Collaborations

Michael Jackson et Paul McCartney, plus qu’une collaboration …. une amitié?

Quand le leader d’un des plus grands groupes noir américains des années 70 rencontre un ex-membre du groupe anglais le plus populaire des années 60, cela ne peut aboutir qu’à une fructueuse collaboration. Les Jackson 5 et les Beatles, … Michael Jackson et Paul McCartney … deux générations de stars réunies pour trois duos.

La première rencontre des deux hommes a lieu en 1975, à Los Angeles. Michael travaille toujours avec ses frères, The Jackson 5, qui deviendront bientôt The Jacksons, et Paul, après une courte carrière solo qui a suivi la séparation des Beatles, est désormais le leader de Wings, un groupe rock dont il est le fondateur.

Girlfriend

Michael a toujours été un grand fan des Beatles et la première collaboration entre Paul et Michael a lieu sur l’album Off The Wall de Michael Jackson qui sort en août 1979, avec Girlfriend, un titre écrit par Paul McCartney au piano en 1974.

Michael et Paul se croisent pour la première fois le 24 mars 1975 à bord du Queen Mary, qui est à quai à Long Beach, en Californie, à l’occasion d’une fête organisée pour célébrer la fin de l’enregistrement de l’album Venus and Mars des Wings (l’album sortira un mois plus tard). Une rencontre entre deux stars parmi d’autres, ce jour là.

Ils se revoient un an plus tard, le 24 juin 1976, à Greenacres, l’ancienne propriété de l’acteur de films muets, Harold Lloyd, située à Beverly Hills. Paul y organise une soirée fêtant la fin de son Wings US Tour. Les frères Jackson sont présents, tout de blanc vêtus, comme tous les autres invités d’ailleurs, ainsi que le précisait l’invitation.

Cette fois-ci, les deux stars vont échanger quelques mots et des numéros de téléphone. Ce soir-là, Paul annonce à Michael qu’il a écrit une chanson pour lui, Girlfriend.

Michael raconte cette rencontre dans son autobiographie Moonwalk, en 1988.

« L’album « Off The Wall »  devait s’appeler au départ « Girlfriend ». C’était le titre d’une chanson que Paul et Linda McCartney avaient écrite en pensant à moi, sans qu’on se soit jamais rencontrés. (….) J’ai rencontré Paul la première fois dans une party sur le Queen Mary, qui est à quai à Long Beach. Sa fille, Heather, avait eu mon numéro de téléphone par je ne sais plus qui et elle m’avait téléphoné pour m’inviter à cette grande fête. Elle aimait notre musique et nous avons bavardé. Plus tard, après sa grande tournée « Wings Over America », Paul et sa famille sont arrivés à Los Angeles. Ils m’ont invité à une party au Harold Lloyd Estate. Paul McCartney et moi, nous nous sommes rencontrés pour la première fois à cette fête. Nous nous sommes serrés la main au milieu d’une foule de gens, et il m’a dit : « Tu sais, j’ai écrit une chanson pour toi ». J’étais très étonné et je l’ai remercié. Et il a commencé à me chanter « Girlfriend » au milieu des invités. Puis nous avons échangé nos numéros de téléphone en promettant de nous revoir bientôt, mais nous sommes restés deux ans sans nous revoir, parce que chacun de nous avait dix mille choses à faire. Il a fini par mettre cette chanson sur son album « London Town ».(p. 157) (1)

Effectivement l’ex-Beatles enregistre le titre et le publie sur son album de 1978. Le titre, que McCartney chante avec une voix de falsetto, ne sort pas en single et reste une ballade romantique évoquant un triangle amoureux.

“Une chose très bizarre s’est alors produite pendant que nous faisions « Off The Wall », explique Michael dans Moonwalk. “Quincy est arrivé un jour en me disant : « Michael, j’ai une chanson parfaite pour toi ». Il m’a joué « Girlfriend » sans savoir que Paul l’avait écrite pour moi, au départ. Quand je le lui ai dit, il était ravi, et surpris. Nous l’avons enregistrée tout de suite après pour l’album. C’est une coïncidence incroyable ». (p. 157) (1)

Légèrement modifié (il manque un couplet par rapport à la version de McCartney), Michael inclus donc le titre sur Off The Wall. Il sortira en single uniquement en Grande Bretagne, en juillet 1980, le cinquième et dernier single de l’album.

