Sabrina et Michael Jackson, partie 6 : « J’ai passé mon bras droit autour de la taille de Michael »
Après les quelques jours passés à Santa Maria, en Californie, en mars 2005, pour soutenir Michael Jackson au début de son procès dans l’affaire Arvizo (à lire ici), Sabrina le retrouve en France puis à Londres l’année suivante. Ce sera malheureusement la dernière fois qu’elle verra le chanteur avant ce terrible 25 juin 2009.
Après le procès, quand as-tu revu Michael ?
J’ai revu Michael en juin 2006 à Disneyland Paris. Je ne me rappelle plus la date exacte car à partir de ce moment là, je n’ai plus pris de notes, quel dommage ! J’ai donc su qu’il était dans le parc, et avec mes amis on a foncé à la recherche de Michael. On a couru partout dans le parc, j’ai même réussi à déchirer mon jean en m’accrochant à un décor… ! Mais on l’a seulement aperçu à Discoveryland alors qu’il sortait du magasin de l’attraction « Buzz l’éclair » ou « Star Tours », je ne sais plus. Nous étions à quelques dizaines de mètres de lui, on l’a appelé et il nous a fait un signe en retour. C’était super de le revoir après le procès ! Nous avons pris une nuit dans l’hôtel New York où il séjournait, mais nous n’avons pas eu la chance de le croiser comme à Londres, la sécurité de Disney étant très coriace avec les fans… !!
Le lendemain, j’étais de repos mais je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas retournée à Disney. Et c’était le jour où il partait à l’aéroport de Roissy pour prendre un vol pour Cork en Irlande. Sachant que je travaille à Roissy j’aurais pu le voir jusqu’à l’embarquement…des fois je ne sais pas ce que je fous ! Une de mes collègues m’a raconté qu’elle avait pu aller lui parler dans l’avion avant le décollage et elle a récupéré les cartes d’embarquement de Michael et des enfants, que j’ai photocopiées !
En novembre 2006, tu es à Londres quand Michael Jackson se rend au bureau du Guinness Book of World Records et tu as à nouveau l’occasion de te retrouver aux côtés de Michael. Comment cela est-t-il arrivé ? Michael t’a-t-il reconnue ?
En octobre 2006, j’ai appris que Michael allait assister au World Music Awards le 15 novembre à Londres. J’ai réussi à avoir une place pour l’évènement et à échanger mes jours de travail avec mes collègues pour me libérer une semaine ! Je suis arrivée sur place deux ou trois jours avant l’évènement. J’ai retrouvé les amis avec qui j’étais à Neverland. Cette fois-ci c’était trop compliqué de prendre une chambre à l’hôtel de Michael car il logeait au Hempel, un palace trop cher pour nos bourses !
Nous avons tenté de le suivre mais il y avait beaucoup de fans et dans la rue où se situait l’hôtel, il n’était pas facile d’attraper un taxi. Et conduire dans Londres je n’y ai même pas pensé ! Nous sommes allés dans les magasins où il avait l’habitude de se rendre en espérant le croiser : Harrods, Hamleys, des librairies, Tower Records, des théâtres….mais nous n’avons pas eu de chance…
… Jusqu’au 14 novembre, la veille des WMA.
Ce jour-là, Michael est sorti de son hôtel et nous avons réussi à monter dans un taxi avec des fans anglais. Et quel conducteur incroyable on a eu! Si je pouvais le remercier… Des fois la chance se joue à une seule personne. Déjà il a accepté de conduire avec plus de passagers que le règlement l’y autorisait, et il est arrivé à ne pas perdre Michael malgré le trafic important. Il a même grillé quelques feux, et est monté sur des trottoirs…enfin il a vraiment tout risqué pour nous. Quand la voiture de Michael s’est arrêtée devant un bâtiment, nous avons jeté l’argent au taximan, avec un énorme pourboire !!
Nous nous sommes retrouvés devant la porte d’un immeuble, une foule de fans derrière nous. Michael est entré par la porte et son garde du corps a choisi trois fans…dont moi ! Je n’en revenais pas ! Mais nous étions cinq à avoir eu la chance de rentrer, car deux fans ont été poussés par la foule, dont mon amie Manuela. On était super heureuses !
