Michael Jackson et l'Art

Michael Jackson vu par Keith Haring

Keith Haring est un dessinateur, peintre et sculpteur américain. Artiste contemporain engagé, militant politique et humaniste, figure de la ferveur artistique des années Pop Art, il se fait connaitre en dessinant à la craie blanche dans le métro de New-York au début des années 80.

Avec des dessins aux formes géométriques à la fois simples et puissantes, d’un style immédiatement identifiable, et soutenu par des artistes tels que Jean Michel Basquiat, Kenny Scharf et son mentor Andy Warhol, Keith Haring se fait vite un nom à New York, dans la première moitié des années 80 avant de devenir reconnu internationalement. La plupart de ses œuvres contenait des messages politiques concernant le SIDA (dont l’artiste souffrait), le crack, l’apartheid et les nombreux préjugés sociaux.

Keith Haring était un grand fan de Michael Jackson. En août 1989, quelques mois avant sa mort prématurée, il est interviewé par le magasine Rolling Stone. Le journaliste qui le rencontre dans son studio de New York décrit l’endroit comme un kaléidoscope. Un lieu où l’artiste amasse des objets de ceux qu’il aime et parmi eux, des photos de Michael Jackson et Brooke Shields. Au cours de cette interview, Haring évoque son parcours, Basquiat, Warhol, et les personnalités que ce dernier lui a permis de rencontrer dont Michael Jackson. « J’ai rencontré les autres par l’intermédiaire d’Andy (…). Je ne vais plus à toutes ces fêtes, je ne mène plus la même vie. Ça ne me manque pas beaucoup, mais quand c’est arrivé, j’étais jeune et naïf, et c’était vraiment excitant. C’était incroyable d’aller rencontrer Michael Jackson dans les coulisses avec Andy » (1).

Cette première rencontre a lieu le 04 août 1984, à New York. The Jacksons doivent donner deux concerts au Madison Square Garden dans le cadre de leur Victory Tour et, par l’intermédiaire de son amie Susan Blond (qui travaillait aussi avec Michael), Andy Warhol est invité à rencontrer Michael Jackson dans sa chambre du New York Penta Hotel (devenu ensuite le Pennsylvania Hotel) où le chanteur séjourne. Andy Warhol connaissait bien Michael Jackson. Les deux hommes s’étaient rencontrés à la fin des années 70, lorsque Michael vivait à New York et fréquentait le Studio 54.

De nombreuses autres personnalités sont présentes ce jour-là, Rosanna Arquette et Sean Lennon notamment. Keith Haring a remis des T-shirt à Michael, explique Andy Warhol dans son journal.

Cette même année 1984, Keith Haring réalise le portrait de Michael dans le style pop graffiti, une acrylique sur toile, sans titre. Un portrait original, qui ne sera dévoilé que trente-cinq ans plus tard, lors de l’exposition On The Wall en 2018.

S’il correspond bien au style de Haring de l’époque, le portrait pourrait-il avoir été inspiré par Les Méduses, des peintures du  16ème siècle du peintre italien Caravage ?

Il existe deux œuvres de La tête de Méduse, peintes sur un véritable bouclier par Le Caravage en 1597-1598. La première est dans une collection privée, la deuxième est conservée au Musée des Offices de Florence, en Italie.

Dans la mythologie grecque, Méduse est l’une des trois Gorgones – des créatures fantastiques malfaisantes dont le regard a le pouvoir de pétrifier les personnes qui les regardent – la seule à être mortelle. Les Gorgones étaient dépeintes comme des jeunes femmes possédant des ailes d’or et des mains de bronze. Des serpents étaient enroulés autour de leur tête.

Le mythe de Médusa est lié à la déesse Athéna. Dans Les Métamorphoses d’Ovide (1er siècle), Médusa était à l’origine une belle jeune femme dotée d’une magnifique chevelure. Elle a été désirée et courtisée par de nombreux prétendants. Comme elle avait fait vœu de servir Athéna, elle était considérée comme inaccessible aux hommes qui la poursuivaient. Cependant, avant qu’elle puisse être fiancée à un mari potentiel, Poséidon la trouva dans le temple d’Athéna. La version la plus courante raconte que Poséidon a violée Médusa. Athéna, très offensée par la violation de son temple sacré, a puni Médusa en transformant ses belles tresses en serpents et en lui donnant le pouvoir destructeur de transformer en pierre toute personne qui la regarderait directement. Médusa fut aussi condamnée à passer le reste de sa vie en isolement. (2)

Bien que Médusa soit généralement considérée comme un monstre, sa tête est souvent vue  comme une amulette protectrice qui éloignerait le mal. Etymologiquement, Médusa signifie d’ailleurs « celle qui protège ».

Quel est donc le message que Keith Haring aurait voulu faire passer ? Voyait-il Michael Jackson comme un monstre dont il fallait éviter le regard ou comme une belle personne transformée en monstre par ses détracteurs (médias ?) ? Les avis sont bien entendu laissés à la libre interprétation de chacun puisque Haring n’a jamais évoqué ce tableau.

En plus des cheveux en forme de serpents, on notera aussi, sur le portrait de Haring, la représentation de plusieurs bras (avec le gant blanc ?) à l’instar des dieux hindous.

En 1988, un an avant sa disparition, Keith Haring revoit à nouveau Michael Jackson, probablement avant un concert du Bad Tour. Une photo immortalise cette fois la rencontre.

Malgré une carrière courte, Keith Haring, pionnier du Street Art et icône du New York undergound des années 80, est un artiste qui continue d’inspirer. Ses œuvres sont toujours exposées à travers le monde et son style si particulier est désormais utilisé par des grandes marques  (Adidas, Lacoste) dont  Paris, la fille de Michael Jackson, se faisait fièrement la représentante lors du lancement de la collection Keith Haring x Alice + Olivia, aux Highline Stages de New York, en 2018.

Sources : (1) rollingstone.com (2) dailygeekshow.com

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