Cette coïncidence évoquée par Michel mènera les deux stars à travailler ensemble sur trois duos. Paul McCartney explique lors d’interview que lors d’un Noël (probablement en 1980), il a reçu un coup de téléphone de Michael. Il ne pensait pas que c’était lui mais après confirmation, Michael lui a fait part de son désir de collaborer avec lui sur des duos.

« Au moment où on a commencé à travailler sur Thriller, j’ai appelé Paul McCartney à Londres et cette fois je lui ai dit : « Si on écrivait des tubes tous les deux ? » Notre collaboration a donné Say Say Say et The Girl Is Mine », explique Michael (p. 188) (1) (voir aussi l’article ici)

The Girl Is Mine

« Lorsque j’ai contacté Paul, je voulais le remercier de la faveur qu’il m’avait faite en me donnant « Girlfriend » pour l’album « Off The Wall ». J’ai écrit « The Girl Is Mine » en pensant que cette chanson serait bien pour sa voix et pour la mienne (…) », écrit Michael en 1988. (p. 188) (1)

The Girl Is Mine est donc le premier duo qui sort en single entre ces deux géants de la chanson, le 18 octobre 1982, un peu plus d’un mois avant la sortie de l’album Thriller.

La chanson a été écrite par Michael en 1981, peu après le succès d’Off The Wall, et évoque une dispute entre deux hommes pour une même femme.

Elle est enregistrée aux studios Westlake de Los Angeles du 14 au 16 avril 1982. Le mix final se fera en août 1982. 

Paul McCartney a filmé la plus grande partie de la session d’enregistrement : « Il a presque tout filmé », explique Michael. « Il avait une équipe de tournage, un caméraman, des éclairagistes. Christopher Cross est venu nous voir. Dick Clark et Lionel Richie aussi, et l’ingénieur du son, Quincy. On a vu aussi ma sœur La Toya et ma mère. Il y avait beaucoup de passage ». (2)

Des extraits de ces sessions avaient été projetés lors de certaines dates des concerts de la tournée mondiale de Paul McCartney en 1990.

Lors du procès de décembre 1984, où Michael est accusé par Fred Sandford d’avoir plagié sa démo Please Love Me Now pour composer The Girl Is Mine (un autre procès pour accusation de plagiat aura lieu en 1993), Michael explique comment il a créé la chanson (2) :

« Quincy Jones m’a demandé d’écrire une chanson sur deux gars qui se disputaient la même fille. J’y ai réfléchi et je suis revenu avec la chanson « The Girl Is Mine » (…) Je me suis réveillé en pleine nuit et j’avais la chanson. J’ai pris l’enregistreur de cassette et je me suis enregistré en train de la chanter. J’ai chanté exactement ce que j’avais entendu dans ma tête, en commençant par la mélodie puis le clavier, les cordes et ainsi de suite. J’ai tout mis oralement sur la cassette ».

Une cassette de Michael composant la chanson a été passée au jurés et on peut y entendre Michael dire : « Laissez la chanson se créer d’elle-même. Laissez la vous dire où elle va ».

Michael a également déclaré qu’il avait enregistré la démo au Studio Allen Zentz : « Je voulais une vrai bon son et pour jouer de belles cordes, il faut un bon plancher de bois et un bon plafond et j’ai donc décidé d’utiliser le Allen Zentz ».

A la question de son avocat qui lui demande s’il entend de la musique qu’il a utilisé dans The Girl Is Mine dans d’autres de ses travaux, Michael répond : « Oh oui, dans de nombreuses autres chansons… Ce sont principalement les mêmes accords que j’ai utilisés dans beaucoup de chansons que j’ai écrites par le passé. « That’s What You Get For Being Polite » en est une. Il y en a d’autres comme « Why Can’t I Be », « Thanks For Your Life », toutes celles-ci ont le même type d’accord que « The Girl Is Mine ». Je ne joue pas beaucoup de piano. Je compose principalement dans ma tête. Quand j’utilise le piano, je joue deux accords et cela a dicté les différentes chansons que j’ai composées ».

