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« J’étais un enfant de neuf ans qui avait pour amis les Jackson 5 »: Weldon McDougal IV

En avril 2016, j’évoquais dans un article sur le blog un homme, Weldon McDougal III, qui aurait découvert les Jackson 5, quelques heures avant Bobby Taylor, en juillet 1968 (à lire ici)

Weldon McDougal est longtemps resté dans l’ombre des frères Jackson qu’il connaissait pourtant très bien, entraînant souvent avec lui son jeune fils Weldon qui est devenu un ami de Michael et de ses frères.

Weldon MacDougal IV a accepté de nous livrer aujourd’hui les souvenirs  de sa rencontre et de ses moments passés avec Michael Jackson qui avait à peu près le même âge que lui.

Merci à mon ami François Allard, co-auteur du livre Michael Jackson La Totale, d’avoir rendue cette interview possible. Retrouvez d’ailleurs le portrait de Weldon McDougal III dans La Totale.

34 onmjfLes Jackson 5 avec Weldon McDougal III et son fils Weldon McDougal IV

Votre père était Weldon Arthur McDougal III, il travaillait chez Motown au cours des années 60 et 70, quel était son rôle dans le label ?

Le rôle de mon père chez Motown était de promouvoir les artistes du label situés sur la côte Est des États-Unis, New York, Philadelphie, Boston, Baltimore, Washington DC.

Son travail consistait à faire jouer leurs titres sur les stations de radio locales, où il se rendait régulièrement chaque fois qu’il recevait leur disque. Par la suite, il a eu un rôle plus important car non seulement il apportait les disques mais il faisait aussi venir l’artiste avec lui.

Berry Gordy appréciait beaucoup le travail de mon père.

Votre père a joué un rôle important dans la signature des Jackson 5 chez Motown. Savez-vous comment cela s’est passé ?

Il était à Chicago pour organiser un concert d’artistes de la Motown. Bobby Taylor et le Vancouvers étaient les têtes d’affiche de ce concert, et mon père devait s’assurer que tout était en ordre. Il s’occupait aussi de la section VIP dédiée aux stations de radio. Quelques jours auparavant avait lieu un spectacle de talents dans le même club. Celui qui le gagnait avait l’opportunité de rejouer avec Bobby Taylor and The Vancouvers. Si le concert était le vendredi soir, mon père arrivait le mercredi pour tout organiser.

Joe Jackson a entendu parler que quelqu’un de la Motown organisait le concert au club. Joe voulait que ses fils entrent dans le label et il a approché mon père et lui a demandé s’il pouvait les aider. Il lui a dit qu’ils étaient dans le concours de talents, qu’il allait pouvoir les voir. Mon père lui a répondu qu’il n’avait aucun contrôle sur la signature des artistes, qu’il assurait juste la promotion pour le label. Bobby n’était pas encore arrivé en ville mais mon père a dit à Joe qu’il assisterait au spectacle.

Après avoir vu les Jackson 5 et Michael, mon père a tout de suite su qu’ils avaient beaucoup de talent. Inutile de dire qu’ils ont remporté le concours. Il a revu Joe et lui a dit que Bobby Taylor avait un contrat de production avec Berry Gordy et qu’il pouvait produire n’importe qui.

Quand Bobby est arrivé en ville pour son concert, mon père est allé le voir et lui a dit qu’il devait  absolument voir ces gamins, que c’était de la dynamite et que leur chanteur,  un petit gars, allait le bluffer. Comme beaucoup d’adultes dans ce monde du show business, Bobby a  hésité à aller voir des enfants. Mais mon père a été si persuasif, il lui a dit qu’ils avaient  gagné le concours de talents, que Bobby est allé jeter un œil. Il a adoré ce qu’il a vu et le reste fait partie de l’histoire. Bobby a été leur premier producteur à la Motown.

Quand et où avez-vous rencontré les Jackson 5 pour la première fois ?

J’avais neuf ans quand je les ai rencontrés pour la première fois. C’était curieux de voir mon père travailler avec eux à l’époque. Je vivais avec ma mère, mes parents avaient divorcé quand j’étais jeune et mon père n’habitait donc pas avec moi. Je vivais à Philadelphie et comme mon père était toujours sur la route, je ne le voyais que quand il revenait en ville. Il vivait aussi dans la banlieue de Philadelphie. Il m’emmenait toujours avec lui, au travail, quand il était en ville. J’allais donc dans des stations de radio, dans des concerts, des Meet and Greet, tout ce qui peut exister dans le monde de la musique. Il me téléphonait souvent pour savoir si je voulais aller à un concert de Gladys Knight & The Pips, des Four Tops, des Temptations, mais je n’avais que neuf ans, et même si dès très jeune, je faisais beaucoup de choses avec lui, cela ne m’intéressait pas de voir ces groupes.