Michael a pris un ascenseur. On a foncé dans l’escalier, on ne savait pas à quel étage on devait aller mais finalement c’était au quatrième. Et là on s’est retrouvées dans des locaux qui ressemblaient à des bureaux. On était derrière Michael, sa manager et ses gardes du corps. Je me suis dit que c’est génial car comme on n’était que cinq , il n’y aurait pas de pagaille et on pourrait sans doute l’approcher. On était en fait dans les bureaux du Guinness Book, où Michael avait été invité à recevoir un prix pour le récompenser de toujours détenir le record de l’album le plus vendu de tous les temps, Thriller. Il y avait beaucoup de journalistes pour l’occasion. Michael a regardé des objets dans une vitrine, a discuté avec le patron, puis a disparu dans une salle où on n’a pas pu le suivre. Il y a reçu le nouveau livre et son Award.
Lorsqu’il est ressorti, je l’ai pris en photo, j’ai réussi à en faire de belles. Puis je me suis approchée de Michael et je lui ai demandé si je pouvais faire une photo avec lui. Il m’a répondu oui en me prenant par la main pour me conduire à quelques mètres, où il souhaitait prendre la photo! Je flottais sur un nuage! J’ai passé mon bras droit autour de la taille de Michael, je l’ai bien serré. J’ai senti ses cheveux, ou plutôt sa perruque, me frôler le visage. Mon amie m’a prise en photo mais elle n’arrivait pas à enlever le zoom. Alors Michael lui a fait signe d’appuyer sur le bouton ! C’était long… ! Heureusement qu’il a été patient et toujours souriant. J’ai enfin pu avoir ma photo avec lui ! Je ne sais pas à ce moment là s’il nous a reconnues ou non. Je n’ai pas pu lui parler car ça s’est passé très vite, il y avait beaucoup de monde autour de nous. Nous avons tous les cinq eu droit à notre photo.
Ensuite nous avons collé Michael jusqu’à ce qu’il ressorte des locaux. Il a repris l’ascenseur pour descendre et je volais dans les escaliers, en sautant les marches quatre par quatre comme une dingue. Nous lui avons dit au revoir. Je ne me rappelle plus ce qu’on a fait la suite de la journée. Sans doute du repérage pour le lendemain pour savoir où attendre.
Le 15 novembre, nous sommes allées à Earls Court pour la cérémonie des World Music Awards. Il y avait des rumeurs comme quoi Michael pourrait faire une performance, mais rien n’était sûr. Nous avons rejoins Mélissa qui était arrivée très tôt le matin même de Paris. Nous nous sommes retrouvés au début de la file d’attente, avec des fans qui râlaient car ils nous voyaient doubler. Notre amie est là, on n’allait pas attendre à trois kilomètres !
Après de longues heures d’attente, les portes se sont enfin ouvertes, et j’ai tapé un sprint jusqu’à la barrière de sécurité devant la scène. Jamais je ne m’étais retrouvée devant pour voir Michael sur scène, j’étais trop contente ! Par contre je me sentais complètement compressée sur les cotés, j’avais l’impression que mes hanches allaient exploser sous la pression, c’était insupportable, mais quand Michael est apparu sur scène, tout ça a été oublié ! Il n’y a pas eu de performance, Michael a reçu le Diamond Award remis par la chanteuse Beyonce, il a fait son discours. Puis une chorale d’enfants est arrivée sur scène et s’est mise à chanter We Are The World. Michael les a rejoint et a chantonné quelques mots avec eux. Il s’est ensuite avancé dans le prolongement de la scène vers la foule de fans. Il s’est penché pour récupérer le drapeau américain de la fan qui se trouvait juste à ma droite ! Il a lancé sa veste dans le public qui s’est retrouvée bien sûr déchiquetée.
C’était la dernière fois que je voyais Michael…
Tu n’as jamais pu le revoir après cette soirée malgré son installation à Las Vegas à son retour du Moyen-Orient ?
Hélas non. Fin août 2008, je suis retournée aux USA avec Marie pour tenter de le voir. Les frères Jackson étaient attendus pour recevoir un prix aux BMI Urban Awards le 5 septembre à Los Angeles, et on espérait y voir Michael. Mais malheureusement il ne s’y est pas rendu. Nous avons vu les frères, et nous avons rencontré les 3T, les neveux de Michael. On leur a parlé et on a pris des photos avec eux. Ils étaient très sympas, et on leur a même demandé s’ils voulaient venir avec nous aux Universal Studios le lendemain, mais ils ne pouvaient pas…dommage!
Nous sommes repassées devant Neverland, mais c’était bien triste. De gros camions étaient en train de sortir les attractions du parc. Ils avaient déjà retiré les animaux du zoo il me semble. C’est là que j’ai réalisé que Michael n’y retournerait jamais plus.
