Ses enfants

Paris Jackson, la vie après Neverland – Rolling Stone Magazine, février 2017

Paris Jackson fait la une du numéro de février 2017 de Rolling Stone Magazine. Sous l’objectif du photographe David LaChapelle, elle évoque ce qu’elle a traversé depuis la disparition de son père, l’homme qu’il était, ses certitudes sur sa mort et sa nouvelle vie de mannequin. L’article est disponible sur le site rollingstone.com. En voici sa traduction :

Pour sa toute première interview où elle se dévoile, la fille de Michael Jackson parle de la douleur de son père et comment elle a retrouvé la paix après la dépendance et le chagrin.

Paris-Michael Katherine Jackson regarde fixement un cadavre célèbre. « C’est Marilyn Monroe, » murmure-t-elle, face à un mur couvert de photos d’autopsies macabres. « Et c’est JFK. On ne les trouve même pas sur internet. » Ce jeudi après-midi de la fin de Novembre, Paris se promène dans le Musée de la Mort, un labyrinthe étroit d’horreurs dans du formol parfumé sur Hollywood Boulevard. Il est fréquent que les visiteurs, confrontés à des photos de décapitation, à des snuff films et à des souvenirs de tueurs en série, s’évanouissent, vomissent ou même les deux. Mais Paris, dont les phases emos et gothiques de son adolescence ne sont pas loin, semble trouver cela apaisant. C’est sa neuvième visite. « c’est génial, » dit-elle en partant. « Ils ont une vraie chaise électrique et une vraie tête! »

Paris Jackson a eu 18 ans en avril dernier, et peut paraître comme beaucoup plus âgée ou plus jeune, ayant eu une une vie qui oscillait entre une surprotection et une exposition à outrance. Elle est une pure enfant du 21ème siècle, avec un sens de la mode qui mélange le hippie et le punk (elle est vêtue aujourd’hui une chemise tie-dye à col boutonné, un jegging et des Converses montantes) et des goûts musicaux sans limite (elle a décoré ses baskets avec les paroles par Mötley Crüe et Arctic Monkeys, est obsédée par Alice Cooper – elle l’appelle « bae » – et par le chanteur-compositeur-interprète Butch Walker, elle aime à la fois Nirvana et Justin Bieber). Mais elle est, plus encore, la fille de son père. « Fondamentalement, en tant que personne, c’est tout mon père », dit d’elle son frère aîné, Prince Michael Jackson. « La seule différence c’est son âge et son sexe. » Paris est similaire à Michael, ajoute-t-il, « Dans l’ensemble de ses points forts, et dans la quasi-totalité de ses faiblesses. Elle est très passionnée. Elle est très émotive au point qu’elle peut laisser l’émotion aveugler son jugement. »

A une vitesse impressionnante, Paris s’est fait faire plus de cinquante tatouages, certains même alors qu’elle était encore mineure. Neuf d’entre eux sont consacrés à Michael Jackson, décédé quand elle avait 11 ans, la propulsant, elle, Prince et leur plus jeune frère, Blanket, hors de ce qui avait été – ou de ce qu’ils percevaient être- un petit monde cloîtré quasi idyllique. « On dit toujours, ‘le temps guérit les choses' »,  dit-elle. « Mais ce n’est pas vrai. On s’y habitue simplement. Je vis ma vie avec cette mentalité : ‘OK, j’ai perdu la seule chose qui ait jamais été importante pour moi.’ Je vais donc de l’avant, et tout ce qui m’arrive de mauvais ne pourra jamais être pire que ce qui est arrivé avant. Et je peux le gérer. «  Michael lui rend visite encore dans ses rêves, dit-elle: « Je sens qu’il est avec moi tout le temps. »

Michael, qui se voyait comme Peter Pan, aimait appeler sa fille unique Tinker Bell (Fée Clochette). Elle s’est faite tatouer FAITH, TRUST AND PIXIE DUST (LA FOI, LA CONFIANCE ET LA POUSSIERE DE FEE) près de la clavicule. Elle a un tatouage de la couverture de l’album Dangerous sur son avant-bras, le logo Bad sur sa main, et les mots QUEEN OF MY HEART (REINE DE MON CŒUR) – de l’écriture de son père, tirée d’une lettre qu’il lui a écrite – sur son poignet intérieur gauche. « Il ne m’a apporté que de la joie », dit-elle. « Alors pourquoi ne pas avoir ces rappels constants de bonheur? »