Mais mon ami Pompie m’a parlé des Jackson 5. Ils avaient joué au Uptown Theater de Philadelphie, qui ressemble à l’Apollo de New York, et il m’a dit que ces garçons étaient bons. J’ai commencé à suivre ce qu’ils faisaient, à écouter leur musique et à les aimer.

J’ai demandé à mon père s’il avait entendu parler d’un groupe appelé les Jackson 5, parce que j’aimerais bien voir leur concert. Il a rigolé parce que je ne m’étais jamais vraiment soucié de qui je voyais en concert. J’étais avec mon père et cela me suffisait. Il m’a répondu qu’il travaillait avec eux et qu’ils seraient en ville deux semaines plus tard.

Mon père a demandé à ma mère si je pouvais ne pas aller à  l’école pendant quelques jours pour que je passe du temps avec eux. Le 5 mai 1970 a eu lieu le premier concert après la signature chez Motown. C’était au Convention Hall de Philadelphie, à guichets fermés, mais je n’avais pas la moindre idée à quel point ils étaient énormes.

Je les ai rencontrés deux jours avant le spectacle durant les sound-checking. Et j’ai passé le reste de la journée et une partie de la nuit avec eux. Le lendemain, je suis retourné à leur hôtel et on s’est amusé, comme peuvent le faire des enfants.

Quelles étaient vos relations avec les Jackson 5 ? Etiez-vous proche de l’un des frères en particulier ?

Comme j’étais un gamin, j’étais proche de Michael et Marlon, puisqu’ils avaient presque mon âge. Michael avait deux ans de plus que moi mais j’étais grand pour mon âge. Et ça a collé tout de suite. Sachant qui était mon père, ils me considéraient comme quelqu’un de la famille. Il n’y pas eu de moment d’adaptation, on s’est tout de suite bien entendu. A 9 ans, je ne réalisais pas ce qu’était la célébrité. J’ai grandi en côtoyant le show business et ils n’étaient pas différents des autres. Ils étaient comme mes copains d’école. Jermaine était sympa avec moi. Il a été la première personne à me montrer la façon dont les noirs se serraient la main. Tito et Jackie étaient plus vieux que moi et je n’avais pas beaucoup d’interactions avec eux.

Picture10 onmjfWeldon McDougal IV avec Tito, Jackie et Marlon 

Comment décririez-vous les Jackson 5 ?

Ils étaient tous toujours très sociables, accommodants. Et polis. Peu importe où ils étaient ils acceptaient toujours quand quelqu’un voulait une photo ou un autographe. Ils étaient bien élevés. J’ai côtoyé beaucoup d’artistes et j’en ai vu certains qui étaient vraiment odieux. Mais pas les Jackson 5.

Ya-t-il une anecdote qui vous vient à l’esprit en repensant à ces moments passés avec les frères Jackson ?

La première fois que je les ai vus au Convention Hall, courant partout. Le bâtiment était vide puisqu’ils faisaient la balance, et à neuf ans je trouvais ça génial. Plus tard ce jour-là, à l’hôtel, ils avaient une pièce spéciale pour s’amuser. On a fait des sauts périlleux sur les lits, ce que je n’aurais jamais pu faire chez moi et je me suis éclaté.

Une autre histoire amusante : on faisait des batailles de polochons. Mon frère et moi en faisions toujours ensemble, et on peut dire que j’étais un pro des batailles d’oreillers. Je savais comment donner quasiment la forme d’une balle à un oreiller et alors que Michael et Marlon sautaient de lit en lit, j’ai visé Marlon entre les lits et il a fait une grosse chute. Un adulte est alors venu vérifier ce que nous faisions et il a arrêté immédiatement la bataille. Si Marlon venait à se blesser il ne pourrait pas monter sur scène. A neuf ans, on ne se rend pas compte que l’on peut se blesser !

Etiez-vous en studio durant les sessions d’enregistrement ? Quel sont vos titres préférés ?

J’ai suivi plusieurs fois mon père en studio quand j’étais adolescent puis adulte, mais jamais avec les Jackson 5. J’étais trop jeune et ils enregistraient sur la côte ouest. Mon père, lui, était présent durant plusieurs de leurs sessions.

Mes chansons préférées sont Lookin’ Through The Windows, pour les Jackson 5 et With A Child’s Heart, pour Michael en solo. Je les adore.

Lookin’ Through The Windows est sortie pendant qu’ils étaient en tournée et ils s’apprêtaient à venir à Philadelphie. J’avais réussi à obtenir une copie d’un D.J. avant que l’album ne sorte en magasin. Avec mon cousin, on n’arrêtait pas de l’écouter.

With A Child’s Heart est simplement une chanson géniale.

Votre père a été en tournée avec les Jackson 5 durant quelques années. Quelles relations avait-il avec eux ? Y étiez-vous aussi ?

