Discographie,  Les lieux de tournages

The Jacksons, Goin’ Places, octobre 1977

Après The Jacksons, Goin’ Places, le deuxième album des frères Jackson sous le label Epic/CBS, sort le 18 octobre 1977.

Ayant quitté la Motown l’année précédente afin d’avoir plus de liberté d’écriture et de production de leurs titres, le groupe reste encore toutefois, pour cet opus, sous la direction artistique du duo mythique de producteurs de Philadelphie, Kenneth Gamble and Leon Huff.

Enregistré aux célèbres Sigma Sound Studios de Philadelphie entre décembre 1976 et août 1977, l’album n’aura toutefois pas le succès escompté, il est même l’un des pires albums du groupe en termes de ventes.

Goin’ Places emmène donc à nouveau les frères Jackson enregistrer sur la côte Est avec deux titres en poche, écrits par le groupe et nés dans le studio de la maison familiale d’Encino, Every Kind of Lady et Do What You Wanna.

L’album est accompagné d’une vidéo promotionnelle tournée à New York, qui paraît en novembre 1977. Mais c’est à Los Angeles que le groupe, sous l’objectif du photographe Miles Reid, réalise le photoshoot pour la pochette de l’album.

La pochette de l’album

Le photographe Reid Miles qui a d’abord débuté en tant que graphiste, est principalement connu pour son travail avec le label de jazz Blue Note. En 1955, âgé de 28 ans et jeune diplômé du  Chouinard Art Institute, une école d’Art de Los Angeles, Miles rejoint le label avec pour mission de créer des pochettes de disques. Près de cinq cents pochettes, alliant la photographie et le graphisme, dans un design basique sortiront de son imagination, parfois en étroite collaboration avec son ami Andy Warhol, jusqu’à son départ du label en 1967. Ce graphisme novateur aura un réel impact sur le design graphique du XXème siècle et ces pochettes sont aujourd’hui des objets de collections.

Au cours des années 70, Miles se tourne vers la publicité en se faisant un nom avec des photos qui s’inspirent du style narratif très distinctif de Norman Rockwell.

Et c’est précisément le cas avec la pochette de l’album Goin’ Places. Pour Miles, comme ce le fut pour Rockwell, chaque détail a son importance et doit faire en sorte de refléter au mieux les textes. Miles soignait ses décors, et utilisait les personnages de la société pour ses compositions.

La session photos a eu lieu en studio, peut être dans le studio de Miles dans une rue proche de Hollywood Boulevard, à Los Angeles. Il n’était pas rare alors que le photographe réalise plusieurs sessions séparément et qu’il assemble ensuite les différents personnages, les différentes scènes dans un montage final. Difficile de savoir si c’est le cas pour Goin’ Places mais on constate qu’effectivement l’image de la pochette se divise en deux compositions : à gauche les frères Jackson avec leur costume taché, leurs gants blancs et leur chapeau haut de forme ou leur casque de motard, à droite, trois hommes issus de l’Amérique profonde … ou quand le monde du show business rencontre la société américaine.

Tous sont penchés vers des cartes routières dans une vieille station service que l’on trouve encore dans certains villages reculés des Etats-Unis. Les panneaux GAS, AIR, et COLD DRINKS ainsi que les plaques minéralogiques servent d’indices pour imaginer les lieux.  On notera aussi les deux bouteilles de soda entamées sur la pompe à essence, dont la marque reste représentative du pays.

La mise en scène, épurée, sur un fond blanc, voulue par Reid Miles, est donc bien une représentation du titre Goin’Places, que l’on pourrait traduire en français par «aller dans des lieux » mais aussi, plus rarement, par « chercher son chemin »: les Jackson, à l’intérieur de la pochette, sur leur motos Honda et Kawasaki  (des marques pour lesquelles Reid Miles a créé des affiches publicitaires, tout comme Coca Cola) sillonnent les routes  (« I like the feelin’ I get,  When I’m riding in a jet, Say I’m goin’ places », « I want to go to a different land », « This ole world I wanna see ») et s’arrêtent pour chercher leur chemin.  Ce sont les hommes présents dans la station service qui leur apporteront leur aide. Le style vestimentaire des trois hommes est complètement à l’opposé des frères mais n’est-ce pas ce qu’ils recherchent (« Try my best To understand The Different traditions And customs People have ») ?

