Bad: lieux de tournages et références
Bad, qui a un temps été envisagé comme un duo avec Prince, à l’époque grand rival médiatique de Michael Jackson, est le deuxième single issu de l’album du même nom, paru en septembre 1987.
Dans son autobiographie A Memoir, Cyndi Lauper prétend que la ligne de basse sur le titre est inspirée de son succès de 1983, She Bop. « Si vous écoutez la fin de She Bop, vous entendrez que Michael Jackson a emprunté la ligne de basse et a écrit Bad à partir de là. Juste avant qu’il n’enregistre Bad, il était assis derrière moi dans un avion, avec Emmanuel Lewis et il écoutait She Bop. Ce n’est pas un problème. Je suis très flatté qu’il ai même pensé à cela ».
Michael explique dans Moonwalk, son autobiographie, que « Bad est une chanson sur ce qui se passe dans la rue. C’est l’histoire d’un môme d’une banlieue très dure, qui est envoyé à l’école dans une institution privée. Il revient dans son quartier pendant les vacances et les gamins du coin commencent à le chercher, histoire de démarrer une bagarre. Il chante : « Je suis mauvais, vous êtes mauvais, qui est mauvais ? Qui vaut mieux que les autres ? » Ca veut dire que quand on est fort et bon on devient le méchant des autres ».
Les paroles
Your butt is mine
Gonna tell you right
Just show your face
In broad daylight
I’m telling you
On how I feel
Gonna hurt your mind
Don’t shoot to kill
Come on, come on,
Lay it on me
All right…
I’m giving you
On count of three
To show your stuff
Or let it be…
I’m telling you
Just watch your mouth
I know your game
What you’re about
Well they say the sky’s the limit
And to me that’s really true
But my friend you have seen nothing
Just wait ’til I get through…
Because I’m bad, I’m bad – come on
(Bad bad – really, really bad)
You know I’m bad, I’m bad – you know it
(Bad bad – really, really bad)
You know I’m bad, I’m bad – come on, you know
(Bad bad – really, really bad)
And the whole world has to
Answer right now
Just to tell you once again,
Who’s bad…
The word is out
You’re doin’ wrong
Gonna lock you up
Before too long,
Your lyin’ eyes
Gonna tell you right
So listen up
Don’t make a fight,
Your talk is cheap
You’re not a man
You’re throwin’ stones
To hide your hands
But they say the sky’s the limit
And to me that’s really true
But my friend you have seen nothing
Just wait ’til I get through…
Because I’m bad, I’m bad – come on
(Bad bad – really, really bad)
You know I’m bad, I’m bad – you know it
(Bad bad – really, really bad)
You know I’m bad, I’m bad – you know it, you know
(Bad bad – really, really bad)
And the whole world has to answer right now
(And the whole world has to answer right now)
Just to tell you once again,
(Just to tell you once again)
Who’s bad…
We can change the world tomorrow
This could be a better place
If you don’t like what I’m sayin’
Then won’t you slap my face..
Because I’m bad, I’m bad – come on
(Bad bad – really, really bad)
You know I’m bad, I’m bad – you know it
(Bad bad – really, really bad)
You know I’m bad, I’m bad – you know it, you know
(Bad bad – really, really bad)
Woo! Woo! Woo!
(And the whole world has to answer right now
Just to tell you once again…)
You know I’m bad, I’m bad – come on
(Bad bad – really, really bad)
You know I’m bad, I’m bad – you know it – you know it
(Bad bad – really, really bad)
You know, you know, you know – come on
(Bad bad – really, really bad)
And the whole world has to answer right now
(And the whole world has to answer right now)
Just to tell you
(Just to tell you once again)
You know I’m smooth – I’m Bad – you know it
(Bad bad – really, really bad)
You know I’m bad – I’m bad baby
(Bad bad – really, really bad)
You know, you know, you know it – come on
(Bad bad – really, really bad)
And the whole world has to answer right now
(And the whole world has to answer right now)
Woo!
(Just to tell you once again)
You know I’m bad, I’m bad – you know it
(Bad bad – really, really bad)
You know I’m bad – you know – hoo!