Elle a également des tatouages en l’honneur de John Lennon, David Bowie et de celui qui a parfois été le rival de son père, Prince, ainsi que de Van Halen et, sur sa lèvre intérieure, le mot MÖTLEY (son petit ami a CRÜE au même endroit). A son poignet droit elle porte un bracelet en fil de jade que Michael a acheté en Afrique. Il le portait quand il est mort, et la nounou de Paris lui a récupéré. « Il a encore son odeur », dit Paris.

Elle fixe ses grands yeux bleus-verts sur chacune des attractions du musée sans broncher, jusqu’à ce qu’elle arrive à une section d’animaux de compagnie taxidermisés. « Je n’aime pas vraiment cette pièce, » dit-elle, en fronçant son nez. « Il y a des limites avec les animaux. Je ne peux pas faire ça. Ce me brise le coeur. » Elle a récemment sauvé un chiot croisé pit-bull hyperactif, Koa, qui cohabite difficilement avec Kenya, un labrador que son père avait rapporté à la maison il y a une dizaine d’années.

Paris se décrit comme « désensibilisée » même aux rappels les plus graphiques de la mortalité humaine. En Juin 2013, sombrant dans la dépression et une dépendance à la drogue, elle a essayé de se suicider à l’âge de 15 ans, s’entaillant le poignet et avalant 20 pilules de Motrin. « Je me détestais », dit-elle, « j’avais une faible estime de moi-même, je pensais que je ne pouvais rien faire de bien, je pensais que je n’étais plus digne de vivre. » Elle s’automutilait, se coupait, et réussissait à le cacher à sa famille. Certains de ses tatouages couvrent désormais les cicatrices, ainsi que ce qu’elle dit être des marques d’usage de drogues. Avant cela, elle avait déjà tenté de se suicider « plusieurs fois »,  dit-elle avec un rire incongru. « Le public ne l’a su qu’une fois. » L’hôpital avait une « règle des trois essais », se souvient-elle, et, après cette dernière tentative, ils ont insisté pour qu’elle suive un programme de thérapie résidentielle.

Scolarisée à la maison avant la mort de son père, Paris a accepté d’intégrer une école privée à partir de son septième grade (année de cinquième du collège en France). Elle ne s’y sentait pas bien du tout et a commencé à traîner avec les seuls gamins qui l’ont acceptée, « un grand nombre d’ados plus âgés qu’elle qui faisaient des tas de choses cinglées, » dit-elle. « Je faisais beaucoup de choses que des jeunes de 13, 14 ou 15 ans ne devaient pas faire. J’ai essayé de grandir trop vite, et je n’étais pas vraiment une personne sympa. » Elle a également fait face à la cyber intimidation, et se bat encore avec des commentaires en ligne cruels. « La liberté de parole est une chose géniale, » dit-elle. « Mais je ne pense pas que nos pères fondateurs ont pensé aux médias sociaux quand ils ont créé tous ces amendements. »

Il y a eu un autre traumatisme qu’elle n’a jamais mentionné au public. Quand elle avait 14 ans, un « inconnu » beaucoup plus âgé l’a agressée sexuellement, dit-elle. « Je n’ai pas envie de donner de détails. Mais cela n’a pas été une bonne expérience, et ça a été vraiment difficile pour moi, et, à l’époque, je ne l’ai dit à personne. »

Après sa dernière tentative de suicide, elle a passé sa seconde et sa première dans une école thérapeutique de l’Utah. « C’était super pour moi », dit-elle. « Je suis une personne complètement différente. Avant », dit-elle avec un petit sourire, « j’étais folle. J’étais réellement folle. Je faisais avec l’angoisse de l’adolescence. Et je devais gérer ma dépression et mon anxiété, sans aucune aide. » Son père, explique-elle, a également lutté contre la dépression, et on lui a prescrit les mêmes antidépresseurs que lui. Aujourd’hui elle ne prend plus aucun médicament.