Nous avons été à Las Vegas car c’était apparemment là qu’il vivait mais nous n’avions pas plus d’informations, pas assez de contacts, et nous n’avons jamais réussi à le trouver..la chance nous quittait.
J’aurais pu aller le voir le 5 mars 2009 à Londres alors qu’il annonçait lors d’une conférence de presse une tournée de concerts qui débuterait en juillet. Mais ce jour là je me faisais opérer au laser pour ma myopie, et je n’ai pas souhaité décaler l’opération en me disant que j’allais le voir tout l’été à Londres…
Après avoir appris la disparition de Michael, le 25 juin 2009, tu prends un avion pour Los Angeles. Comment était l’ambiance là-bas ? As-tu pu assister à la cérémonie au Staples Center ? Tu t’es également rendue à Neverland, ce n’était pas trop dur de se retrouver devant le ranch ?
C’est mon amie Mélissa qui m’a annoncé que Michael était à l’hôpital. Alors j’ai répondu : « mince, à tous les coups il va annuler des concerts ! Mais quand elle m’a répondu : « mais Sabrina on s’en fout des concerts ! », c’est là que j’ai compris que c’était grave. Elle n’a pas voulu me dire que c’était fini, mais quand j’ai lu sur internet les news qui confirmaient son décès, je n’avais pas envie d’y croire… C’est comme si on m’avait arraché une partie de moi. Je me suis rendue tout de suite chez un ami car je ne voulais pas rester seule. Je n’ai bien sûr pas été travailler le lendemain, vu l’état dans lequel je me trouvais… J’ai cherché un vol pour Los Angeles car j’avais besoin d’être sur place pour réaliser ce qui se passait. J’ai raté dix jours de travail, mais je m’en fichais. Après j’étais en vacances car j’avais posé deux semaines pour les premiers concerts.
Le 28 juin, avec mon amie Marie, nous sommes parties pour LA. J’ai pleuré tout le trajet dans l’avion avec ma couverture sur la tête. Nous avons loué une voiture pour une dizaine de jours. Nous n’avons pratiquement pas parlé du voyage. Il suffisait de se regarder pour se comprendre…Nous étions des sortes de zombies je pense à ce moment là..
Il nous était impossible d’écouter la musique de Michael adulte. Nous n’écoutions que les Jackson 5 et Michael petit. Et il m’a fallu du temps pour pouvoir le revoir en vidéo.
Nous nous sommes rendues dans tous les lieux où il a vécu : à Encino dans la maison où vivait toujours sa mère, devant Neverland, devant la maison de location dans laquelle il était décédé, et sur son étoile sur le Walk of Fame. Partout l’extérieur était rempli de fleurs, de ballons, de peluches, de pancartes, de poèmes, de bougies…c’était incroyable cette quantité d’objets.
Nous avons rencontré quelques fans que nous connaissions. Tout le monde était bien sûr rempli de chagrin. Je ne vais pas m’étaler sur mes états d’âme et mes sentiments de cette période. C’était difficile pour moi.
Nous sommes allées au cimetière de Forest Lawn. Nous avions entendu des rumeurs comme quoi son corps serait gardé là bas…Nous y avons retrouvé les fans qui avaient l’habitude de suivre Michael, dont des fans espagnols avec qui nous avions sympathisé. Ceux sont eux qui nous ont donné des tickets pour assister à l’évènement en hommage à Michael qui allait avoir lieu au Staples Center quelques jours plus tard. On les a énormément remerciés. Ils avaient eu ces tickets par l’intermédiaire du frère de Michael, Randy. Ils avaient des contacts avec lui, et Randy leur a demandé de donner des tickets aux fans qui suivaient Michael.
Nous étions donc à l’intérieur du stade le 7 juillet 2009… Même si nous avions envie d’être à l’intérieur plutôt que dehors, c’était deux heures vraiment très dures à tenir…
Dans ma vie il y a donc eu un avant et un après 25 juin 2009…
Michael était plus qu’un artiste exceptionnel, pour moi il était magique. Il me manque toujours terriblement, mais je me dis que j’ai eu beaucoup de chance de vivre à la même époque que lui et d’avoir pu le rencontrer. Je ne regrette pas un voyage que j’ai fait pour le voir ! Ce sont des souvenirs merveilleux et inoubliables !
Merci Sabrina d’avoir accepté de partager tous ces souvenirs. Ce témoignage nous montre à nouveau à quel point Michael Jackson était tellement proche et disponible pour ses fans, même dans les pires moment de sa vie. Oui, c’était un être magique et il manque tellement à ce monde, c’est indéniable.