(Bad bad – really, really bad)
You know I’m bad – I’m bad – you know it, you know
(Bad bad – really, really bad)
And the whole world has to answer right now
(And the whole world has to answer right now)
Just to tell you once again…
(Just to tell you once again)
Who’s bad?
Le short film lui-même s’inspire du thème de la chanson et le scénario, écrit par Richard Price, est basé sur un fait divers réel, celui du jeune Edmund Perry. Le 12 juin 1985, l’adolescent noir de 17 ans était tué dans son quartier de Harlem par un policier blanc, qui prétendait avoir été agressé par le jeune homme. Edmund Perry était rentré chez lui après avoir été diplômé d’une école privée prestigieuse et s’apprêtait à entrer à l’université de Stanford, sur la côte Ouest. L’évènement a depuis donné lieu à un livre, Best Intentions: The Education and Killing of Edmund Perry de Robert Sam Anson, et un film pour la télévision tiré de ce livre, Murder Without Motive: The Edmund Perry Story (1992).
Dans le short film, Michael interprète un étudiant brillant, Daryl, qui rentre chez lui, à Harlem, pour les vacances et retrouve ses amis du ghetto qui veulent savoir s’il fait toujours partie des leurs, s’il est toujours aussi « Bad ».
Le short film de 17 minutes a été réalisé par Martin Scorsese et tourné à New York, en novembre 1986, plusieurs mois avant que l’album ne soit fini d’enregistrer.
Les lieux de tournage
La première partie de la vidéo, en noir et blanc, a été tournée à différents endroits.
Au début du short film, l’heure des vacances sonne et les étudiants rentrent chez eux. Daryl est félicité par un de ses camarades pour son brillant semestre. La scène a été tournée dans The Masters School, une école privée, située à Dobbs Ferry, à environ 40 minutes en voiture au nord de Manhattan, sur les bords de l’Hudson River.
A l’époque une école de filles, les étudiantes sont libérées une journée pour permettre le tournage. La scène où les garçons descendent les escaliers pour sortir du bâtiment a lieu dans le Master Hall de l’école.
Une photo bien connue de Michael avec son producteur Quincy Jones a été prise devant le bâtiment Master Hall, avec son entrée ressemblant à celle d’une cathédrale gothique.
Daryl rentre ensuite chez lui par le train puis le métro. Lorsqu’il se retrouve presque seul dans le train, son regard se perd par la fenêtre. Une scène qui n’est pas sans rappeler celle de Rosa Parks, dans son bus, refusant de céder sa place à un homme blanc en décembre 1955, entraînant un boycott sans précédent, un des évènements majeurs des droits civiques aux Etats Unis. (merci à Barbara pour cette comparaison très intéressante et sans doute pas innocente).
Daryl retrouve son quartier et ses amis. Sa mère est absente et lui a simplement laissé un message dans leur appartement.
Roberta Flack prête sa voix à la mère du jeune homme. Michael avait déjà eu l’occasion de collaborer avec cette chanteuse soul en 1974 pour un duo, When We grow Up.
Les scènes de retrouvailles entre Daryl et ses trois amis sont tournées dans le quartier de Harlem. Quartier Afro-Américain de la ville de New York, Harlem est, à l’époque, le symbole même de pauvreté, de chômage et de criminalité (un aspect d’ailleurs évoqué dans le clip lorsque les amis se trouvent face à un dealer dévoilant son revolver devant eux). L’état de délabrement de certaines rues en dit long sur les conditions de vie des populations.
Le tournage a eu lieu dans la 122ème rue, entre Frederick Douglass Avenue et Adam Clayton Powell Jr Avenue, à cinq minutes du célèbre Apollo Theater.
La rue est aujourd’hui méconnaissable. Depuis le milieu des années 90, le développement économique de Harlem attire les centres commerciaux. Son patrimoine culturel fait venir les touristes et le quartier n’est désormais plus autant craint qu’auparavant.
Un affichage sur la clôture d’un jardin, entre les Brownstones, rappelle que le short film s’est tourné dans cette rue, au niveau du numéro 232. Les habitants de la rue, fiers de cet évènement, n’hésitent pas à le signaler aux touristes qui cherchent un renseignement sur le lieu exact.
