Les Jackson 5,  Ses relations professionnelles

Weldon A. McDougal, l’homme qui a découvert les Jackson 5 ?

Weldon McDougal : le nom vous dit peut être quelque chose ? Et si c’était l’homme qui avait réellement découvert les Jackson 5 ?

Décédé en 2010, Weldon Arthur McDougal III, chanteur, compositeur et producteur musical, a été, pendant plus de quarante ans, un grand nom du « Sound of Philadelphia ».

En juillet 1968, alors qu’il travaille pour la Motown en tant que promoteur de disques, il fait la connaissance d’un jeune groupe qui deviendra quelques mois plus tard, le groupe phare de la maison de disques : les Jackson 5.

En 2010, peu avant sa disparition, le site j5collector.blogspot.fr publie une interview de McDougal où il revient sur ses relations avec les frères Jackson et sur le livre qu’il a consacré au King of Pop en 1985, The Michael Jackson Scrapbook : the Early Days of the Jackson 5.

Quel était votre rôle à la Motown?

Mon rôle chez Motown était assez étendu. Quand je suis arrivé il n’y avait qu’une seule personne qui s’occupait de la promotion des disques. J’ai été chargé de m’occuper de la côte Est. L’homme de la Motown qui m’a donné ma chance était Irv Beagle. Il m’a demandé de travailler à Boston, à New York, dans le New Jersey, et à Washington DC. Nous étions désormais deux, avec Eddie Biscoe, un gars fabuleux! Il savait tout sur tous les artistes, il vivait et respirait pour la Motown. Il m’a encouragé. Nous avions le même esprit et nous avons parcouru les états pour promouvoir les disques.

Où avez-vous rencontré The Jackson 5 pour la première fois?

La première fois que j’ai vu les Jackson 5 c’était au High Chaparral, un night club de Chicago [en juillet 1968]. Ils étaient là pour un spectacle de talents. Au High Chaparral, celui qui remportait le concours de jeunes talents [qui avait lieu le mercredi soir] revenait se produire le vendredi, le samedi et le dimanche en étant payé. J’étais là pour voir qui serait le gagnant de la semaine. Et ça a été les Jackson 5. J’ai été présenté à Joe Jackson [par Clarence, le patron du High Chaparral] comme l’homme chargé de la promotion chez Motown et il m’a dit : « Hey man, nous voulons être chez Motown » et je lui ai dit: « Man, ça ne fait pas partie de mon boulot. Je fais juste la promotion des disques ». Je ne voulais pas le décourager, je ne voulais pas mentir aux gens et leur dire que je pouvais les faire rentrer chez Motown. À cette époque, je n’avais jamais fait venir personne chez Motown et je n’y pensais même pas. Mon boulot consistait à promouvoir des disques ce qui était déjà assez difficile. Quand j’ai vu Michael et ses frères, j’en ai parlé à Bobby Taylor, que je connaissais bien, et qui a obtenu un contrat de production avec Motown. Taylor avait un contrat avec Motown qui lui permettait de produire qui il voulait. Le label lui faisait confiance et écoutait les disques de ceux qu’il produisait.

Bobby Taylor and The Vancouvers étaient la tête d’affiche ce week-end là au High Chaparral. Je dis aux garçons « Quand vous reviendrez vendredi, vous verrez Bobby Taylor et il pourrait être intéressé par vous, les gars ». J’ai vu Bobby le lendemain et je lui ai dit qu’ils étaient bons et qu’ils étaient intéressés pour entrer chez Motown. Bobby m’a dit qu’il allait voir ce qu’il pouvait faire pour eux. Le reste appartient à l’histoire.

[Selon le témoignage apporté par Weldon McDougal et Bobby Taylor dans le DVD Michael Jackson : Une vie de légende, et des documents existant, la rencontre entre McDougal et la famille Jackson a plus probablement eu lieu au Regal Theater].

Weldon, vous êtes donc celui qui a ouvert les portes de la Motown aux Jackson 5?

C’est vrai

A-t-il été facile ou était-ce plutôt un défi de promouvoir leur premier single chez Motown, I Want You Back?

Une partie de mon travail consistait à présenter personnellement les artistes aux disc-jockeys. J’ai suggéré au label de leur faire faire une tournée de cinq villes. On s’est moqué de moi. Il n’y avait pas d’argent pour envoyer sur une tournée de cinq villes les garçons, leur père, et leur manager de tournée, leur oncle.

Quelques mois plus tard, au cours d’une une autre réunion, il a été décidé que The Jackson 5 deviendraient les protégés de Diana Ross. Elle associerait son nom au leur car elle était numéro un à l’époque. Je n’oublierai jamais, nous avons fait une carte d’annonce et je leur ai donnée pour la promotion du disque. Ca a aidé un peu, mais pas tant que ça.

