Michael Jackson dans les jeux vidéos

Kazunori Sasaki, le designer graphique de SEGA, se souvient de son tournage avec Michael Jackson, en 1996

Michael Jackson et SEGA c’est quand même une longue histoire d’amour …. (ou c’est plus fort que lui!)

Le chanteur, fan de jeux vidéo, a en effet collaboré à plusieurs reprises avec la firme japonaise pour apparaître dans des jeux. On pense bien sur à Moonwalker, mais aussi à Space Channel 5 et à Scramble Training ainsi qu’à la collaboration annulée pour Sonic, le célèbre hérisson bleu (à lire ici).

Michael s’est aussi rendu plusieurs fois dans les locaux de SEGA, à Tokyo, dont une visite en décembre 1996, alors que son HIStory Tour est au Japon (à lire ici).

Le 18 décembre 1996, la visite de la star dans les locaux de SEGA revêt aussi un caractère professionnel. Dans un article mis en ligne le 13 septembre 2025, le site japonais news-postseven nous  apprend ainsi que Michael est aussi venu ce jour-là pour une séance de capture de mouvements afin de réaliser un jeu vidéo de danse, un projet qui aurait dû s’intituler Digital Dance Mix.

Kazunori Sasaki était à l’époque un designer graphique pour SEGA. C’est lui qui s’est alors occupé de Michael Jackson, dans un sous-sol de l’entreprise, une pièce mi-sombre pour ce projet tenu secret. Près de trente ans plus tard, il raconte l’heure qu’il a passée avec Michael Jackson.

« Michael est venu dans notre entreprise pour faire du shopping pendant une pause de sa tournée au Tokyo Dome.  J’avais entendu dire qu’il était un passionné de jeux vidéo, notamment de jeux d’action et de courses automobiles. Alors, pendant que mon manager et Michael discutaient, l’idée de créer un nouveau jeu pour Michael a germé, un logiciel qui aurait permis de voir Michael danser à 360 degrés.

Nous avions d’ailleurs déjà créé un programme similaire pour Namie Amuro [une chanteuse japonaise. Le projet Digital Dance Mix de la chanteuse est sorti en 1997], alors nous avons décidé de créer une œuvre similaire en 3D. Une équipe de projet a rapidement été constituée. Comme je parlais anglais, et mon manager m’a nommé dans l’équipe. J’ai été chargé de créer un modèle 3D de Michael. »

«  En toute honnêteté, je n’étais pas nerveux à l’idée de le rencontrer même si c’était une superstar. Le jour de notre rencontre, j’étais en disponibilité au siège de l’entreprise. À la demande de Michael, j’ai attendu dans un sous-sol faiblement éclairé, d’une taille équivalente à la moitié d’un gymnase d’école primaire.

À l’époque, il portait un masque noir après une opération de chirurgie esthétique. C’est peut-être pour cela qu’il souhaitait que la pièce soit faiblement éclairée. Même lors des négociations concernant ses honoraires et d’autres points, il s’est assis à environ quatre mètres de moi et veillait à ce qu’il y ait peu de lumière. »

Dans la pénombre, toutefois, Kazunori Sasaki a senti la tension monter en attendant Michael. « Il y avait dans la pièce, chacun des costumes que Michael portait en tournée, ils étaient soigneusement alignés sur une table. Michael les avait préparés pour nous, et il y avait près de cinquante articles, des masques, des gants, des chaussures, des chapeaux et des vêtements. Il avait apporté tous les costumes avec lui pour le tournage. »

« Tous ces costumes devaient être photographiés, ils ont donc été conservés dans cette pièce pendant un certain temps. Même après le tournage, la pièce a été fermée à clé et la clé était gardée par son styliste, et non par nous, à l’entreprise. C’était dire l’importance de tous ses costumes. »

Après plusieurs minutes, Sasaki a finalement pu rencontrer le chanteur : « Michael est arrivé avec le dos voûté. Et il avait aussi les épaules tombantes (rires). Quand j’ai vu son visage, je me suis dit : ‘Waouh, il est tout petit !’ Mais son maquillage était parfait ! Il marchait avec le sourire, et toute ma tension s’est dissipée. »

« Son styliste était là aussi, mais assez loin, et nous avons commencé à discuter.
‘As-tu acheté le jeu ?’
‘Oui.’
‘Vas-tu le ramener à Neverland ?’
‘Oui, j’ai hâte’, et nous avons parlé du jeu. »

« Puis nous avons immédiatement commencé à filmer. Comme nous devions capturer une variété d’expressions, nous lui avons d’abord demandé de faire les expressions pour les voyelles « aiueo » [il s’agit des cinq premiers caractères du tableau syllabaire des hiragana. Ce sont également les cinq seules voyelles de la langue japonaise].