Mon père avait des relations formidables avec eux. A plusieurs reprises, quand il était à Los Angeles, il se rendait chez eux et restait pour dîner. Katherine l’accueillait comme un membre de sa famille.

Je n’ai jamais été en tournée avec eux, j’étais à l’école. Mais je manquais toujours l’école quelques jours chaque fois qu’ils venaient à Philadelphie pour les rejoindre à leur hôtel et rester avec eux.

Comment s’est passé votre premier concert des Jackson 5. Comment étaient les fans ?

Mon premier concert des Jackson 5 c’était donc le 2 mai 1970. Je ne me doutais pas que les filles seraient aussi folles. Un peu avant le concert, j’étais dans les loges et je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde. J’ai assisté au concert  du côté de la scène, près du rideau. Voir toutes ces filles perdre la tête, mon dieu, c’était incroyable. Toute cette folie, c’était nouveau pour moi.

J’ai assisté à tous les concerts quand ils venaient à Philadelphie jusqu’à l’âge de 16 ans. Mes centres d’intérêts ont ensuite changé, j’étais plus intéressé par les filles.

Ils avaient quitté Motown et étaient sous un autre label quand ils ont donné un show à Valley Forge Music Fair [en avril 1979, ndlr]. Mon père m’a demandé si je voulais y aller et je lui ai dit que non, que je sortais avec des amis. Je voyais les Jackson comme des amis, pas comme des stars et j’ai dit à mon père que je les verrai lors de leur prochaine venue. Mon père a compris. Si ça avait été un autre jour, j’y serai peut être allé. Les Jackson savaient que je n’étais pas du genre à courir après les stars et c’est pour cela  qu’ils se sentaient à l’aise en ma compagnie.

Picture12 onmjfMichael et Weldon McDougal IV le 2 mai 1970

Quels sont vos meilleurs souvenirs de cette époque ?

Toute cette période de ma vie était géniale. Pas de responsabilité, pas de souci. J’étais un enfant de neuf ans qui avait pour amis les Jackson 5. Je m’éclatais avec eux. Je les voyais chaque année quand ils venaient à Philadelphie. Ils étaient en tournée, mais pas moi ! Et être avec les Jackson 5 impliquait un traitement particulier. Peu de personne aurait détesté cela. On avait la meilleur nourriture, les meilleurs desserts, les meilleurs hôtels et parce que j’étais le fils de mon père, je pouvais aller où il me plaisait.

Mon père leur faisait faire le tour de chaque ville où ils étaient pour des interviews promotionnelles. En tournée, ils se rendaient toujours à la station de radio locale la plus réputée de la ville et faisaient des interviews avec les meilleurs D.J.

Lorsque Michael travaillait avec votre père, a-t-il déjà eu l’occasion de venir chez vous ? Le Michael Jackson que l’on connaissait était-il différent en privé ?

A Philadelphie, les Jackson  avait des amis partout, ils n’avaient qu’à choisir où ils voulaient aller. Ils n’étaient en ville que pour deux jours, souvent, et finissaient  chez un D.J. pour l’après-midi et dînaient ensuite ailleurs, chez quelqu’un que Joe connaissait.

Un jour, Michael n’était pas avec le groupe, il était à New York pour le tournage de The Wiz, et il voulait assister au concert d’Elton John qui se produisait à Philadelphie. Il a appelé mon père et est venu à Philly dans l’après-midi. Il était avec Bill Bray, son bras droit, et un assistant et s’est arrêté chez mon père. Ils ont commandé à manger et ils sont allés ensemble au concert ce jour-là. C’était avant que les téléphones portables n’existent et je n’ai pas su que Michael était en ville.

Michael me téléphonait souvent quand il était en tournée. Après les concerts, il fallait que le les Jackson 5 se détendent et Michael demandait souvent à mon père s’il pouvait m’appeler et on parlait durant cinq minutes. Le problème c’est que le lendemain je devais aller à l’école et si le concert se finissait à 23h30 sur la côte ouest, cela voulait dire qu’il était 2h30 du matin sur la côte est. Ma mère était folle de savoir que mon père laissait Michael m’appeler au milieu de la nuit. J’avais une dizaine d’années et il appelait régulièrement.

La personne que l’on connaissait sur scène était une personne complètement différente. En privé c’était un garçon comme les autres, qui aimait s’amuser, faire des blagues, faire tout ce que les garçons normaux aimaient faire.

Michael & Weldon IV onmjfMichael et Weldon McDougal IV

Lorsque vous étiez des adolescents, avez-vous évoqué avec Michael ce que cela faisait d’être célèbre si jeune ?

