En Europe

Michael Jackson à bord de l’Orient Express, Eté 1992

A la fin de l’été 1992, Michael Jackson voyage à bord du prestigieux et luxueux train l’Orient Express pour rejoindre certaines villes de sa tournée Dangerous.

Surnommé « Le roi des trains, le train des rois », le train couchettes, créé par l’entreprise française d’origine belge la Compagnie Internationale des Wagons-Lits (CIWL) et qui a fait voyager des personnalités telles que le roi Ferdinand de Bulgarie, le physicien Albert Einstein, l’écrivain russe Léon Tolstoï, l’actrice américaine Marlene Dietrich, la chanteuse- meneuse de revue Joséphine Baker, la romancière Agatha Christie, le créateur des ballets russes Serge Diaghilev, l’aventurier Lawrence d’Arabie, ou encore la célèbre Mata-Hari, est inauguré en 1883 à Paris.

D’abord appelé l’Express d’Orient, avant d’être rebaptisé l’Orient express en 1891, le train relie Paris à Istanbul (alors appelé Constantinople) en passant par Strasbourg, Munich, Vienne, Budapest et Bucarest. 

Le mythe de ce train se construit surtout à travers la littérature et le cinéma mais dès 1918, bien que réquisitionné pour la guerre puis détruit, il entre dans l’histoire. Un de ses wagons, qui a été conservé, servira à la signature de l’armistice le 11 novembre 1918, cette même voiture dont les allemands se serviront pour signer l’armistice en juin 1940.

Connaissant le vif intérêt de Michael Jackson pour l’histoire, il n’est donc pas étonnant qu’il ait loué ce train historique pour se déplacer d’une ville à l’autre.

Le 29 août 1992, Michael vient de fêter son anniversaire dans le château de la princesse Gloria Von Thurn And Taxis, à Ratisbonne en Allemagne. Le 30 août, il donne un concert à Ludwigshafen (Allemagne), dans des conditions difficiles, sous la pluie et avec de gros problèmes de sons.

Pour rejoindre les autres concerts de la tournée allemande et suisse, Michael voyage en Orient Express et loue la totalité du train, neuf wagons dont la célèbre voiture Bar Pullman – Train Bleu n° 4160, le wagon bar.

Hans Muntwyler, un employé suisse du train, reçoit un appel de son patron, peu de temps avant, lui demandant s’il accepterait d’accompagner Michael Jackson lors de ce voyage en tant que majordome personnel.

« J’étais complètement décontracté, » se souvient-il avec un sourire. « Ce n’est qu’après le voyage que j’ai réalisé que je me trouvais avec le numéro un mondial ».

Sans instructions plus particulières, Muntwyler commence son emploi auprès de Michael Jackson à Ludwigshafen. Le train prend la direction de Pegnitz, en Haute Franconie (Allemagne). Un concert doit avoir lieu à Bayreuth, une ville non loin de là, le 2 septembre.

La partie avant du train est réservée à l’équipe du Dangerous tour, la partie arrière est pour Michael et ses deux secrétaires, son cuisinier, son couturier, entre autres.

Le wagon où séjourne Michael est équipé d’une télévison avec une playstation, d’un fax et d’un téléphone. Il a aussi de quoi écouter de la musique, des flippers et un baby foot (que l’on peut voir dans la vidéo ci-dessous).

Muntwyler a décrit Michael comme quelqu’un de « très agréable, réservé et timide » qui agissait de façon complètement normale. « Il lui arrivait même de me tenir la porte pour me laisser passer, » dit-il. « Je n’oublierai jamais le moment où je l’ai surpris dans son salon. Michael regardait une vidéo de lui en train de danser et pratiquait certains pas de danse. Quand il m’a vu, il s’est senti un peu gêné. »   

Même s’il ne lui a jamais demandé d’autographe (« Je voulais faire correctement mon travail et rester discret, » dit-il), Hans a cependant récupéré un trésor de ce voyage : une serviette en tissu sur laquelle Michael a dessiné deux têtes caricaturées, avec un stylo. « Un serveur du train l’a trouvé sur la table de Michael, après qu’il ait quitté le train, » raconte-t-il. Hans l’a prise sans penser réellement que les dessins étaient de la star. Il n’avait jamais entendu dire que le Roi de la Pop savait dessiner. Un jour qu’il était chez lui, quelques années après, il a entendu parler d’un dessin avec un autographe sur une autre serviette vendue aux enchères. Il a comparé avec ceux qu’il avait récupérés et il était évident que les têtes avaient bien été dessinées par Michael.

Hans Muntwyler a parfois filmé le voyage dans l’Orient Express. Pour preuve cette vidéo où il montre les wagons après la descente du train de la star à Pegnitz.

Bien que personne n’était censé connaître l’arrivée de Michael à Pegnitz, le 31 août, une bonne centaine de fans étaient présents sur le quai, avec leur pancarte « Welcome In Pegnitz », leur appareil photo ou leur crayon prêt pour un autographe. Des photographes et caméramen sont là aussi.