Michael se souvient alors que c’était l’idée de Quincy de rajouter un rap dans la chanson : « Michael m’a appelé un matin et il m’a dit « Smelly (le surnom que Quincy donnait à Michael), on devrait mettre une partie parlée pour compléter le titre ». Je lui ai répondu que c’était une bonne idée » .

David Paich du groupe Toto, qui apporte sa contribution au titre comme pianiste, évoque cette session d’enregistrement dans une interview au site songfacts:  « (….) Puis, il y a eu le duo Paul McCartney/Michael Jackson. Je jouais sur « The Girl Is Mine « et j’ai aidé à le co-arranger avec Steve Lukather et Quincy. Jeff Porcaro était là aussi. Ca a été un moment magique en studio. On commençait un album, et autour de nous il y avait Paul et Linda McCartney, George Martin et Geoffrey Emerick, Quincy Jones et Bruce Swedien. Je me suis dit: « Je suis mort et me voilà au paradis des producteurs et des artistes, J’étais assis dans la salle avec ces gars-là ». C’est un des moments qui m’a le plus marqué ».

The Girl is Mine est l’un des trois premiers titres sélectionnés pour l’album Thriller, avec Wanna Be Startin’ Somethin’ et Billie Jean. C’est également le titre qui aura l’honneur de lancer l’album. Une chanson qui ne laisse cependant pas présager de l’ampleur du phénomène qui attend Michael Jackson et son album quelques semaines plus tard. « Quincy et moi avons finalement choisi « The Girl Is Mine » comme titre principal du premier 45 tours de « Thriller ». Nous n’avions guère le choix. Quand il y a deux grands noms sur une même chanson, il faut que ce titre sorte en premier, ou alors il est matraqué et surexposé. Il fallait que cette chanson sorte » (p. 188), constate la star dans Moonwalk.

La pochette du single est une photo de Paul et Michael prise par Linda McCartney, lors de la visite du futur King Of Pop chez l’ex-Beatles en 1981. Michael porte une veste bleue du Japanese Tour de 1980 de Paul.

Une démo de la chanson apparait en 2008, sur le CD single The Girl Is Mine 2008, où Michael chante en solo.

La production de Will I Am tente même de masquer le terme de « doggone » (« the doggone girl is mine ») dans cette version remixée, ce qui enlève tout le charme au titre initial. Bien que McCartney n’aimait pas ce mot au départ, Michael lui a fait comprendre qu’il ne recherchait pas de la profondeur, mais plutôt un rythme, un sentiment. « Il avait raison. Ce ne sont pas les paroles qui sont importantes sur cette chanson, c’est beaucoup plus le bruit, la performance, ma voix, sa voix »,  dira McCartney.

Michael n’a jamais caché à quel point il avait aimé ces sessions d’enregistrement : « Une des chansons que j’ai préféré enregistrer parmi tous les enregistrements que j’ai fait en tant qu’artiste solo, est probablement « The Girl Is Mine », parce que travailler avec Paul McCartney était très excitant et nous nous sommes vraiment amusés. Nous avons beaucoup papoté et joué. On se jetait des trucs l’un sur l’autre, on se faisait des blagues. Nous avons enregistré la partie instrumentale et les voix en live pratiquement même temps. Nous avons des images de tout ça, mais elles n’ont jamais été montrées. Peut-être qu’un jour, on vous en donnera un avant-goût. «  (3)

Les deux hommes s’accordent, après ces sessions d’enregistrements,  une journée en famille aux Studios Universal. Quincy Jones les accompagne (à lire ici).

Say Say Say

Si The Girl Is Mine est le premier duo à sortir en single, il ne s’agit pas du premier titre enregistré par les deux stars.

Un peu avant l’été 1981, Michael se rend en Angleterre. Michael avait téléphoné à Paul quelques mois auparavant pour lui proposer de travailler ensemble. Paul explique : « Il est donc venu en Angleterre et nous nous sommes assis pour travailler. Ce n’est pas facile de s’assoir avec quelqu’un comme ça, que l’on ne connait pas et d’écrire, de composer parce qu’il faut quand même que l’alchimie fonctionne. Mais je me suis dit, c’est Michael, essayons, si ça ne fonctionne pas, on laissera tomber ». (4)

Et la magie fonctionne. Pendant les quelques jours où Michael profite de la vie anglaise (Paul l’invite aussi dans son ranch du Sussex), Paul et lui commencent donc à travailler aux Air Studios de Londres et co-écrivent Say Say Say.