Désormais sobre et plus heureuse qu’elle ne l’a jamais été, avec des cigarettes mentholées, le seul vice qui lui reste, Paris est partie de chez sa grand-mère Katherine peu après son 18e anniversaire, et a emménagé dans l’ancienne propriété de la famille Jackson. Elle passe presque chaque minute avec son petit ami, Michael Snoddy, un batteur de 26 ans – du groupe Street Drum Corps – originaire de Virginie dont la coupe iroquoise teintée, ses tatouages et ses pantalons tombants n’enlèvent rien à son allure boy-band et à sa gentillesse. « Je n’ai jamais rencontré quelqu’un avant qui m’a fait me sentir de la façon dont la musique me fait me sentir », dit Paris. Lors de leur rencontre, il avait un tatouage du drapeau confédéré désormais recouvert, mais que la famille a vu d’un mauvais œil et qui a soulevé des doutes compréhensibles parmi les Jackson. « Mais j’ai appris à le connaître », dit Prince, « et c’est vraiment un gars cool. »

Paris est rapidement passée par l’université après avoir été diplômée, avec un an d’avance, en 2015, mais ne le sentait pas. Elle est une des héritières d’une fortune gigantesque – le Michael Jackson Family Trust vaut plus d’un milliard de dollars – que les enfants vont toucher à différents stades de leur vie. Mais elle veut gagner son propre argent, et maintenant qu’elle est juridiquement une adulte elle souhaite toucher à son autre héritage: la célébrité.

Et finalement, en tant que fille, magnifique et charismatique, de l’un des hommes les plus célèbres qui ait jamais vécu, quel choix avait-elle? Elle est actuellement mannequin et actrice, un travail dans lequel elle débute. Elle peut montrer une aisance royale qui est presque intimidante, tout en étant assez cool pour s’entendre avec son grand tatoueur à la barbiche. Elle a des manières impeccables – on devine qu’elle a été bien élevée. Elle a tellement charmé le producteur-réalisateur Lee Daniels au cours d’une rencontre récente qu’il a commencé à discuter avec son manager d’un rôle pour elle dans sa série diffusée sur Fox, Star. Elle joue de quelques instruments, écrit et chante des chansons (elle m’en joue quelques unes à la guitare acoustique, et c’est assez prometteur, même si ça ressemble plus à du Laura Marling que du MJ), mais elle n’est pas sûre d’obtenir un jour un contrat d’enregistrement.

Le mannequinat, en particulier, lui est plus naturel, et elle trouve cela thérapeutique. « J’ai eu des problèmes de confiance durant très, très longtemps », dit Paris, qui comprend les choix de chirurgies plastiques de son père après avoir regardé sur internet des sujets de polémique qui disséquaient son apparence depuis ses douze ans. « Beaucoup de gens pensent que je suis laide et beaucoup d’autres pensent le contraire. Mais il y a un moment quand je fais du mannequinat où j’oublie mes problèmes de confiance et je me concentre sur ce que me dit le photographe -… et je me sens jolie. Dans un sens, c’est égoïste « 

Mais la plupart du temps, elle partage les élans de son père à guérir du monde (« J’ai vraiment peur pour la Grande Barrière de Corail, » dit-elle. « Elle est en train de mourir. La planète entière est en train de mourir. Pauvre Terre »), et voit la célébrité comme un moyen d’attirer l’attention sur des causes qui lui tiennent à coeur. « Je suis née dans la célébrité, » dit-elle. « Dois-je la gâcher et la laisser de côté? Ou dois-je la rendre plus grande et l’utiliser pour des choses plus importantes? »

Pour son père, cela lui importait peu. « Si tu veux être plus grande que moi, tu as le droit, » lui disait-il. « Si tu ne veux pas l’être du tout, tu peux aussi. Mais je veux juste que tu sois heureuse. »

Actuellement, Paris vit dans le studio privé où son père a réalisé la démo de Beat It. La maison principale de style Tudor de la propriété de la famille Jackson est vide. Elle est située à Los Angeles, dans le quartier d’Encino et a été achetée par Joe Jackson en 1971 avec les premières royalties des Jackson 5 chez Motown. Elle a été reconstruite par Michael dans les années quatre-vingt et est en cours de rénovation. Mais le studio, construit par Michael dans un bâtiment en briques dans la cour, se trouve être à peu près de la taille d’un appartement décent de Manhattan, avec sa propre cuisine et sa salle de bains. Paris l’a transformé en une pièce avec une ambiance cozy.