C’est marrant que vous me demandiez cela parce que la première fois que j’ai vu les Jackson 5 en concert, nous sommes retournés à l’hôtel après le show pour un Meet and Greet. Nous étions dans la cuisine de l’hôtel et j’ai demandé à Michael s’il aimait toutes ces filles qui se précipitaient sur la scène, qui hurlaient et réagissaient comme ça. Je n’avais que neuf ans et cette question m’avait traversé l’esprit. Il m’a dit que c’était vraiment cool et qu’il aimait ça.

Mais par la suite, en grandissant, je ne lui ai jamais reposé la question parce que les amis, ça ne pose pas ce genre de question. Mais je peux vous dire que cette célébrité qui était cool en tant qu’enfant est devenue un fardeau à l’âge adulte. Ce qui l’amusait quand il était enfant ne l’amusait plus en grandissant. J’avais une vie normale mais Michael ne pouvait aller nulle part sans cette frénésie. Qui aurait voulu de cette vie ? Pas moi.

Durant le Victory Tour, les Jackson devaient se faufiler en dehors de leur hôtel en utilisant les ascenseurs et les portes de service. Si vous vouliez savoir où séjournaient les Jackson, il vous suffisait simplement de demander au personnel de cuisine de l’hôtel. Ils  entraient et sortaient de l’hôtel par la cuisine et le personnel les voyait tout le temps.

Votre père est donc resté en contact avec Michael et les frères Jackson quand ils ont quitté la Motown en 1976 ?

Oui, non seulement mon père a travaillé avec eux mais ils sont aussi devenus amis à vie.

Michael voulait que mon père travaille pour lui mais mon père a refusé. Il m’a dit par la suite que cela aurait terni leurs relations et il ne le voulait pas. Je ne sais pas exactement en quoi consistait le travail mais il lui a dit que ce n’était pas possible. Mon père avait beaucoup de volonté et je comprends pourquoi il a fait cela.

Votre père a publié en 1985 The Michael Jackson Scrapbook, The Early Days Of The Jackson 5, un livre qui contient beaucoup de belles photos des frères Jackson. Comment est venue l’idée de ce livre ? 

Le livre est sorti tardivement. On voulait le sortir durant le Victory tour, en 1984, mais cela a pris plus de temps à le publier que prévu. Tout le monde écrivait à propos de Michael mais personne ne le connaissait vraiment. Nous avons voulu rétablir les choses et montrer le côté positif de la famille. Mon père a voulu faire ce livre pour dire la vérité et dévoiler ses photos de la famille Jackson.

Quelle est votre photo préférée ?

J’aime beaucoup celle où il fait une grimace, il louche, il a l’air stupide. Michael faisait toujours l’idiot quand j’étais avec lui.

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Michael et ses frères ont-ils lu le livre ?

Michael avait une copie du livre et il l’appréciait. Avant que mon père ne disparaisse en octobre 2010, il a pu parler avec Tito et ils ont évoqué de vieux souvenirs. Tito a dit à mon père qu’il adorait le livre. Il l’avait vu un jour chez Michael qui lui avait dit ‘Regard le livre que Weldon a écrit’. Michael avait refusé que Tito emmène le livre chez lui pour le regarder. Tito et mon père ont bien rigolé quand Tito lui en a parlé.

Ce livre est devenu très difficile à trouver. Avez-vous pensé à le republier, en guise d’hommage à votre père et à Michael Jackson ?

Je possède toutes les photos de mon père et j’aimerais vraiment en faire un livre. Mais l’Estate de Michael possède son image et je ne sais pas ce que la loi me permet de faire pour une republication. Il faudrait aussi voir avec Rolling Stone Magazine, qui était l’agent de mon père et Avon Books, l’éditeur.

Quand avez-vu Michael pour la dernière fois ? Etes-vous toujours en contact avec ses frères ?

La dernière fois que j’ai vu Michael, c’était durant le Victory Tour, en 1984.

Au cours des précédentes tournées, les Jackson étaient une famille. La dynamique a changé par la suite. Pour le Victory Tour, ils avaient tous leur propre équipe autour d’eux, en général leur sécurité et la personne qui s’occupait de leurs affaires.

Je côtoyais beaucoup Jermaine à cette époque lorsque je les voyais. Il y avait beaucoup d’histoires entre les frères alors. Les seules fois où ils étaient ensemble c’est dans le van qui les menait de l’hôtel au concert ou lorsqu’ils devaient assister à un dîner organisé. Beaucoup de leurs concerts avaient lieu durant les week ends.

Ils sont venus à Philadelphie trois fois depuis la disparition de mon père [en 2010] mais chaque fois, j’avais des obligations. Je ne les ai donc pas vus depuis un long moment.

Weldon McDougal IV et Jermaine Jackson en backstage du Victory Tour à  Philadelphie, en septembre 1984

Merci à Weldon McDougal IV d’avoir accepté de répondre à mes questions.

Et enfin, un grand merci à mon ami Sébastien pour les photos du livre! #jackson5rules !

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