Goin’ Places est une invitation au voyage, à la découverte, avec une pochette dans une approche purement Rockwellienne que Reid Miles aimait créer mais dont il existe peu de renseignement. Une publicité sortie au moment où l’album est paru disait « You know where they coming from. Now See where they’re goin’…. It’s on the record. » Les Jacksons nous emmènent avec eux à la découverte de ce nouvel album censé définir le début d’une nouvelle carrière. Car la pochette de l’album comporte bien un double message : les Jacksons sont représentés comme étant à la recherche de leur chemin, littéralement parlant, « to go places », ils sont aussi et surtout à l’époque à un stade de leur carrière où ils souhaitent prendre en main la direction de leur propre musique, comme l’explique Michael dans Moonwalk : « Goin’ Places, notre deuxième album pour Epic, était différent du premier. Il y avait davantage de chansons à message et moins de chansons pour la danse. Nous savions que le message de paix, sur une musique plus élaborée était la chose à faire, mais ce n’était pas encore notre vrai style. »

L’album n’ayant malheureusement pas eu l’impact voulu, certains iront même jusqu’ à dire que la pochette atypique n’a pas non plus contribué aux ventes. 

La track-list

Face 1
Music’s Takin’ Over (John Whitehead, Gene McFadden, Victor Carstarphen) – 4:26
Goin’ Places (Kenneth Gamble & Leon Huff)- 4:30
Different Kind of Lady (Jackie Jackson, Michael Jackson, Marlon Jackson, Randy Jackson, Tito Jackson) – 4:10
Even Though You’re Gone (Kenneth Gamble & Leon Huff) – 4:31

Face 2
Jump for Joy (Dexter Wansel, Cynthia Biggs) – 4:42
Heaven Knows I Love You, Girl (Kenneth Gamble & Leon Huff) – 3:55
Man of War (Kenneth Gamble & Leon Huff) – 3:13
Do What You Wanna (Jackie Jackson, Michael Jackson, Marlon Jackson, Randy Jackson, Tito Jackson) – 3:31
Find Me a Girl (Kenneth Gamble & Leon Huff) – 4:34

Quatre titres de l’album seront exploités en single, le premier d’entre eux étant le titre de l’opus Goin’ Places, en septembre 1977 (avec Do What You Wanna en face B). Un titre disco pop avec beaucoup de pêche qui n’atteint cependant que la 52ème place au Billboard Hot 100.

En décembre 1977, sort Find Me A Girl puis Even Though You’re Gone, en janvier 1978 et Music’s Takin’ Over, en avril 1978, uniquement au Royaume Uni.

Even Though You’re Gone donnera lieu à une vidéo, tournée en une journée en mars 1978, aux Sunset Gower Studios de Los Angeles. Les Jackson sont réunis sur un plateau sobre et sombre, vêtus d’un smoking bleu. Randy, Marlon, Tito et Jackie sont assis les uns à côté des autres tandis que Michael, lui aussi assis, chante devant eux. Une disposition qui montre qui est le leader du groupe, les quatre frères étant d’ailleurs réduits à assurer les chœurs derrière Michael sur ce titre.

Cette jolie ballade évoque le thème de la rupture et à deux reprises au cours de la vidéo des images viennent se superposer à celle de Michael : on voit ainsi apparaître le chanteur dans une loge, devant un miroir, tenant une lettre à la main puis une jeune femme aux cheveux longs filmée de dos, qui s’éloigne. L’image de Michael devant le miroir a été prise par le photographe Reginald Garcia présent lors du tournage (à lire ici).

Le morceau Different Kind Of Lady, écrit par les frères, rencontre un certain succès dans les boîtes de nuit mais ne paraîtra qu’en face B de Find Me A Girl.

Man of War n’a pas encore l’étoffe des morceaux humanitaires qui paraîtront une décennie plus tard sur les albums de Michael Jackson mais le message est là. « There’s a message in the music », conclue Kenneth Gamble dans sa déclaration  à l’arrière de la pochette de l’album.

Jump For Joy est un titre enthousiaste et positif. Il y a quelques années une vidéo des frères enregistrant le morceau en studio était parue. Les Jackson étaient aussi interviewés sur le nouveau tournant de leur carrière dans les Sigma Sound Studios, aux côtés de Gamble & Huff, de l’ingénieur du son Joe Tarsia. Joe Jackson, Bill Bray et Rose Fine, la préceptrice des frères n’étaient pas loin non plus.

La vidéo promotionnelle, les lieux de tournage

Pour accompagner l’album et son titre phare, une vidéo d’un peu plus de trois minutes est tournée et paraît en novembre 1977.

Les premières images montrent les Jackson qui s’installent sur un banc au milieu d’un parc. Puis la vidéo alterne les séquences du groupe, vêtu d’un costume orange très disco, interprétant la chanson sur une scène où brillent de nombreux spots lumineux rouges, sans public, avec des images des cinq frères jouant les touristes à New York : balade en calèche, survol de la ville et de la statue de la Liberté en hélicoptère, skate board et bâton sauteur au milieu d’un parc, promenade en barque sur un lac. Dans les dernières images, l’hélicoptère des Jackson s’envole définitivement de la ville.

Toutes les séquences de la vidéo ont été tournées en intégralité à New York, à l’automne 1977.