Des traces de son père sont partout, la plupart dans des œuvres d’art qu’il a commandées. A l’extérieur du studio il y a une image, avec un cadre de style Disney, d’un château de dessin animé sur une colline avec un Michael caricaturé au premier plan et un petit garçon blond qui l’embrasse. Il est intitulé Of Children, Castles & Kings.  A l’intérieur du studio, une fresque prend un mur entier, avec des dessins de Michael dans le coin, tenant un livre vert intitulé The Secret of Life et qui regarde en bas d’une fenêtre les fleurs épanouies – au centre de chaque fleur est dessiné le visage d’une petite fille aux joues rouges.

La déco choisie par Paris est quelque peu différente. Il y a une photo de Kurt Cobain dans la salle de bains, un poster des Smashing Pumpkins sur le mur, un ordinateur portable avec des stickers de Against Me! et Never Ending Story, des stickers muraux psychédéliques, beaucoup de fausses bougies. Des vinyles (Alice Cooper, les Rolling Stones) servent de décorations murales. Dans la cuisine, sur un comptoir, repose un disque de platine encadré, signé par Quincy Jones pour Michael Jackson ( « je l’ ai trouvé dans le grenier » , dit Paris en haussant les épaules).

Au-dessus d’un garage adjacent se trouve un mini-musée que Michael avait créé comme cadeau surprise pour sa famille, avec les murs et même les plafonds recouverts de photos de leur histoire. Michael venait répéter ses pas de danse dans cette pièce. Désormais le petit ami de Paris y a installé sa batterie.

Nous nous rendons vers un restaurant de sushi à proximité, et Paris commence à décrire sa vie à Neverland. Elle a passé les sept premières années de sa vie dans les 2700 acres du monde fantastique de son père, qui avait son propre parc d’attractions, son zoo et son cinéma (« Tout ce que je n’ai jamais eu quand j’étais enfant un gosse, » disait Michael). Pendant ce temps, elle ne savait pas que le nom de son père était Michael, et encore moins à quel point il était célèbre. « Je pensais juste que son nom était papa », dit-elle. « Nous ne savions pas vraiment qui il était. Mais il était notre monde. Et nous étions son monde. » (Paris a déclaré que Captain Fantastic, sorti l’an dernier, où Viggo Mortensen joue un père excentrique qui tente de créer un refuge utopique pour ses enfants, était son « film préféré »).

« Nous ne pouvions pas aller sur les manèges chaque fois que nous le voulions, » se souvient-elle, alors que nous marchons sur une route sombre près de l’enceinte Encino. Elle aime marcher le long de la séparation des voies, très près des voitures – cela rend son petit ami fou, et je n’aime pas beaucoup ça non plus. « En fait, nous avons eu une vie assez normale. Nous avions l’école tous les jours, et on devait être bon. Et si on réussissait, tous les week-ends, on pouvait choisir d’aller à la salle de cinéma ou voir les animaux ou autre chose. Mais si on se comportait mal, nous n’avions pas tout ça ».

Dans son livre souvenir, publié en 2011, le frère de Michael, Jermaine,  disait de lui qu’il était « un exemple de ce que la paternité devrait être. Il a instillé en eux l’amour que notre mère nous a donné, et il leur a apporté un amour paternel que notre père, sans faute de sa part, ne nous a pas fourni. Michael était à la fois le père et la mère ».

