Interviewes/Discours

Interview pour MTV, le 11 décembre 1999

Le 11 décembre 1999, au cours d’une émission pour MTV, 100 Greatest Videos Ever Made, au cours de laquelle le short film Thriller est élu meilleure vidéo de tous les temps, Michael accorde une interview exclusive à Alex Colletti, enregistrée quelques jours plus tôt. Michael y parle de ses vidéos.

Michael explique ce qui le motive à être créatif et le processus créatif de la composition de ses chansons.

MJ :Mon but est d’évoluer, d’innover. Pourquoi ferais-je ça sinon? Je ne veux pas être un artiste parmi tant d’autres. Je veux créer, faire quelque chose de complétement différent et original. 
Je déteste le dire, mais selon moi nous sommes tous des compositeurs. Nous ne composons pas la chanson, la chanson se compose par elle-même. Elle tombe du ciel en quelque sorte. 

MTV: Est-ce que pour les clips c’est le même processus?

MJ :En quelque sorte, oui je pense. Ça se crée par soi-même vraiment, en tout cas pour moi.

Michael Jackson explique ce qui fait d’un clip une œuvre d’art.

MJ: Selon moi, ça doit être complétement divertissant et avoir une continuité. J’aime bien avoir un début, un milieu et une fin pour qu’on puisse suivre une histoire. Ainsi, ce n’est pas juste un enchaînement d’images. Mais parfois ça marche, tout dépend de la vision du réalisateur. 

MTV: À quel point êtes-vous impliqué dans le concept du clip?

MJ: Je suis totalement impliqué dans la création et la réalisation du clip. Ça doit venir de mon âme. Normalement, c’est une interprétation de la musique, donc oui.

MTV: Au fait, j’entends la radio à côté. Quelqu’un a choisi le mauvais moment pour écouter la radio!

MJ [Il acquiesce et rigole].

Michael parle de son travail avec John Landis, les films d’horreur et du fait de s’amuser sur le plateau.

MJ: J’adore travailler avec John Landis, parce qu’on rit beaucoup, on n’est jamais sérieux. Je peux lui lancer des bombes à eau p.ex.. C’est un rituel pour moi : après avoir terminé une vidéo, je lance pleins de choses sur tout le monde. C’est drôle.

MTV: Quand avez-vous rencontré John pour la première fois?

MJ: Je l’ai appelé juste avant de faire Thriller. Je crois qu’il était à Londres. Je lui ai donc expliqué ce que je voulais faire, quel était le concept. On s’est rencontré et on l’a écrit ensemble.

MTV: Quand vous avez parlé du concept avec lui, vous aviez en tête de faire un film?

MJ: Non, mon but était de faire un court-métrage avec des dialogues au début et à la fin. Mais John et moi-même – d’ailleurs John est un mec tellement drôle, j’adore travailler avec lui – nous sommes rencontrés et ça a fonctionné parce que le courant a passé. 

MTV: Étiez-vous un fan des films d’horreur?

MJ: Croyez-le ou non, j’ai peur des films d’horreur! Honnêtement, je n’aime pas trop les regarder. Je n’aurais jamais cru être impliqué dans la réalisation d’un clip de ce style, mais je l’ai été. 

MTV: Avez-vous vu des films de John Landis?

MJ: J’ai vu An American Werewolf in London. Et j’ai pensé que c’était vraiment sympa. 

MTV: C’est quand la dernière fois que vous avez-vu Thriller?

MJ: Ça alors, je ne sais pas. J’ai pensé à le revoir à nouveau, mais je ne l’ai pas fait. Je ne veux pas faire peur aux enfants. 

Michael parle de son travail avec Vincent Price et évoque sa scène préférée de Thriller.

MJ: J’essaie toujours d’être un pionnier, un innovateur dans quoique ce soit que je fasse. Mon rêve a toujours été de faire des courts-métrages parce que j’adore les shows où ils faisaient des petits films de 15 minutes. Et je me disais « Ça alors, j’adorerais faire quelque chose de similaire un jour! ». Qu’il y ait une histoire et j’en ai eu l’opportunité. Rod Temperton qui a écrit Thriller – c’était un des premiers « rap » d’ailleurs – a eu l’idée d’avoir quelqu’un qui viendrait rapper dans la chanson. On a demandé à Vincent Price s’il était d’accord de le faire et il a dit oui directement. Il a écrit son couplet pendant le trajet en taxi de l’hôtel au studio. Et il a fait un très bon boulot.

MTV: Est-ce que vous avez rencontré Vincent?

MJ: Oui! Je connais Vincent Price depuis mes 11 ans. La première fois que je l’ai rencontré c’était aux studios NBC. Il m’a dit « Viens ici! » [avec une voix qui fait peur] et j’ai commencé à pleurer parce que j’ai cru qu’il était sérieux. En effet, je le voyais à la TV dans des films d’horreur comme House Of Wax et donc il m’a fait peur. 

MTV: Est-ce que vous avez parlé de l’éventualité qu’il figure dans le clip?