– Studio 54  #onmjfootsteps : 254 W 54th Street, New York

Le studio 54 est une ancienne discothèque dans le quartier de Broadway, ouverte en avril 1977 dans les locaux d’une ancienne salle d’opéra. La boîte de nuit est « The Place to Be » à la fin des années 70, haut lieu,  très sélectif (Nile Rodgers et Bernard Edwards du groupe Chic, refoulés à l’entrée, rentreront chez eux en colère, et composeront ce qui deviendra l’un des plus gros tubes du groupe, The Freak), de rencontres des stars du moment mais surtout temple de la drogue, du sexe et de tous les excès. Une perquisition en 1979 révèle une fraude fiscale et un trafic de drogue qui met fin à l’histoire de ce club mythique où ont eu lieu les fêtes les plus folles. Racheté, le studio 54 perdure encore quelques années sans regagner le même succès qui surfait sur la folie du disco. En 1986, il ferme définitivement ses portes.

Michael Jackson fréquente à plusieurs reprises la discothèque pendant qu’il séjourne à New York, alors qu’il est en plein  tournage du film The Wiz, à la fin de l’année 1977. C’est d’ailleurs très certainement au début de ce séjour New Yorkais qu’a été tournée la prestation des Jackson.

– Central Park #onmjfootsteps : Manhattan, New York

Immense poumon vert de la ville ouvert en 1873, les 341 hectares de verdure de ce célèbre parc permettent aux New Yorkais et aux touristes de respirer un peu, de s’écarter des gratte-ciels qui symbolisent la Grosse Pomme et de profiter de nombreuses activités sportives. Parc le plus visité à New York et aux Etats Unis, c’est aussi celui que choisissent les frères Jackson pour « Goin’ Places », à l’automne 77, comme en témoigne la couleur des feuilles des arbres. Et c’est dans deux lieux typiques de Central Park qu’on les y retrouve :

– The Mall : Longue de presque 500 mètres, cette allée piétonne bordée d’arbres, des Ormes Américains, apparait souvent dans les films. Surnommée « la promenade », c’est la seule ligne droite  du parc et  l’une des sections les plus visitées. Si Central Park regorge de milliers de bancs (et depuis 1986, n’importe qui peut « adopter » un banc : contre une belle participation financière, une plaque avec son nom ou un message personnel y est apposée), c’est sur cette allée qu’on les trouve en grand nombre, quasiment tout le long, de chaque côté.

Il est toutefois difficile de définir l’endroit et le banc exacts choisis par les Jackson, au début de la vidéo, puis pour faire du skate board.

– The Lake, en face de Bethesda Fountain : au nord du Mall, se trouve la très belle fontaine Bethesda érigée au 19ème siècle, sur la terrasse du même nom. L’endroit est considéré comme le centre névralgique de Central Park. Toujours bondé de monde, il borde The Lake, l’un des lacs du parc. Et c’est justement sur ce lac que l’on voit les Jackson faire de la barque à 2 :53 dans la vidéo. Le lac est en effet réputé pour être l’endroit où faire une promenade romantique en barque. Rien de romantique toutefois pour les Jackson qui avaient l’air de bien s’amuser !

L’une des activités de Central Parc permet aussi de faire des promenades en calèche. C’est sur l’un des trajets proposés, en général ils bordent les avenues qui longent le parc, là où les voitures ont le droit de circuler en journée, qu’ont probablement été filmés les frères Jackson.

– TSS Heliport (East 34th Street Heliport) #onmjfootsteps : E 34th Street, New York

L’Héliport public est situé sur la partie Est de  Manhattan, sur l’East River Greenway, entre l’East River et le viaduc FDR Drive. Si ses activités concernent principalement aujourd’hui le transport de passagers, pendant plus de vingt ans, du milieu des années 70 à 1997, les hélicoptères ont proposé des vols de tourisme, avec des survols de découverte au dessus de la ville de New York.

On aperçoit effectivement les Jackson survoler Central Park et la Statue de la Liberté à bord d’un hélicoptère dans la vidéo. Et on les voit aussi monter à bord de ce même hélicoptère à 3 :10, sur le tarmac de l’héliport, en contrebas de l’autoroute.

Goin’ Places n’est pas un album qui a marqué la carrière des frangins Jackson mais il représente plutôt un tremplin dans la suite de leurs aventures et leur retour au succès avec l’album suivant, Destiny.

Personnellement, c’est un album que j’aime beaucoup, que j’écoute régulièrement. Entre ballades et morceaux enthousiastes, je lui trouve un côté rafraichissant et la voix de Michael y est sublimée sur beaucoup de titres.

Lors d’un photoshoot pour la promotion de l’album, les frères se réunissent chez Tito, grand amateur de vieilles voitures.

La partie sur les lieux de tournage est à retrouver dans le guide pdf période The Jacksons à télécharger ici.

Sources : Michael Jackson La Totale, Richard Lecocq, François Allard/ Jam Mag, The Jacksons Band of Brothers. Merci Richard pour les photos des Jackson à Central Park 😉

One Comment

Laisser un commentaire