Michael Jackson au château du Champ de Bataille, le 1er juillet 1997
Le château du Champ de Bataille aurait pu être un simple château historique parmi tous ceux, magnifiques, que la France compte sur son territoire. Mais pour les fans de Michael Jackson, il revêt une signification particulière et à ce titre, aussi, mérite une petite visite.
Situé au beau milieu de la campagne Normande, dans le département de l’Eure, près Du Neubourg, à environ 115 kilomètres de Paris, le château doit son nom, selon la légende la plus commune, à une grande bataille ayant eu lieu sur le site en 935 et qui a permis l’indépendance de la Normandie. Plusieurs châteaux se seraient succédés avant que le comte de Crequi, au 17ème siècle, ne se fasse construire un superbe palais lui rappelant les fastes de la cour Royale dont il avait été exilé par Mazarin. Le château, racheté par la famille d’Harcourt au 18ème siècle, est ensuite laissé à l’abandon, pillé, puis connu à nouveau plusieurs propriétaires qui l’ont entretenu plus ou moins correctement au cours des années. En 1992, l’architecte et décorateur Jacques Garcia en fait l’acquisition et entreprend de lui redonner sa splendeur d’antan.
Le 1er juillet 1997, Michael Jackson, toujours dans l’idée d’acheter un château en France pour s’y installer (il avait déjà visité le château de Pierrefonds, un an plus tôt), arrive au château du Champ de Bataille, en fin de journée, accompagné de son épouse d’alors, Debbie Rowe et d’Elisabeth Dauchy (que Michael appelait Isabelle), la présidente d’une grande entreprise française d’investissement.
« Même s’il n’était pas à vendre, Champ de Bataille avait tout pour séduire Michael : la grandeur et la beauté, mais aussi le confort, la douceur de vivre et tout ce qui fait la noblesse d’une demeure. Tout reflétait l’esprit du Grand Siècle : chambre de parade et grand salon, billard et bibliothèque, escalier d’honneur et cabinet des porcelaines, sans oublier le dessin grandiose de ses splendides jardins avec leurs si jolis parterres de gazons encaissés ». (1)
Caroline, à l’époque jeune stagiaire au château dans le cadre de son BTS de tourisme a raconté au magazine Paris Match comment elle a rencontré le King of Pop : « J’étais guide à l’époque, nous étions quatre ou cinq à séjourner dans une des ailes du château qui appartenait à Monsieur Garcia. Celui-ci nous a prévenus que Michael Jackson allait venir château, à peine une heure avant son arrivée. Il venait pour une visite mais aussi peut être pour tourner un clip vidéo. Le clip ne s’est jamais fait, mais on a vu Michael », explique la jeune femme qui n’était pas spécialement une admiratrice mais qui se rendait compte de l’opportunité de l’approcher. « Il était tard, les touristes étaient déjà tous partis. On a eu du mal à y croire et la voiture aux vitres teintées est arrivée. Il en est sorti avec un masque noir sur son visage, qu’il n’a jamais retiré, et des chaussures noires et dorées. Sa femme a posé beaucoup de questions pendant la visite. Il a parlé brièvement à Jacques Garcia et semblait fasciné par le paysage. Nous étions un peu excités. C’est rare de voir une personnalité comme lui, et pourtant il n’y avait que quelques gardes du corps qui le suivaient ».
En ce samedi de juillet, dix huit ans après le passage de Michael Jackson, je me rends donc au Château du Champ de Bataille, visiter ce lieu que la star souhaitait acquérir…car il semble, selon un des employés rencontrés sur place, que ce château était bien à vendre à cette époque.
Accueillie par un immense portail donnant sur une longue allée qui mène au corps du château, avec, au centre la cour d’honneur, il me semble reconnaître l’endroit où la voiture de Michael Jackson avait stationnée en 1997. C’est d’ailleurs ici que commence la visite.
Photo: onmjfootsteps
Après avoir acheté mon billet d’entrée, je demande à la jeune femme à l’accueil si un des employés actuels étaient présents en 1997 lors de la venue de la star. Ce n’est pas le cas, en dehors de Jacques Garcia, le propriétaire, mais qui n’est pas au château ce jour. Elle m’explique qu’effectivement Michael était venu en visite dans l’idée d’acheter un château, qu’il a beaucoup aimé celui de Champ de Bataille, mais qu’il ne l’aurait jamais acheté car il avait été horrifié par la pièce du château où se trouvent les animaux empaillés…. Elle n’a connaissance d’aucunes photos autres que celles déjà connues et il n’existe aucun livre d’or dans le château.
