Michael Jackson et la famille Jackson au Flipper’s Roller Boogie Palace de Los Angeles
Lorsque le disco envahit les dancefloors à la fin des années 70, ce n’est qu’une question de temps avant que les pistes de rollers, très en vogues aux Etats-Unis à cette période, s’emparent aussi du phénomène et deviennent des lieux branchés avec de la musique et des lumières à effets psychédéliques. Le Roller Disco est né. Et si vous êtes assez âgés pour vous rappeler des films ou séries tels Xanadu, Charlie’s Angels (Drôle de dames) ou Chips, alors vous avez forcément connu cette mode.
Entre 1979 et 1981, Flipper’s Roller Boogie Palace a été « the place to be » à Los Angeles, à l’instar du studio 54 pour New York. L’actrice Jacklyn Smith – ex Drôle de Dames – avait d’ailleurs décrit l’endroit comme « le Studio 54 sur patins. »
Tout commence lorsque le producteur de radio britannique Ian « Flipper » Ross, arrivé aux États-Unis à la fin des années 1970, découvre en 1977, l’Empire Roller Disco de Brooklyn : « Tu ouvrais cette porte et il y avait ce bruit, ce son qui t’arrive aux oreilles. C’était chaud, c’était fort, c’était incroyable », raconte Ross dans le livre Flipper’s Roller Boogie Palace, sorti en 2021. Ross n’avait cependant pas encore l’idée d’ouvrir un roller disco lui-même. Installé à Los Angeles en 1979, un ancien bowling à vendre au cœur de West Hollywood, au coin de Santa Monica Boulevard et de La Cienega Boulevard, va le faire changer d’avis. Avec le soutien financier de Berry Gordy, le fondateur de la Motown, Ross, rachète le building avec son dôme doré et au style art déco et, le 4 juillet 1979, le Flipper’s Roller Boogie Palace ouvre officiellement ses portes…. Et va devenir un lieu iconique du Los Angeles des années disco.
Niles Rodgers, du groupe Chic, raconte dans le livre : « Quand il a ouvert, le Flippers’s est devenu un des lieux les plus réputés de la ville. J’y suis allé avec Madonna. J’y suis avec Basquiat parce qu’il était proche de là où on faisait du shopping. La piste de roller Washington était exclusivement pour les noirs, celle de Sunset était multiculturelle mais quand Flipper’s a ouvert, avec cette folie du disco, le concept c’était « nous sommes de la même famille.»
C’est effectivement son attitude égalitaire et sa position, rare à l’époque, en tant que lieu de vie nocturne où différentes ethnies et sexualités pouvaient se rencontrer, sans contrainte de dress code, qui en fait un succès. « C’était à la même époque que le Studio 54 », explique Liberty Ross, la fille de Ian Ross, « mais c’était tout le contraire, à bien des égards. C’était non exclusif. Peu importe que vous soyez noir ou blanc, riche ou pauvre, âgé de 3 ou 103 ans. Il n’y avait pas de cordon de velours. Si vous pouviez payer les cinq dollars sur le pas de la porte, vous pouviez entrer.» (1)
A son apogée, Le Flipper’s Roller Boogie Palace a accueilli de nombreuses stars – Elton John, Sting, Kareem Abdul-Jabbar, Margaux Hemingway, Robin Williams, Cher, Jane Fonda, …– et Prince y a donné un concert en mars 1981 lors de sa tournée Dirty Mind.
Mais le lieu le plus branché de la côte ouest devient trop bruyant, trop gênant et en octobre 1981, il est contraint par la police de fermer. L’aventure s’arrête brutalement après deux et demi de succès.
Le Flipper’s Roller Boogie Palace laissera la place à un CVS Pharmacy qui existe toujours aujourd’hui au 8491 Santa Monica Blvd.
La famille Jackson au Flipper’s Roller Boggie Palace
Une série de photos en vente sur Ebay en août 2024 (pour 49 999 $ !!!) nous apprend que Michael Jackson et sa famille ont fait partie des personnalités à avoir fréquenté le Flipper’s Roller Boogie Palace.
La date est incertaine ainsi que l’occasion. Le vendeur évoque l’année 1979, peu après l’ouverture de l’endroit, mais au vu du look de Michael, il s’agit certainement de l’année 1980. La présence de nombreux membres de la famille Jackson sur une photo de groupe, les frères et leurs épouses – Marlon et Carol, Tito et Dee-Dee, Jermaine et Hazel – les deux sœurs, Janet et Rebbie, ainsi que des amis, appartenant à la Motown, dont Barry White et Phillip Ingram, du groupe Switch, laisse à penser qu’il pourrait s’agir d’une fête de famille. Le lieu ne semble pas avoir été privatisé, on aperçoit d’autres clients.
On connaissait déjà quelques photos de cet évènement (ci-dessus) mais les autres sont totalement inédites et on peut y voir Michael Jackson faisant du roller (il savait aussi faire ça !!) – ainsi que Janet et Jermaine – attablé avec sa sœur Janet ou encore posant avec ses frères. Des clichés spontanés qui témoignent d’une bonne ambiance.
Sur le pull de Jermaine on notera le logo de l’établissement, visible aussi sur l’un des murs de la salle.
Michael, lui, porte une veste bleue du groupe britannique de rock Electric Light Orchestra (ELO). Il semble qu’il appréciait particulièrement ce groupe. Le chanteur Jeff Lynne se souvient que Michael était venu rencontrer le groupe en backstage lorsque leur tournée mondiale est passée à Anaheim – Los Angeles en août 1978 : « Je me souviens du jour où j’ai rencontré Michael Jackson aux États-Unis. Il est venu voir ELO lorsque nous jouions à Los Angeles en 1978. Il a été introduit dans les coulisses et est venu nous serrer la main. Il avait l’air joyeux mais plutôt timide, il n’y a pas vraiment eu de conversation entre nous. Mais on m’a dit qu’il aimait notre musique, et c’était vraiment un compliment [..] J’étais un grand fan de sa musique à la fin des années 1970 et dans les années 1980. Il était incroyable.»
Michael Jackson portait souvent ces souvenirs jackets à la fin des années 70/au début des années 80 (à lire ici) peut-être a-t-il acheté celle d’Electric Light Orchestra, à l’effigie de leur dernier album de l’époque, Out Of The Blue, durant ce concert. Il portera cette veste à nouveau par la suite, notamment à Hawaï en 1980 (à lire ici).
Avant la folie Thriller, deux ans plus tard, ces photos so vintage, d’une époque encore presque insouciante pour Michael (l’album Off The Wall était sorti mais ce n’était rien à côté de ce qui l’attendait), montrent que le futur King of Pop et sa famille pouvaient encore passer des moments sympathiques hors de chez eux.
Sources: (1) hypebeast.com/blind-magazine.com / Wikipedia /flippers.world (IG)