comme une folle et de manger du pop-corn ! Et une fois que j’aurai fini, peut-être que vous allez me montrer comment faire le moonwalk, quand il n’y aura plus personne pour me regarder danser !

MJ : D’accord, on va faire ça !

OW : C’était chouette cette interview !

MJ : Oui, c’était très chouette !

Retranscription et traduction : Sendre (pour MJFrance)

Les scènes coupées

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