Michael rentre à Los Angeles pour continuer de travailler sur la démo, qui contenait simplement au départ la ligne de guitare acoustique jouée par Paul ainsi que les voix des deux hommes. Le musicien Bill Wolfer a expliqué au magazine Invincible #3 que Michael était retourné en Angleterre (probablement en novembre 1981) avec une démo très élaborée, un enregistrement 24 pistes, dans l’espoir que Paul l’utiliserait pour la version finale. Ce qui s’est produit.

Le titre devait initialement paraître sur l’album Tug of War de McCartney en avril 1982, qui devait être un double album. Lorsque la maison de disque a fait savoir qu’elle n’était pas d’accord pour un double album, la chanson a finalement été mise de côté. Elle sera retravaillée en avril 1982 aux Cherokee Studios de Los Angeles (McCartney était aussi venu pour enregistrer The Girl Is Mine) et elle sera complétée aux studios Abbey Road de Londres en février 1983 (où les Beatles ont enregistré quasiment tous leurs albums). Elle paraîtra finalement sur l’album Pipes of Peace de Paul, qui paraît en octobre 1983.

Say Say Say sort en single en octobre 1983, quelques jours avant la sortie de l’album Pipes of Peace.

Le titre est produit par George Martin, le producteur des Beatles, qui évoque Michael : « Il dégage un tel aura quand il arrive dans le studio. Il n’est pas musicien, pas de la même manière que Paul … mais il sait réellement ce qu’il veut et il a des idées bien arrêtées ». (3)

Michael évoque aussi cette expérience avec l’ex-Beatles : « Say Say Say a été coécrit par Paul, un homme qui savait jouer de tous les instruments qu’on peut trouver dans un studio, et qui savait transcrire chaque partition, alors que moi je ne savais pas le faire. Et pourtant, nous avons collaboré, d’égal à égal, et nous nous sommes bien amusés ensemble. Paul n’a jamais eu besoin de me traîner en studio. Cette collaboration m’a donné encore davantage confiance en moi, car il n’y avait pas Quincy pour corriger mes erreurs et me regarder. Paul et moi nous partagions la même idée sur la manière dont une chanson pop doit tourner, et ce fut un vrai régal de travailler avec lui ». (p 189) (1)

La chanson domine les charts mondiaux pendant plusieurs semaines, permettant à Michael d’obtenir son troisième single numéro un, après Billie Jean et Beat It.

Le titre est accompagné d’un short film, réalisé par Bob Giraldi (qui avait précédemment réalisé Beat It) et tourné dans le Union Hotel de Los Alamos et au Sycamore Valley ranch, qui deviendra quelques années plus tard le ranch Neverland de Michael Jackson, du 4 au 7 octobre 1983.

Paul (Mac) et Michael (Jack) jouent le rôle de deux arnaqueurs et artistes du 19ème siècle qui vont de ville en ville pour faire fructifier leurs petites affaires quitte à se faire poursuivre par la police locale. Linda McCartney, la femme de Paul et La Toya Jackson, la sœur de Michael, la jeune femme dont il s’éprend dans le clip, apparaissent dans le short film. (Voir quelques articles d’époque sur la sortie de Say Say Say ici et ici).

Le 2 octobre 2015, une version Deluxe de l’album Pipes of Peace de Paul McCartney a été éditée, comprenant un coffret CD/DVD/Livre, le tout supervisé par Paul lui-même. Sur un des CD, on peut trouver une version 2015 de Say Say Say. Sous-titrée 2015 Remix, cette nouvelle version de près de sept minutes propose une variante quasi-intégralement chantée par Michael Jackson, ainsi que des ad-libs qui ne figuraient pas dans la parution originale.

Alors qu’il travaillait sur la remasterisation de Pipes of Peace, au début de l’année 2015, Paul était en train d’écouter un remix instrumentale de Say Say Say par DJ John « Jellybean » Benitez quand il s’est souvenu que des parties vocales avaient été enregistrées et n’avaient pas été utilisées.