Le défi n’avait rien à voir avec The Jackson 5, mais avec Motown. Nous avions Stevie Wonder, The Supremes, Marvin Gaye, The Four Tops, The Temptations, tant d’artistes qui cartonnaient déjà. La liste moyenne pour une station de radio était de quarante disques. Si nous avions dix disques, nous en avions un peu trop parce qu’il y avait aussi d’autres maisons de disques. Nous avions la chance d’avoir de nombreux hits. Chaque fois qu’un nouvel artiste arrivait, les radios n’étaient pas toujours prêtes à le passer.

Maintenant, vous vous demandez comment The Jackson 5 ont vraiment démarré. C’est quand ils ont fait le Ed Sullivan Show. Le lendemain de l’émission, j’ai reçu énormément d’appels me demandant une copie de I Want You Back pour que les stations de radio le passent. Le Ed Sullivan show touchait un grand public, des gamins noirs et blancs l’avaient vu, et même les stations de radio pop m’ont appelé pour avoir le titre.

Berry Gordy avait pour but de faire des quatre premiers singles des Jackson 5 des numéros un. Comment tout cela s’est-il passé?

Bobby Taylor les enregistrait, et il a enregistré beaucoup de chansons qu’il pensait être idéales pour le groupe. Lorsque Berry Gordy les a enfin vus, il a décidé de les produire à sa façon, celle qui leur ferait vendre des disques. Berry Gordy et The Corporation sont arrivés avec I Want You Back et avec le terme « bubble gum soul ». Berry était un gars occupé, il travaillait en étroite collaboration avec The Supremes, il assistait à une grande partie de leur concerts. Comme je l’ai dit, I Want You Back n’a pas démarré tout de suite, ça a mis quelques temps. Mais après le Ed Sullivan Show, tout a été plus facile dans une certaine mesure, parce que tout le monde attendait le prochain disque des Jackson 5. Et donc, pour les trois singles suivants, ça s’est fait tout seul!

Vous souvenez-vous de votre premier concert des Jackson 5?

Le premier dont je me souviens c’était au Cow Palace à San Francisco [le 19 juin 1970]. Puis ils ont commencé à faire des grandes salles. Toujours à guichets fermés!

Comment décririez-vous les Jackson 5?

The Jackson 5 était un grand groupe, les fans les adoraient tous! Je ne crois pas que les fans en ont aimé un plus que les autres. Mais les jeunes filles voulaient se marier avec certains d’entre eux, et c’était difficile pour Michael et Marlon de comprendre ce type de réaction, car ils étaient si jeunes. Je vais vous donner un exemple. Quand les fans étaient invités à venir parler avec The Jackson 5, dans leur chambre, les filles voulaient toujours aller dans la chambre de Jackie et de Jermaine. (…). Je me souviens que Michael allait frapper à leur porte et essayait d’entrer. C’était le petit frère et il n’était pas tout le temps avec ses frères aînés.

De nombreux fans savent que vous avez un livre intitulé The Michael Jackson Scrapbook, qui contient quelques belles photos du groupe que vous avez faites. Comment avez-vous commencé à prendre les Jackson 5 en photos?

C’est principalement grâce à Michael et Tito. Ils avaient tous les deux acheté un appareil photo Nikon. Michael voulait que j’utilise son appareil photo pour prendre des photos de tout ce qu’il faisait. Nous étions à Cincinnati pour les World Series où ils ont chanté l’Hymne National  [le 10 octobre 1970] et la sécurité sur le terrain était très stricte. J’avais l’appareil photo de Tito, de Jermaine et de Michael et j’ai commencé à prendre des photos d’eux pendant qu’ils chantaient. Il y avait un gars qui travaillait pour la presse qui voulait acheter la pellicule de photos pour 50 dollars. J’en ai parlé à Tito et il m’a dit qu’il n’y avait pas de problème. Nous avons partagé l’argent. Tito était content de se faire 25 dollars bien qu’il se faisait de l’argent tout le temps. Je n’oublierai jamais quand nous avons quitté Cincinnati le lendemain : en première page du journal il y avait une photo des Jackson 5 que j’avais prise. Cela faisait vraiment bien! Après cela, j’ai acheté mon propre appareil photo et j’ai commencé à prendre mes propres photos d’eux tout le temps, quoi qu’ils fassent.

Dès le départ, les Jackson 5 ont attiré l’attention de magazines grand public, comme 16 Magazine, Fave et Tiger Beat. Et puis il y a eu Right On ! Magazine. Comment cela a-t-il démarré avec ce magazine ?