“Nous célébrons avec amour l’incomparables génie et humanité de Michael Jackson, qui, à la fin des années 80 (au début de l’année 1987, pour être exact) a passé quelques jours dans notre quartier (122ème rue entre Adam Clayton Powell Jr et Frederick Douglass Avenue) – qui était tellement diffèrent de ce qu’il est maintenant – pour filmer BAD (version complète, première partie). Michael qui était tellement timide et humble, semblait être autant en admiration devant nous, quand nous lui réclamions un autographe, que nous l’étions devant lui. La plupart du tournage a eu lieu dans et aux alentours du 232, où Michael a personnellement remercié chaque résident”.
C’est dans cette maison que se sont tournées les scènes où Daryl discute avec ses trois amis.
Voulant prouver à ses amis qu’il est toujours des leurs, Daryl se retrouve dans une station de métro déserte. Il ne peut cependant se résoudre à attaquer le vieil home sur lequel il a jeté son dévolu. Suit alors la séquence de danse, en couleurs, dans laquelle Michael Jackson/Daryl, change de look et se retrouve en tenue cloutée de bad boy entouré de danseurs. Et il apparait, tel un super héros tombant du ciel!
Cette deuxième partie du short film a été tournée dans la station de métro de Brooklyn, Hoyt Schermerhorn.
Une des scènes de The Wiz, le film qui a vu débuter Michael Jackson sur grand écran en 1978, avait également été tournée à cet endroit.
La station de métro se situe sur les lignes A, G et C qui relient le nord de Brooklyn à Manhattan. Un des quais n’est plus utilisé pour la circulation des rames et, au dessus, une partie de la station a été fermée au public, ce qui réduit l’espace qui avait été utilisé pour le short film.
Rien n’indique que le King Of Pop a foulé ces lieux. Pourtant c’est bien ici que le short film a été tourné, comme le confirment les agents de la station que l’on peut rencontrer.
Les escaliers sur lesquels Michael avait posé durant le tournage sont facilement identifiables.
Pour le reste, la station n’étant pas bien grande, il suffit de faire fonctionner son imagination pour revoir Michael danser au milieu de ces poteaux à carreaux blancs ou derrière les grilles noires toujours présentes.
On se surprend même à regarder le plafond pour observer l’endroit d’où Michael avait du se poster avant de surgir au milieu de ses danseurs comme le montre le making of du short film dans le documentaire Bad 25 de Spike Lee.
Les influences
Durant toute la chanson, Michael Jackson prononce “Shamone” à la place de “Come On”, comme le faisait Mavis Staples. La référence à cette chanteuse soul américaine, du groupe Staple Singers apparait dès 2010 mais a surtout été mise à jour durant le documentaire Bad 25 de Spike Lee en 2012.
En 2010, dans une interview parue dans le Washington Post, Mavis s’exprime sur son influence sur le King of Pop: “Un jour m’a mère m’a appelée et m’a dit: “Mavis? Ce petit Michael Jackson t’a vraiment piqué ton mot!” Je lui ai dit “Quoi?” et elle m’a dit:” Mets la chaîne 2”. Il était à la télé et chantait Bad: “I’m Bad, you know it, shamone, shamone”. En fait, je dis “Shamone” dans ma chanson “I’ll Take You There”. C’est juste un mot que j’ai inventé. Et cela m’a donné un sentiment de satisfaction. Parfois, des disc-jockeys me demandaient “Mavis, est-ce que Michael t’a versé de l’argent pour “Shamone?”. “Non il ne m’a versé un seul cent. Mais ce n’est pas grave”, j’ai répondu. »
Mais l’influence majeure du short film est sans aucun doute West Side Story. Ce film musical de 1961 met en scène deux gangs rivaux, les Jets et les Sharks, qui s’affrontent dans le New York des années 50. La musique a été composée par Leonard Bernstein. Ce dernier et Michael avaient eu l’occasion de se rencontrer, quelques mois avant le tournage de Bad, en août 1986, à la demande du compositeur qui appréciait le talent de Michael.
Bad s’inspire directement d’une séquence de West Side Story intitulée Cool (à noter l’opposition entre Cool et Bad: d’ailleurs est-ce vraiment une opposition car dans l’argot américain, ces deux mots signifient la même chose?).