MJ: Non, nous n’en avons jamais parlé.

MTV: Est-ce que vous vous rappelez des dialogues de quelques scènes?

MJ: De Thriller?

MTV: Oui.

MJ: Ça alors! 

MTV: Ou est-ce que vous avez une réplique préférée ou une scène préférée?

MJ: Ah! J’aime la scène où tous les zombies s’approchent de la fille et qu’elle pense qu’elle est en sécurité avec moi puisque je suis son petit copain. Mais elle me regarde et je suis devenu un zombie. Ensuite nous faisons tous ces mouvements « Hitchcock ». Et j’adore ce moment où je deviens un zombie. C’est sympa!

Michael Jackson nous parle des mouvements horrifiants de Thriller.

MJ: C’était assez délicat à faire. Je me rappelle que mon approche à la base, c’était : Comment va-t-on faire danser des zombies et des monstres sans que ça tourne au comique? J’ai donc dit qu’il fallait qu’on fasse les bons mouvements pour que ce ne soit pas drôle, qu’on n’en rit pas. J’ai donc rencontré Michael Peters et lui et moi-même avons imaginé comment les zombies devraient bouger en faisant des grimaces devant le miroir. Je venais parfois aux répétitions avec du maquillage pour ressembler à un monstre, j’adore faire ça. Lui et moi avons collaboré et on a chorégraphié ensemble le clip. J’ai pensé que ça devait commencer par ce genre de chose [mouvement d’épaule] et ensuite enchaîner avec des trucs plus jazzy. Je savais que si on faisait quelque chose qui avait de la substance, les gens regarderaient. Si c’était divertissant, je savais que ce serait ok.

MTV: Quand vous avez terminé la vidéo, avez-vous réalisé ce que vous aviez accompli? Que c’était innovant?

MJ: Quand j’étais dans la salle d’édition, j’ai aimé regarder le clip, j’ai eu du plaisir à le regarder, ça devait être satisfaisant pour moi. Et j’ai en effet eu du plaisir à regarder le clip quand on l’a terminé. J’étais content du résultat. Jamais totalement satisfait, mais j’étais content. 

MTV: Qu’est-ce que vous auriez changé?

MJ: Certaines coupures, certains angles, le timing : ce genre de choses.

Michael explique que l’inspiration du clip Beat It vient d’une publicité pour McDonald’s.

MJ: Beat It me fait penser à la chanson, au fait de travailler avec Quincy Jones et toutes ces merveilleuses personnes. J’adore Quincy. C’est un mec avec qui il est génial de travailler. Je me rappelle qu’il m’avait demandé d’écrire une chanson. J’ai écrit Beat It – je ne sais pas pourquoi, mais je l’ai fais – qui parle de 2 gangs qui se rencontrent. La chanson est tellement explicite que c’est facile de faire le clip. J’avais vu une publicité pour McDonald’s où j’aimais le rythme et les coupures de cette publicité. J’ai donc décidé de prendre ce réalisateur pour le clip de Beat It. Je l’ai donc contacté. Bob Giraldi était sympa.

Le concept pour Bille Jean venait du réalisateur Steve Barron et ne comprenait pas de partie dansante à la base.

MJ: Je suis content d’avoir été le premier noir américain à avoir été sur MTV. 

MTV: Billie Jean est différent parce que le clip n’a rien à voir avec les paroles. Quel était le concept?

MJ: C’est assez surréaliste et c’est différent. Le concept du clip n’est pas mon idée. C’était un anglais, Steve Barron. Il avait de très bonnes idées et je l’ai laissé faire. La seule chose que j’ai faite dans le clip de Billie Jean c’est la danse. J’ai dit « Donne-moi un moment dans le clip où je peux danser aussi. ». Parce qu’il ne voulait pas de partie dansante dans le clip. Et je lui disais « Donne-moi un petit bout où je peux danser! ». Donc cette partie où vous voyez la pelouse, la rue et où il y a cette affiche où on voit 2 filles – l’une d’entre elle est Billie Jean – et où je danse est ma seule contribution du clip.

Michael Jackson a été inspiré par une panthère et sa sœur Janet pour le clip Black or White.

MJ: Je voulais faire une partie de danse où… J’ai dit à ma sœur, Janet, qu’elle me faisait penser à une panthère noire. Je lui ai dit « Pourquoi ne ferais-tu pas un clip où tu te transformerais en panthère noire et où tu te transformerais en toi de nouveau? ». Elle m’a dit qu’elle aimait l’idée, mais ne l’a finalement pas fait. Parce que Janet et moi pensons toujours de la même manière. Donc je lui ai dit que j’allais le faire et je l’ai fait. Pour la danse, j’ai dit que je voulais faire une partie danse où je pourrai communiquer ma frustration sur l’injustice, les préjugés, le racisme, l’intolérance. Pendant la danse, je deviens mécontent et contrarié et je me laisse aller. À l’époque où c’est sorti, les gens étaient inquiets du contenu violent du clip, mais c’est facile à regarder. 

Traduction: MJJPlanet

Laisser un commentaire