Michael a donné à ses enfants la possibilité d’aller à l’école. Ils ont refusé. « Quand on est à la maison », dit Paris, « votre père, qui vous aime plus que tout, peut parfois entrer, au milieu du cours, et on se dit, ‘Cool, plus de cours pour aujourd’hui. On va aller traîner avec papa’. On se disait ‘On n’a pas besoin d’amis. Nous t’avons toi et Disney Channel!' » Elle était, elle le reconnaît, « un enfant vraiment bizarre. »

Son père lui a appris à cuisiner, la soul food, principalement. « Il était un sacré cuisinier, » dit-elle. « Son poulet frit est le meilleur au monde. Il m’a appris comment faire la tarte à la patate douce. » Paris est en train de faire cuire quatre tartes, ainsi que du gombo, pour Thanksgiving qui aura lieu chez sa grand-mère Katherine – il aura en fait lieu la veille, par déférence pour les croyances Témoins de Jéhovah de Katherine.

Michael a enseigné à Paris tous les genres de musique. « Mon père a travaillé avec Van Halen, alors j’écoute Van Halen, » dit-elle. « Il a travaillé avec Slash, alors j’écoute Guns N ‘Roses. Il m’a fait connaître Tchaïkovski, Debussy, Earth, Wind and Fire, les Temptations, Tupac, Run-DMC. »

Elle dit que Michael insistait sur la tolérance. « Mon père m’a élevée de façon très ouverte, » dit-elle. « J’avais huit ans, et j’étais amoureuse d’une femme sur la couverture d’un magazine. Au lieu de me crier dessus, comme la plupart des parents homophobes le font, il se moquait de moi, en disant, ‘Oh, tu t’es faite une petite amie' ».

« Son objectif numéro un nous concernant », explique Paris, « en plus de nous aimer, c’était l’éducation. Il ne disait pas, ‘Oh, le puissant Christophe Colomb est arrivé sur cette terre! Il disait plutôt, ‘Non, p…. il a sauvagement abattu les indigènes. » Parlait-il réellement de cette façon? « Il était vraiment grossier. Il jurait comme un marin. » Mais il était aussi « très timide. »

Paris et Prince sont tout à fait conscients des doutes du public concernant leur filiation (le plus jeune frère, Blanket, avec sa peau plus foncée, fait l’objet de moins de spéculation). La mère de Paris est Debbie Rowe, une infirmière que Michael a rencontrée alors qu’elle travaillait pour son dermatologue, Arnold Klein. Ils ont eu ce qui ressemble à un mariage non conventionnel pendant trois ans, au cours duquel, Debbie a témoigné, qu’ils ne vivaient pas ensemble. Michael disait que Debbie Rowe voulait porter ses enfants « comme un cadeau » pour lui. (Rowe a expliqué que Paris a été appelée ainsi en raison du lieu de sa conception). Klein, son employeur, était l’un des hommes- avec l’acteur Mark Lester, qui a joué le rôle principal dans le film Oliver de 1968! – qui a suggéré qu’ils pourraient être le père biologique de Paris.

Après un pop-corn de crevette et un rouleau de saumon, Paris accepte de répondre à cette question mais ce sera la seule et unique fois. Elle pourrait opter pour une réponse logique et facile, pourrait souligner que cela n’a pas d’importance, que de toute façon, Michael Jackson était son père. C’est ce que son frère – qui se décrit comme « plus objectif » que Paris – semble faire. « Chaque fois que quelqu’un me pose la question, » dit Prince, « Je réponds, ‘Qu’est-ce que cela peut faire? Quelle différence cela fait-il?’ Et plus précisément à quelqu’un qui ne fait pas partie de ma vie. ‘Est-ce que cela affecte votre vie? Parce que cela ne change pas la mienne’. « 

Mais Paris est certaine que Michael Jackson était son père biologique. Elle y croit avec une ferveur qui est à la fois touchante et, tout à fait convaincante. « Il est mon père », dit-elle, avec un regard féroce. « Il sera toujours mon père. Ca a toujours été et ça le sera toujours. Les gens qui le connaissaient vraiment bien disent qu’ils le voient en moi, que c’en est presque effrayant.