L’entrée pour la visite des appartements, qui m’intéresse plus particulièrement, se fait par l’arrière du château. Elle donne sur les magnifiques jardins à la française, probablement, selon les anciens documents liés à l’histoire du domaine, dessinés par le célèbre Le Nôtre, le même jardinier qui a conçu les jardins du château de Versailles. Une vue splendide, qui ne reflète cependant pas celle d’une vue aérienne, s’ouvre à moi, sur plusieurs centaines de mètres.
Photo: onmjfootsteps
Alors que je me dirige vers la grande entrée, j’imagine tout à fait Michael et Debbie, marchant paisiblement, tel que nous le montrent les photos que nous connaissons.
Photo: onmjfootsteps
Les photos étant interdites à l’intérieur du château, celles postées dans cet article (à quelques exceptions, faites alors avec l’accord des employés) proviennent d’Internet (google image)
La pièce qui accueille les visiteurs, qui se voient remettre un audio-guide permettant d’avoir de nombreux détails sur les différentes pièces et leur mobilier tout au long de la visite, est le vestibule d’honneur, avec ses colonnes centrales, juste à côté du grand escalier d’honneur qui mène aux appartements.
C’est dans ce vestibule que Michael avait posé avec Debbie et sa guide, Elisabeth Dauchy ou avec les employés du château, dont Caroline, la jeune stagiaire, revêtus d’un costume de laquais, à la fin de sa visite en 1997, une photo qui a longtemps été exposée aux visiteurs, selon Patrick Pottier, qui veille sur les jardins, avec qui j’ai pu discuter brièvement.
Photo: Onmjfootsteps
On le voit également en train de signer un autographe sur un livre du château.
Après les cuisines, en sous sol, on se retrouve devant un long couloir où ont été accumulés de nombreux animaux empaillés. C’est donc à la vue de ce couloir que Michael avait été horrifié : « Les animaux taxidermistes ne provoquèrent chez lui que le dégoût et ce fut avec un regard réprobateur qu’il considéra les têtes des cerfs empaillés et les oiseaux naturalisés ». (1)
La visite se poursuit vers la bibliothèque, une très grande pièce, qu’on ne peut voir entièrement, mais dont on devine la richesse. A l’entrée, une collection de camées, montée sur un cylindre en bronze, représentant les rois et reines de France jusqu’à Louis XIV, un objet précieux et unique. Michael Jackson a d’ailleurs particulièrement apprécié cette pièce, que le propriétaire améliore régulièrement.
« Mais ce qui enthousiasma véritablement Michael à Champ de Bataille, ce fut la bibliothèque. En un seul lieu, tout ce qu’il aimait était rassemblé : de monumentaux atlantes à l’égyptienne en stuc de granit rythmaient cet ensemble voué à l’étude, tandis que les sièges néo-égyptiens de Jacob recouverts de peaux de panthère pouvaient évoquer le cabinet d’un amateur de retour d’Egypte. Alors Michael demanda à sa suite de le laisser seule avec sa femme Debbie et « Isabelle » dans ce temple de la culture. Il y resta deux heures, frôlant les incunables, caressant les reliures des ouvrages anciens et prenant tout son temps pour feuilleter les livres les plus singuliers. Il était dans un état qu’il aimait, comme en apesanteur, suspendu entre les deux étages de la monarchie solaire, celui des pharaons d’Egypte et celui de Louis XIV, l’astre de Versailles. A cet égard, rien ne lui paraissait plus beau que ce qui lui était présenté pour la première fois : un livre de dessins sur le sacre de Louis VIX, bientôt accompagné d’une collection somptueuse d’ouvrages, réalisés spécialement pour les grandes occasions, qu’on appelait les livres de fêtes et qui racontaient par exemple le mariage du dauphin. Ces livres de fêtes étaient frappés aux armes de France. Après les avoir longuement consultés, il se pencha sur deux volumes également essentiels pour lui. Le premier réveillait sa passion de l’égyptologie, le second le mettait en présence de l’un des grands hommes qui hantaient sa galerie des illustres : l’édition originale de La Description de l’Egypte par Vivant Denon et un livre avec un ex-libris d’Albert Einstein ». (1)
En ressortant de la bibliothèque, dans le couloir très étroit, je reconnais un des documents d’époque, sous vitrine ,devant lequel Michael et Debbie avaient été photographiés, pris d’un fou rire.
Photo: onmjfoosteps
La chapelle du château, dont les murs sont décorés avec des éléments brodés de pompe funèbre, renferme une statue de Saint Alexandre du XVIème siècle, statue qui n’a jamais quitté le château. C’est probablement en haut de l’escalier qui part de cette chapelle pour mener aux grands appartements que cette photo de Michael et Debbie, admirant l’autel du XVIIème siècle, a été prise.
La visite des appartements en eux-mêmes commence par la chambre de Parade, la pièce la plus riche, destinée à l’époque à montrer le pouvoir de la personne à qui elle appartient. Le lit est d’époque Louis XIV.