Geron « Casper » Candidate, un des danseurs de Michael présent durant le tournage (on les voit répéter ensemble avec Jeffrey Daniel dans la chambre du Helmsley Palace de New York dans la vidéo ci-après) explique: “Michael adore West Side Story. Il nous a demandé de regarder le film, un soir. Il s’est assis sur le lit, et nous, les danseurs (Jeffrey Daniel, Gred Burge, quelques autres et moi) on était installé un peu partout dans la chambre d’hôtel. Il nous a montré quelques scènes et quand il aimait quelques choses, il poussait un cri. “Waouh, vous avez vu ça?” Vous avez senti?” il disait. C’était l’ambiance West Side Story qu’il voulait retrouver dans son clip.” (1)
Dans Cool, les membres du gang se retrouvent dans un parking et essaient de contenir leur colère après la mort de l’un des leurs. Dans Bad, il ne s’agit pas de gang – Michael a déjà utilisé ce concept quelques années plus tôt avec Beat It – même si cela y ressemble, mais le personnage de Michael exprime également une colère, un refus de violence.
La danse dans laquelle Michael se lance intègre de nombreux éléments de la chorégraphie de Jerome Robbins dans West Side Story. La rotation de la tête comme échauffement, le lancer de jambe et bras écartés, les petits pas saccadés latéraux sur la pointe des pieds, le poing lance. On voit même le personnage d’A-Rab effectuer le célèbre lancer de doigt de Michael en poussant le même cri.
Michael a repris à son compte ces différent pas en y ajoutant un côté contemporain, avec notamment des mouvements bloqués et des pas de break dance, alors en vogue.
La façon de filmer le groupe est également identique surtout lorsque la bande de Michael marche face à la caméra.
Enfin, est-il nécessaire d’évoquer l’influence majeure de Fred Astaire sur l’art de Michael Jackson? Celui-ci a-t-il d’ailleurs pensé à The Band Wagon (Tous en scène), ce film musical de 1953 de Vincente Minelli où Fred Astaire et Cyd Charisse se partagent la vedette? Dans la séquence finale, The Girl Hunt, un autre grand moment de l’histoire de la comédie musicale, une des scènes de danse entre Tony et Gabrielle, les personnages, a lieu dans une station de métro (entre 5:00 et 6:30 dans cette vidéo). La carrière de Michael sera de toute façon régulièrement dotée de références à son idole (à lire ici).
Le clip Bad reçoit un accueil mitigé lors de sa première diffusion. Malgré sa tentative de s’inspirer de la rue pour mettre en avant un nouveau Michael Jackson, le short film garde une ambiance comédie musicale. Il reste cependant l’un des clips cultes du chanteur, d’ailleurs parodié, quelques mois plus tard par Weird Al Yankovic, avec Fat.
Voir également les articles d’époque ici, ici, ici et ici
Sources: (1) Michael Jackson, J. Randy Taraborrelli/ KING, Richard Lecocq/ The Maestro, Chris Cadman/ mj-cinema.blogspot.fr/ Bad25 Documentary, Spike Lee/ Photos personnelles de la 122nd Street et de la station de métro prises en août 2015
3 Comments
anniva
Merci Rachel J’adore tous les titres de cet Album. La sortie du short film Bad était comme toujours un événement planétaire, je me souviens que j’attendais ce jour avec impatience et je n’ai pas été déçue ! Michael est superbe, la chorégraphie est géniale et il danse à la perfection…
Krinou
Superbe article ! Vous maîtrisez votre « sujet » à la perfection et vous avez une véritable passion pour cet artiste, cela se ressent dans le soin apporté à chacun de vos articles, dans la rédaction du texte mais également dans le choix des photos..
Je suis fan depuis de très nombreuse années et je pense pouvoir affirmer que je maîtrise mon « sujet » sur le bout des doigts, cependant, j’arrive encore à parfaire mes connaissances sur MJ grâce à votre blog, pour cela, merci infiniment.
Rachelmj
Oui @anniva, moi aussi je me souviens très bien de cette époque Bad. J’ai tout vécu en direct. Ca reste mon album préféré…chaque titre est un bijou.
@ Krinou, merci infiniment pour ce commentaire… j’écris par passion pour Michael et son oeuvre mais j’avoue qui si cela peut toucher certains fans, ça n’en est que mieux