Vers 16 heures, des mouvements d’hommes et de voitures indiquent l’arrivée imminente de la star. Un minibus aux vitres teintées s’avance, suivis par plusieurs limousines, les hommes se rassemblent en petit groupe sur le quai.

Un premier train arrive, que personne n’attendait. Le Pendolino, sorte de TGV italien, s’arrête et repart. Vers 16h50, l’Orient Express arrive enfin. Brett Barnes, le jeune garçon qui accompagne la star, est emmené tout de suite vers le bus. Michael Jackson descend du compartiment n°3, protégé par quelques hommes. Il se dirige vers le comité d’accueil, relativement discret. Seuls quelques cris se feront entendre à sa sortie du wagon.

Le temps d’embrasser deux jeunes filles en uniforme rouge qui lui remettent les clés symboliques de l’hôtel où il va séjourner et Michael s’engouffre dans son minibus qui l’emmène au Plaums Post Hotel, l’hôtel le plus prestigieux de la ville qui a vu passer Michael Gorbatchev, Andy Warhol ou Walt Disney, pour n’en nommer que quelques uns. Le convoi est suivi par la police, les curieux et les reporters.

L’hôtel entier est réservé pour l’équipe de Michael Jackson, qui est surveillé comme une forteresse. Michael occupera la suite « Parsifal ». Le patron, Andreas Pflaum, reçoit Michael avec un kouglof, un gâteau allemand, pour lui souhaiter son anniversaire et lui offre également un train électrique. Pflaum lui servira de guide durant son séjour dans la région.

Michael rejoint ensuite Berlin avec le célèbre train pour son concert du 4 septembre. Arrivé à la gare de Lichtenberg, Michael traverse les rails en courant pour échapper aux photographes.

Silvio Hoffmann, originaire de Biel en Suisse, avait 22 ans en 1992. Il était alors le cuisinier en chef de l’Orient Express et a travaillé avec le cuisinier personnel de Michael Jackson durant son voyage à bord du train. Il aurait ainsi côtoyé la star durant plusieurs jours et le décrit comme une « personne complètement normale, gentille et sans prétention. » Il l’aurait vu se documenter sur l’Orient Express et se procurer des objets souvenirs du train.

D’un point de vue culinaire, Silvio a déclaré au magazine Schweizer Familie (ci-dessus) que « Michael est un épicurien. S’il n’avait pas besoin de nourriture pour survivre, il ne mangeait pas. Il n’aime pas beaucoup manger. Il aime surtout le riz, les légumes, le poulet rôti, il mange peu sucré et surtout des fruits. Il ne boit pas beaucoup d’alcool. Ses boissons préférées sont la limonade à l’orange, le jus d’orange fraîchement pressé, le thé. » Michael semblait être heureux durant son voyage en train, selon le cuisinier, bien qu’il restait timide et tenait à préserver sa sphère privée.

Une sphère privée que, selon le Biel Bienne, Silvio n’a finalement que très peu côtoyée. Ses déclarations au magazine ont été démenties indique le journal suisse. Bien que très bon cuisinier, Silvio n’a fait que cuisiner pour l’équipe du Dangerous Tour et n’aurait donné qu’un coup de main au cuisinier personnel hindou de la star a indiqué un membre du conseil d’administration de l’Orient Express. Les déclarations de Hofmann, qui a informé sans gêne la presse du quotidien de la star, et la publication des photos avec Michael (prise par un garde du corps et offerte en souvenir aux membres du train), lui ont valu des problèmes avec son employeur. Tous ceux qui côtoient Michael s’engagent normalement à ne rien divulguer aux médias.

En remerciement, Michael invite les employés de l’Orient Express,  à assister au concert de Gelsenkirchen, qui devait avoir lieu le 6 septembre. Le personnel attendait dans le hall de l’hôtel Hyatt où logeait Michael lorsque Marcel Avram, le promoteur des concerts, est arrivé et leur a annoncé que le concert était annulé. Michael était malade, il souffrait de la gorge.

Son voyage en Orient Express se poursuit tout de même le lendemain pour se rendre à Lausanne en Suisse. Il préfère cependant loger dans un hôtel de Genève.

Les employés de l’Orient Express, dont Hans Muntwyler, seront finalement récompensés et assisteront au concert de Lausanne le 8 septembre. Après que les gardes du corps les aient emmenés en coulisses où ils ont pu rencontrer la guitariste Jennifer Batten, ils ont été conduits jusqu’à la tour de son où ils ont assisté au concert. Avec une vue panoramique et des milliers de têtes devant eux, l’homme qui s’est occupé du confort de Michael pendant son voyage a simplement déclaré : « Le concert était sensationnel. »

Sources: sncf.com/jackson.ch/nordbayern.de (merci à Eric L. pour les traductions)

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