« Michael et Debbie avaient été séduits par la chambre de parade où la richesse de la sculpture du lit de repos répondait à celle des boiseries dorées attribuées à Jacques Verberckt, l’un des sculpteurs ornemanistes qui travailla au décor de Versailles. Michael ne résista pas et s’assit dans ce grand fauteuil XVIIIè garni d’un velours brodé et pourvu d’accoudoirs en forme de tête de dauphin, rappelant le dessin d’un siège exécuté pour le Grand Dauphin, fils de Louis XIV. Les rideaux de satin bleu ornés de fleurs de lys provenaient du palais des Tuileries. Enfin le clou de la pièce c’était le lit. Il était recouvert d’une exceptionnelle broderie au chinois (…). C’est devant le « lit à la duchesse », surmonté de son impressionnant baldaquin sur fond de soie bleu, qu’éclate la complicité amoureuse de Debbie et Michael. Coutumiers des « King Size » à la manière américaine, ils ne peuvent s’empêcher de pouffer de rire devant l’étroitesse de la couche ». (1)
Se succèdent des pièces aussi fastueuses les unes que les autres : le Cabinet des Porcelaines, présentant des porcelaines de Chine et du Japon des XVIIè et XVIIIè siècles, le salon Louis XV, appelé également Salon de jeux où, lors de sa visite, « une pendule de Boulle avec un mécanisme de Clouzier, encadrée d’une paire de vase chinois laqués du XVIIIè » (1), avait retenu l’attention de Michael Jackson. C’est probablement dans cette pièce aussi que la star, » intriguée par la passion du jeu à la cour du roi, il se fit expliquer le fonctionnement d’une table de tric-trac » (1).
« Le chanteur glissait de pièce en pièce avec un calme souverain que seul contredisait l’incroyable acuité de son regard « (1). Je poursuis ma visite également en imaginant Michael admirant les pièces royalement décorées qui s’offrent à mon regard avec notamment le salon d’Hercule, appelé aussi la salle des gardes. Une des pièces les plus emblématiques du château, avec son sol en marbre, de belles sculptures, dont certains bustes romains qui avaient fasciné Michael.
Le plafond qui évoque l’histoire d’Hercule n’a pas manqué d’attiré l’attention de Michael et Debbie. C’est au milieu de salon que Michael aurait eu cette réflexion : « Nous ne sommes pas encore propriétaire d’un château… et voilà que déjà il nous possède » (1)
Au centre même du château, la salle à manger du XVIIIème siècle offre une vue unique sur les jardins du château. Une pièce lumineuse où Michael et Debbie avait posé devant la fenêtre ouverte, admirant les jardins.
Lorsque je passe devant cette fenêtre, que les employés venaient d’ouvrir pour lutter contre la chaleur, dix huit ans plus tard, je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire en les imaginant.
Photo: onmjfootsteps
Après le salon de compagnie, la dernière salle à visiter est celle du billard où trône en son milieu un billard en ébène et acajou de Cuba de l’époque Louis XIV complété par quelques queues de la même époque. Debbie avait semblé très intéressée par ce jeu lors de sa visite avec Michael.
Michael et Debbie semblent avoir eu accès également à des parties privées du château, probablement celles dites des petits appartements, ainsi que me le confiera également la jeune femme à l’accueil. C’est sans doute le cas de cette photo.
Le château du Champ de Bataille, petit Versailles au sein de la Normandie, n’aura finalement pas vu s’installer Michael Jackson dans ses murs. Mais cette visite aura été le témoignage du vif intérêt de Michael pour l’histoire de France et les Beaux Arts. Ce 1er juillet 1997, l’artiste de génie a fait place à l’homme cultivé et érudit.
Sources: (1) Au paradis avec Michael Jackson, Gonzague Saint Bris/site officiel du château /photo-paramoteur.com
2 Comments
anniva
Je vous suis sur les pas de Michael… J’imagine qu’il est émouvant d’être exactement là où il a posé son regard etc..Merci de nous faire vivre à travers votre regard cette émotion qui personnellement me bouleverse.
Quand je vois les photos de ce château, je n’arrive pas à imaginer Michael et ses enfants au milieu de ce décor tellement marqué par l’Histoire de la France. Même si Michael admirait le faste d’antan, je ne vois pas de lieu plus approprié que Neverland qu’il a marqué de son emprunte, de son âme, de sa vision du monde… Je suis dévastée de savoir que ce lieu soit désormais vide et mis en vente…
Merci encore Rachel Annie
Rachelmj
Merci Annie d’être toujours aussi fidèle…oui Neverland est et restera à jamais son palais…je ne m’habituerai jamais qu’il puisse en être autrement.