« Je me considère comme noire, » dit-elle, ajoutant plus tard que son père « me regardait dans les yeux pointait son doigt vers moi et me disait, ‘Tu es noire. Sois fière de tes racines.’ Et je me disais, ‘OK, c’est mon père, pourquoi me mentirait-il? Je crois simplement ce qu’il m’a dit. Parce que, à ma connaissance, il ne m’a jamais menti. »

« La plupart des gens qui ne me connaissent pas me considèrent comme un blanche », concède Paris. « J’ai la peau claire et, surtout depuis que j’ai les cheveux blonds, on dirait que je suis née en Finlande ou quelque chose comme ça. » Elle souligne qu’il est loin d’être rare que des enfants métis lui ressemblent – notant avec précision que son teint et la couleur de ses yeux sont semblables à l’acteur de télévision Wentworth Miller, né d’un père noir et d’une mère blanche.

Au départ, elle n’avait aucune relation avec Debbie Rowe. « Quand j’étais très très jeune, ma mère ne faisait pas partie de ma vie », se souvient Paris. Elle a finit par comprendre qu’un « un homme ne peut donner naissance à un enfant »  et quand elle avait à peu près 10 ans, elle a demandé à Prince, « Nous devons avoir une maman, n’est-ce pas? » Alors, elle a demandé à son père. « Et il a dit, ‘Ouais’. Et je lui ai dit, Comment s’appelle-t-elle?’ Il m’a répondu, ‘Debbie’. Et je me suis dit, ‘OK, je connais le nom’ ». Après la mort de son père, elle a commencé à faire des recherches sur sa mère sur internet, et elles se sont rencontrées quand Paris avait 13 ans.

A la suite de son traitement dans l’Utah, Paris a décidé de reprendre contact à nouveau avec Debbie Rowe. « Elle avait besoin d’une figure maternelle », explique Prince, qui refuse de commenter sa propre relation, ou l’absence de celle-ci, avec Debbie Rowe. (le manager de Paris a refusé que Debbie se rende disponible pour une interview, et celle-ci n’a pas répondu à notre demande de commentaire.) « J’ai eu beaucoup de figures maternelles, » compte Paris, citant sa grand-mère et ses nounous, entre autres, « mais quand ma mère est arrivée dans ma vie, ce n’était pas une vraiment une relation maternelle. C’était plus une relation d’adultes. «  Paris se reconnait dans sa mère, qui vient de terminer sa chimio dans sa lutte contre le cancer du sein: « Nous sommes toutes les deux très têtues. »

Paris ne sait pas vraiment ce que Michael ressentait pour Debbie, mais selon elle, sa mère était « amoureuse » de son père. Elle est aussi sûre que Michael aimait Lisa Marie Presley, dont il a divorcé deux ans avant la naissance de Paris: « Dans la vidéo de You Are Not Alone, je peux voir comment il la regardait, et il était très amoureux, » dit-elle en rigolant.

Paris Jackson avait environ neuf ans quand elle s’est rendue compte qu’une grande partie du monde ne voyait pas son père de la même façon qu’elle. « Mon père pleurait devant moi la nuit, » dit-elle, assise au comptoir d’un café de New York à la mi-Décembre, jouant avec une petite cuillère. Elle commence à pleurer aussi. « Imaginez votre parent pleurant devant vous à cause des gens qui le haïssaient pour quelque chose qu’il n’avait pas fait. Et pour moi, il était la seule chose qui comptait. Et à voir celui qui représentait mon monde souffrir, j’ai commencé à détester les gens à cause de ce qu’ils lui faisaient. Je me demandais, ‘Comment peut-on être si méchant?’ »  Elle s’arrête. « Désolée, je deviens émotive. »

Paris et Prince n’ont aucun doute que leur père était innocent des allégations multiples de pédophilie dont il a été accusé, que l’homme qu’ils connaissaient était le vrai Michael. Encore une fois, ils sont convaincants – s’ils pouvaient faire du porte-à-porte pour en parler, ils pourraient faire changer d’avis le monde. « Personne d’autres que mes frères et moi l’avons entendu nous lire A Light in the Attic le soir avant d’aller au lit, » dit Paris. « Personne ne l’a connu en tant que père. Mais s’ils l’avaient connu, ils changeraient complètement d’avis. » Je lui suggère doucement que ce que Michael lui disait le soir correspondait à un discours que l’on tient à une enfant de neuf ans. « Il ne nous racontait pas des conneries », répond-elle. « On essaie de donner à ses gamins la meilleure enfance possible. Mais vous devez aussi les préparer pour ce monde de merde. »