Les multipistes master d’origine ont été localisées et Paul et Steve Orchard, son ingénieur du son, ont fusionné les enregistrements inédits au mix de 1983 de Jellybean, dans le studio du Sussex d’Orchard. Cette version longue (la version d’origine faisait 3 :26 minutes) a ensuite été remise pour un nouveau remix à Mark ‘Spike’ Stent, connu pour son travail avec Taylor Swift, Lady Gaga et Coldplay.

Orchard explique: « Paul s’est souvenu qu’il y avait deux performances vocales non utilisées de Michael et de lui-même. Il a pensé que nous devrions essayer de les utiliser sur le mix de Jellybean. Celui-ci est un format 12″ (maxi 45tours) et est beaucoup plus long que la version originale. Il a été réalisé à l’origine en éditant des parties de la chanson permettant ainsi de diminuer le son de différents instruments et de créer de nouvelles sections que nous avons associées. J’ai du éditer et arranger les parties vocales alternatives pour que cela corresponde au format 12″. Nous avons ensuite réarrangé la séquence vocale et inversé la performance d’origine afin que Michael chante le premier couplet à la place de Paul. Cela donnait au morceau un regard différent par rapport à la version originale. Ensuite, nous avons ajouté les chœurs de la multipiste originale pour améliorer un peu le mix instrumental. Paul a alors dit que ce serait bien que Spike Stent mixe cette nouvelle version afin de donner au morceau une nouvelle ambiance. » (4)

Le titre version 2015 rend donc hommage à Michael en lui donnant un rôle plus important dans ce duo mythique.

Le single est prévu pour sortir le 20 novembre 2015.

The Man

Lorsque Michael et Paul se retrouvent en Angleterre en 1981, ils composent Say Say Say et travaillent également sur The Man, un autre duo, qui paraîtra aussi sur l’album Pipes of Peace de Paul. Comme pour Say Say Say, la chanson sera complétée à Los Angeles en avril 1982 puis en février 1983, aux studios Abbey Road.

Le moins connu des trois duos entre les deux chanteurs, ce titre, où Linda McCartney fait les chœurs (certains n’hésitent pas à affirmer qu’il s’agit plutôt d’un duo entre Michael et Linda) est une ballade pop qui n’a jamais eu son heure de gloire.  En février 1984, le titre aurait du sortir en single mais Walter Yetnikoff, le président de CBS Records, s’y oppose, de peur qu’il vienne concurrencer les singles extraits de l’album Thriller. La sortie est annulée et seuls quelques acétates verront le jour. Le Pérou est le seul pays à avoir sorti officiellement le single.

Dans la réédition Deluxe de Pipes of Peace d’octobre 2015, Paul McCartney a inséré sur le DVD une vidéo le montrant en compagnie de Michael Jackson lorsque celui-ci l’a rejoint dans le Sussex en 1981, avec The Man en bande son. Des images inédites où Michael partage une balade à cheval ou une promenade à pied avec Paul et sa famille. Michael porte ce jour-là la veste bleue de McCartney. La photo du 45 tours de The Girl Is Mine (voir plus haut) est donc tirée de ce film.

Une interview audio de Paul de 1982 est reprise au début de la vidéo où il explique comment Michael l’a contacté la première fois.

Dans une interview récente de Paul à un journaliste anglais, sur sa collaboration avec Michael, il explique comment lors d’une courte session de travail, les deux hommes ont commencé à créer Say Say Say, Paul à la guitare et Michael à l’écriture. Paul évoque également leurs deux voix assez proches, qui ont parfois du mal à se distinguer que ce soit sur Say Say Say ou The Man.

Lors de ces moments passés ensemble, les deux stars nouent une certaine amitié. Michael accompagnera Paul et Linda McCartney au dîner des British Phonographic Industry (BPI) Awards à Londres, le 10 février 1983, où Paul se voit remettre deux récompenses. “J’avais l’impression d’être un grand frère pour Michael” disait Paul. (5)

Le catalogue ATV et une amitié plus distante

Cette amitié va cependant subir un rude coup lorsque, durant l’été 1985, Michael acquiert le catalogue ATV, qui contenait notamment les titres des Beatles écrits entre 1964 et 1971. Un coup d’autant plus dur pour l’ex-Beatles, que c’est lui qui avait conseillé Michael d’investir dans l’édition musicale.