Je sortais avec l’une des secrétaires de Laufer Publications. Mr Laufer m’a dit qu’il allait lancer un magazine juste pour le groupe. Je n’y croyais pas mais dans le premier numéro il n’y avait que les Jackson 5. A l’époque, je pensais que cela ne durerait qu’un ou deux numéros, mais ça a marché pendant plusieurs années.

Weldon, dans votre livre The Michael Jackson Scrapbook, il y a une photo de Michael portant un chapeau original, racontez nous l’histoire qui se cache derrière ce chapeau bizarre?

J’étais au Brésil et il y avait là bas un gars qui, à l’époque, était l’entertainer numéro 1. Il s’habillait comme un clown. Je suis allé voir son show, c’était sauvage et il y avait parfois des pastèques jetées dans le public. On m’a présenté le gars qui m’a dit: « J’ai entendu dire que vous travaillez avec Michael Jackson ». J’ai dis « Ouais ». Il a enlevé son chapeau et il a dit : « La prochaine fois que vous voyez Michael Jackson, dites lui que je le salue et que je lui offre ce chapeau ». Michael est venu chez moi à Philly car il était de passage à New York. Il a regardé ma collection de disques et a vu le chapeau. Je lui ai dit qu’un gars me l’avait donné pour lui. Il a essayé le chapeau et j’ai pris des photos. Lorsque Michael a quitté ma maison, il m’a laissé le chapeau.

[L’artiste que Weldon McDougal a rencontré au Brésil et qui lui a remis son chapeau pour Michael Jackson est Chacrinha, un célèbre animateur de télévision et de radio brésilien, connu pour ses tenues et plus particulièrement ses chapeaux excentriques.

Le chapeau est aujourd’hui exposé au Hard Rock Cafe de Budapest (Hongrie)]

Y a t-il une chanson des Jackson 5 qui a une signification plus particulière pour vous?

Chaque chanson qu’ils ont sortie est spéciale pour moi, je n’aime pas dire qu’une chanson est mieux que l’autre. Je dirais que c’est Got To Be There qui me vient à l’esprit quand je pense à Michael Jackson. Ce disque a été facile à promouvoir, car tout leur réussissait. Ils étaient devenus plus célèbres que The Temptations, The Four Tops, Stevie Wonder et Marvin Gaye. Les gens auraient fait n’importe quoi pour eux! Je me souviens des disc-jockeys qui attendaient toujours impatiemment le prochain disque des Jackson et les gens étaient scotchés à la radio en espérant entendre le nouveau single.

Avez-vous déjà eu la chance d’assister aux sessions d’enregistrement des Jackson 5?

Oui, à plusieurs d’entre elles. Pour être honnête, je suis aussi producteur de disques. Je produisais Yes, I’m Ready de Barbara Mason. Quand vous produisez un disque, c’est passionnant. Si vous êtes juste là à regarder c’est ennuyeux.

Quelle est votre actualité?

Le 4 Juillet, je suis allé à Londres pour participer à une émission spéciale qui sortira en Août ou Septembre, appelé The Real Story of Michael Jackson. La plupart des choses que je viens d’évoquer seront dans cette émission spéciale. Je leur ai donné des photos de The Michael Jackson Scrapbook. Ainsi, les fans qui n’ont pas le livre seront en mesure de voir ces photos. C’est David Gest qui prépare cette émission.

[L’émission deviendra finalement un documentaire sorti en DVD en novembre 2011, Michael Jackson : une vie de légende, dans lequel on retrouve effectivement le témoignage de McDougal et de bien d’autres personnes ayant connu Michael Jackson]

Une histoire drôle pour finir … David m’a dit qu’il était allé chez Michael et que Michael lui a montré le livre The Michael Jackson Scrapbook. Michael ne l’a pas laissé le toucher, il feuilletait les pages lui-même. Il ne voulait pas que quelqu’un abîme son livre. Ca a été très excitant de faire ce livre et la première fois que je l’ai vu en vente c’était dans une gare, rentrant de New York. J’en possède toujours une copie.

The Michael Jackson Scrapbook a été publié en février 1985. Au travers des 128 pages et une collection de photos de Michael Jackson et ses frères, Weldon A. McDougal revient sur les débuts des Jackson 5.

A lire ici, le témoignage du fils de Weldon McDougal qui a été ami avec les Jackson 5 lorsque son père travaillait avec eux.

Sourcesj5collector.blogspot.fr (traduction: onmjfootsteps)/ cartasparamichael.blogspot.fr

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