Michael Jackson a finalement été acquitté à la fin de son procès en 2005, mais cela a brisé sa réputation et a modifié le cours de la vie de sa famille. Il a décidé de quitter Neverland pour de bon. Ils ont passé les quatre années suivantes à parcourir le monde, et ils ont passé un long moment dans la campagne irlandaise, à Bahreïn, à Las Vegas. Cela ne gênait pas Paris, c’était passionnant, et sa maison était là où son père était.

En 2009, Michael préparait un retour ambitieux avec des concerts à l’O2 Arena de Londres. « Il était excité », se rappelle Paris. « Il disait, ‘Nous allons vivre à Londres pendant un an.’ Nous étions super excités – nous avions déjà une maison là-bas ». Mais Paris se souvient de son « épuisement » quand les répétitions ont commencé. « Je lui disais: ’Faisons une sieste,’ dit-elle. « Parce qu’il avait l’air fatigué. Nous étions à l’école, ce qui signifie en bas, dans le salon, et on voyait la poussière tomber du plafond et on entendait des bruits de piétinement car il répétait à l’étage. »

Paris ressent un dégoût persistant pour AEG Live, les promoteurs du This Is It Tour – sa famille a perdu un procès pour homicide contre eux, le jury ayant validé l’argument de AEG selon lequel Michael était responsable de sa propre mort. « AEG Live ne traite pas ses artistes correctement, » affirme-t-elle. « Ils les poussent jusqu’à épuisement et les font travailler jusqu’à la mort. » (Un représentant d’AEG a refusé de commenter.) Elle explique avoir vu Justin Bieber lors d’une récente tournée et avoir eu « peur » pour lui. « Il était fatigué, agissait comme une machine. J’ai regardé mon billet, j’ai vu AEG Live, et j’ai pensé à la façon dont mon père était sans cesse épuisé, mais qu’il n’arrivait pas dormir. »

Paris accuse le Dr Conrad Murray – qui a été reconnu coupable d’homicide involontaire dans la mort de son père – pour la dépendance de son père au propofol. Elle l’appelle satiriquement « le ‘docteur’. » Mais elle a des soupçons plus sombres sur la mort de son père. « Il faisait des sous-entendus sur les gens qui voulaient sa peau, » dit-elle. « Et il a même dit, ‘Ils vont finir par me tuer un jour’. » (Lisa Marie Presley a dit à Oprah Winfrey qu’elle avait eu une conversation similaire avec Michael, qui lui avait exprimé ses craintes concernant des parties anonymes qui l’avaient pour cible afin d’obtenir sa moitié du catalogue Sony/ATV, qui vaut (valait) des centaines de millions de dollars).

Paris est convaincue que son père a été assassiné. « Absolument », dit-elle. « C’est évident. Tous les éléments le montrent. Cela ressemble à une théorie de conspiration. Certains penseront que ce sont des conneries, mais tous les vrais fans le savent et tout le monde dans la famille le sait. C’était un coup monté. »

Mais qui aurait voulu voir Michael Jackson mort? Paris fait une pause pendant quelques secondes, envisageant peut-être une réponse précise, mais dit simplement, « Beaucoup de gens. » Elle veut se venger, ou du moins veut la justice. « Bien sûr », dit-elle, les yeux brillants. « Je veux que justice soit faite, mais c’est un jeu d’échecs. Et j’essaie de jouer de façon stratégique. Mais c’est tout ce que je peux dire à ce sujet actuellement. »

Michael faisait porter des masques à ses enfants en public, un geste de protection que Paris considérait comme « stupide », mais qu’elle a compris plus tard. Cela a donc surpris tout le monde lorsqu’une brave petite fille a spontanément pris le micro lors du service commémoratif télévisé de son père, le 7 Juillet 2009. « Depuis que je suis née, » a-t-elle déclaré, « Papa a été le meilleur père que vous ne pourriez jamais imaginer, et je voulais simplement dire que je l’aime tellement. »