Michael explique : « Finalement, j’ai acheté le catalogue d’éditions ATV, qui comprenait beaucoup de chansons de Lennon et McCartney. Mais la plupart des gens ignorent que c’est Paul qui m’a poussé à m’intéresser à l’édition. J’étais chez Paul et Linda, dans leur maison de campagne, quand Paul me parla de l’édition musicale. Il me tendit un petit livre avec « MPL » inscrit sur la couverture. Il a souri quand je l’ai ouvert, parce qu’il savait que j’allais trouver le contenu excitant. Il y avait une liste de toutes les chansons qui appartiennent à Paul et il avait acheté les droits de ces chansons depuis longtemps. Je n’avais jamais songé à acheter des chansons jusqu’alors. Lorsque le catalogue ATV (…) fut à vendre, j’ai décidé de l’acheter ». (p 189) (1)

Paul, un jour de 1983, avait donc expliqué à Michael que le monde de l’édition musicale pouvait rapporter gros et il pensait que Michael blaguait lorsqu’il lui avait répliqué : « Peut être qu’un jour j’achèterai tes chansons ».

Après cet achat, Paul et Michael deviendront plus distants. Paul n’apprécie pas que Michael laisse utiliser des chansons des Beatles pour des publicités. Ce sera notamment le cas avec le titre Revolution pour une publicité de chaussures Nike en 1987 ou All You Need Is Love pour une publicité japonaise de Panasonic.

En 1988, Michael profite de ses droits sur le catalogue pour reprendre Come Together dans son film Moonwalker. Le titre paraîtra ensuite sur l’album HIStory de 1995. Une reprise très rock, avec un clip plutôt « hot », du titre de 1969 des Beatles.

En 1990, les deux hommes se retrouvent pour discuter de la demande de Paul à Michael d’augmenter ses royalties. L’occasion de publier une photo (Michael en backstage lors d’un concert de Paul à Los Angeles) démentant des rumeurs de discorde entre les deux stars.

En 1991, Paul et Linda McCartney rendent visite à Michael sur le tournage de son short film Black or White.

En 1993, Paul McCartney apporte son soutien à Michael lorsque celui-ci doit faire face à de terribles accusations et déclare à USA Today : « Je n’hésiterais pas une seule seconde à confier mes enfants à Michael ». Michael le remerciera dans le livret de son album HIStory (1995) en laissant un petit mot :
« To Paul and Linda McCartney and Family : my everlasting affection for all your love and support. Michael Jackson » (A Paul et Linda McCartney et leur famille : mon affection éternelle pour tout votre amour et votre soutien. Michael Jackson).

Après la disparition de Michael en juin 2009, Paul salue la mémoire de la star en laissant un message sur son site internet où il se dit attristé et choqué. « J’ai eu le privilège de passer du temps et de travailler avec Michael. Il était un homme-enfant au talent immense et au caractère doux. Sa musique restera à jamais dans les mémoires et mes souvenirs de nos moments communs seront toujours heureux ».

Un mois plus tard, le 15 juillet 2009, invité du Late Show de David Letterman à New York, Paul évoque à nouveau les souvenirs de sa relation avec Michael.

Michael Jackson a collaboré avec de nombreux artistes de talents (Diana Ross, Freddie Mercury, Mick Jagger, …) mais ses duos avec Paul McCartney resteront les plus connus, Say Say say étant celui qui a remporté le plus de succès, témoin de la relation amicale entre les deux hommes. 

Trente ans plus tard, il revient même dans l’actualité avec une version 2015 accompagnée d’un clip …. version 2015 aussi … dynamique et frais, mais destiné à la nouvelle génération (sans aucune image de Paul ou Michael).

Finalement l’amitié de Michael et Paul aura eu raison des tempêtes et des époques ….

(1) Moonwalk, Michael Jackson/ (2) Jet Magazine du 31 décembre 1984 / (3) The Maestro, Chris Cadman/ (4) paulmccartney.com / (5) wingspan.ru/ KING, Richard Lecocq/ Thriller 25 The Book

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