« On voyait rarement le visage de Michael bouche bée en train de faire ‘Ah’, alors même si j’étais excité, je n’ai pas eu le temps de m’émouvoir sur ce que je lui demandais, il fallait que je me concentre sur mon travail… Je voulais aussi une expression de lui lorsqu’il criait en chantant, je lui ai fait pas mal  de demandes. »

Kazunori Sasaki est à gauche de la photo, assis

« Quand Michael chantait, il faisait des sons comme « Ahh » et « Dah », alors je lui ai demandé de reproduire ces expressions, mais Michael a nié en disant : ‘Non, Je ne dis pas ça !’ ‘Bien sûr que tu dis ça tout le temps!’  J’insistais, et il riait et disait : ‘Non, je ne dis pas ça.’ Il refusait de l’admettre. Je disais : ‘Si, tu dis ça ! Fais cette grimace ! ‘ Et il répondait : ‘Non, je ne dis pas ça.’  Mais je savais que c’était le cas. Il refusait tout simplement de l’admettre. »

«Finalement, j’ai décidé de créer l’image composite en utilisant Photoshop, et nous avons fini par en rire, mais je suis sûr qu’il était gêné parce que c’était quelqu’un de très timide et que je lui avais dit quelque chose à laquelle il ne s’attendait pas…»

Au cours de ce tournage, Michael a fait des remarques inattendues à Sasaki : « Michael est venu me voir et m’a dit : ‘Ta coiffure est cool.’  À l’époque, j’avais les cheveux longs avec trois extensions argentées sur le côté gauche, et il m’a félicité pour mon style et mon côté cool. Je lui ai alors suggéré : ‘Pourquoi n’essaies-tu pas cette coiffure aussi ?’ et il m’a répondu : ‘J’y réfléchirai.’ Mais je ne l’ai jamais vu avec cette coiffure (rires) »

« Il m’a aussi dit : ‘Tes chaussures sont superbes !’ C’étaient des baskets avec des semelles d’environ 7 cm d’épaisseur, je les avais achetées chez Ameyoko à Ueno [rue très commerçante, populaire, du cœur de Tokyo]. Je lui ai répondu : ‘Elles sont vendues chez Ameyoko, pourquoi n’irais-tu pas les essayer ?’ Il a répondu : ‘Oui, je verrai’, mais intérieurement je me suis dit : ‘Non, mec, si tu y vas, il y va y avoir un sacré chaos !’ S’il était allé, il y aurait eu une émeute sur Ameyoko, et j’aurais peut-être été tenu pour responsable. »

A la fin du tournage, Sasaki a fait une demande spéciale : « Il y avait quatre fedoras sur le bureau, que Michael avait portés en tournée, alors pendant que le styliste était là, à la fin de la séance, j’ai demandé si je pouvais en garder un. »

Le styliste m’a dit : « Je ne sais pas trop, je vais lui demander. » Et quand il est revenu au bureau plus tard, il m’a dit : « Michael a dit que c’était bon », et j’en eu un fedora. Je l’ai mis dans un sac en papier et je l’ai ramené à la maison tout de suite, avant que Michael ne change d’avis (rires). »

En rentrant chez lui, Sasaki a sorti le chapeau du sac en papier et a remarqué quelque chose à l’intérieur : « À la maison, j’ai immédiatement sorti le fedora du sac. J’étais si heureux d’avoir celui de Michael Jackson ! Mais en essayant de l’enfiler, j’ai regardé à l’intérieur et il y avait quelque chose de collant. Je l’ai senti, et ça sentait fort les agrumes. C’était comme de la graisse. Il était couvert de produit à cheveux de Michael Jackson. Mais pour une raison inconnue, j’ai immédiatement essuyé la graisse avec un mouchoir et je l’ai jeté. Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai fait ça ! Je suppose que c’était parce que c’était collant et qu’il fallait que je l’essuie. ».

« Il y a environ trois ans, une personne qui avait récupéré un fedora que Michael avait jeté pendant une tournée l’a mis aux enchères, et la presse a rapporté qu’il avait été vendu pour environ 14 millions de yens [environ 80 600 €]. Si j’avais laissé la graisse dessus, il aurait peut être valu plus cher. Quelle bêtise…. »

Sasaki a essayé de porter le chapeau mais il ne lui va pas. « J’ai une grosse tête, je ne peux pas rentrer. Le visage de Michael était vraiment petit. »

Par la suite, Michael Jackson a fait envoyer à la compagnie une casquette noire de la tournée HIStory dédicacée pour les onze membres de l’équipe présents lors du tournage. Sasaki la possède toujours ainsi que le fedora

On le sait désormais, le projet Michael Jackson Digital Dance Mix pour Sega Saturn n’a finalement jamais vu le jour. Un jour peut être, des images ressortiront-elles des archives de SEGA.

Disclaimer: La photo en tête de l’article (et celles ci-dessus que j’ai recadrées) provient du site MJvibe qui l’a publiée lors de la mise en ligne de son article au sujet de ce tournage. Il est donc à supposer que cette planche de clichés est issue de ce jour-là. Et que ce n’est pas de l’AI comme certains fans le prétendent.

Sources : news-postseven.com (traduction : onmjfootsteps.com)/@v_SUPERFLY_v (sur X)/ mjvibe.com

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