Elle n’avait que 11 ans, mais elle savait ce qu’elle faisait. « Je savais qu’ensuite il y aurait des rumeurs », explique Paris, « que beaucoup de gens se poseraient des questions sur la façon dont il nous avait élevés. C’était la première fois que je le défendais publiquement, et ce ne sera certainement pas la dernière. » Pour Prince, sa sœur cadette a montré à ce moment là qu’elle avait « plus de force que chacun d’entre nous. »

Le lendemain de sa visite au Musée de la Mort, Paris, Michael Snoddy et Tom Hamilton, son manager, beau modèle de 31 ans, se sont rendus à Venice Beach. Durant la promenade le long de la plage, Michael Snoddy s’est souvenu d’un de ses brefs passages comme artiste de rue ici alors qu’il venait d’emménager à Los Angeles, tambourinant sur des seaux. « Ce n’était pas si mauvais, » dit-il. « Je me faisais une centaine de dollars par jour. »

Paris a coiffé ses extensions en queue de cheval. Elle porte des lunettes de soleil avec des verres circulaires, une chemise verte à carreaux sur des leggings, et un sac à dos Rasta arc-en-ciel. Son humeur est plus sombre aujourd’hui. Elle ne parle pas beaucoup, et reste serrée près de Snoddy, vêtu d’un tee-shirt Willie Nelson avec les manches coupées.

Nous nous dirigeons vers les canaux, bordés de maisons ultramodernes que Paris n’aime pas. « Elles font trop sévères, » dit-elle. « Elles ne crient pas, ‘Hey, venez pour le dîner! » Elle est ravie de repérer un groupe de canards. « Salut les amis! » crie-t-elle. « Venez jouer avec nous! » Parmi eux, apparait ce qui semble être un couple, pagayant dans les eaux peu profondes, serré l’un contre l’autre. Paris soupire et serre la main de Snoddy. « Objectifs, » dit-elle. « Hashtag Objectifs. »

Son humeur va mieux, et nous retournons en direction de la plage pour regarder le coucher du soleil. Paris et Snoddy grimpent sur une barrière en béton face au spectacle orange-rose. C’est un moment paisible, jusqu’à ce qu’une femme d’âge moyen habillée d’un jogging et de chaussettes jusqu’au genou arrive. Elle sourit au couple et appuie sur le bouton d’une minuscule stéréo attachée à sa taille, déclenchant une vieille chanson entraînante. Paris rit et se tourne vers son petit ami. Alors que le soleil disparaît, ils commencent à danser.

Traduction de l’article par onmjfootsteps.com (ne pas copier, même partiellement)

5 Comments

  • Christellegaryne

    Bonjour Rachel, merci pour cet article. Je suis de près Paris sans la juger. C’est si difficile quand on a plus un père pour vous guider ( quelles sont ses relations avec sa mère… ?) tandis que d’autres penseront que l’argent peut remplacer l’affection. Ceux là ont tord!
    Cependant attention à ne pas s’exposer inutilement…Elle aura toujours besoin d’une protection rapprochée.. Tant que des journalistes ( peut on les appeler ainsi?) poubelles la harceleront.. Enfin, elle souhaite gagner sa vie.C’est une excellente initiative…Bel esprit. A bientôt, chère Rachel et encore un Grand Merci.Christelle.

  • Rachelmj

    Oui Paris m’est apparue comme une jeune fille très attachante mais encore sans doute un peu perdue, et il y a de quoi…En tout cas, on peut compter sur elle pour défendre Michael, elle a un caractère bien trempé!

  • JHP

    Info : EXCEPTIONNEL à l’occasion des 60 ans de Michael son portrait monumental dans la masse du verre (première mondiale) réalisé par l’artiste Jean-Hugues POIRETTE sera exposé « Au Daume », 69, avenue Daumesnil les 27, 28 et 29 mai 2018 à PARIS.

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