Interviewes/Discours

Interview à TV Guide, le 10 novembre 2001

Source: the-michael-jackson-archives.com

Traduction

Il dit qu’il est « invincible » (le titre de son album attendu depuis longtemps). Il dit qu’il est aimé (un concert hommage est diffusé cette semaine). Il dit aussi qu’il sent qu’il est d’une autre planète. Michel Jackson peut-il vivre en accord avec son talent et faire oublier son image bizarre ?

Quand vous avez été dans le show-business pendant 35 ans — quand vous avez été une légende dans le show-business la plupart de ce temps — vous savez comment faire une entrée Du moins Michael Jackson sait.

Le « King of Pop » n’arrive pas de n’importe où et son apparition dans une salle du très cher Beverly Hills Hotel ne fait pas exception. Il a deux heures de  retard. Il est précédé par son garde du corps et la sécurité inclus de vérifier la pièce, derrière les rideaux, les penderies et la salle de bain. C’est alors que le garde du corps allume les lumières.
Quand finalement la porte s’ouvre, ce n’est pas Jackson mais deux petits enfants qui entrent dans la pièce , Prince, 4 ans, dont les cheveux foncés ont blondis, et Paris, 3 ans, avec des cheveux bruns bouclés qui lui tombent sur ses épaules. Finalement, leur père arrive.

Son image est omniprésente –son visage sculpté, ses yeux de biche qui nous apparaissent presque quotidiennement dans les présentoirs à journaux des supermarchés, sont toujours uniques. Il est mince, il porte une chemise militaire bleue et son habituel pantalon court noir et ses chaussettes blanches.
Et ensuite, il y a son nez. Son fameux nez qui, aujourd’hui, est recouvert par des bandages gris. <<C’est un pansement analgésique>> dit-il tranquillement mais avec bonhomie. <<Pour les allergies>>. Avec ses enfants jouant sur le plancher à ses pieds, il parle de sa vie courtoisement et avec un sens étonnant d’équilibre et de maîtrise de soi.

Il est un homme parfois indigné par la presse mais il est capable de rire de lui, c’est la chose la plus surprenante chez Michael Jackson. Même qu’à un moment donné, il se tord de rire en pensant aux femmes qui s’évanouissent en sa présence pendant les  concerts.

Et puis il estinquiet. A43 ans, Jackson est au carrefour de sa carrière, essayant de toute urgence de se transformer de l’icône des années 80 à un joueur de la scène pop actuelle. Sa première étape pour un retour au sommet a été les deux récents concerts au Madison Square Garden, sa première performance publique en Amérique depuis 12 ans.

Ils  ont été compilées et diffusés lors d’une émission spéciale de  télévision de deux heures intitulés : « Michael Jackson : 30th Anniversary Celebration » , le mardi 13 novembre. Il attend anxieusement la réaction de son dernier album « Invincible ». En plus, il a écrit et produit une chanson du type « We Are The World » appelée « What More Can I Give ? » dont les revenus profiteront aux victimes des attaques du 11 septembre. Et il fera une apparition dans le film « Men In Black 2 » qui sortira à l’été 2002. Mais finalement  c’est Michael Jackson, le père, un homme profondément en relation avec ses enfants et sa propre enfance, qui a laissé l’impression la plus durable.

Cette émission spéciale de télévision célèbre votre longue carrière. Vous souvenez-vous la première fois où vous êtes monté sur scène ?

Michael : J’avais 5 ans. C’était pendant un récital à l’école publique. Nous portions des chemises blanches et des culottes courtes. Je me souviens qu’ils aient dit : ‘Le petit Michael Jackson va chanter « Climb Every Mountain »‘. J’ai eu les plus gros applaudissements. Quand je suis retourné à mon siège, mon grand-père et ma grand-mère pleuraient. Ils ont dit : ‘Nous ne pouvons pas croire à quel point tu chantes bien.’ C’est la première chose dont je me rappelle.

Il est rare pour vous de faire un spécial de télévision.

Michael : J’en ai souvent refusé parce que je n’aime pas beaucoup faire de la télévision. Je suis embarrassé. Si je fais une performance je ne la regarderai pas avant presque un an ou deux plus tard parce que je suis toujours déçu de ce que j’ai fait.

Les concerts qui ont été filmés pour ce spécial étaient remplis de grandes vedettes. Cela ne pouvait pas être décevant.

Michael : Le deuxième spectacle était bon. Le premier était horrible parce que, techniquement, il y a eu beaucoup de pannes et d’interruptions entre chaque prestation. C’était très difficile. Le public attendait et attendait et attendait.

A quoi cela ressemble-t-il de danser sur scène ?

Michael : Je suis l’esclave du rythme. Je suis un instrument. J’y vais sur le coup du moment. Vous devez le ressentir de cette façon parce que si vous réfléchissez, vous êtes mort. Une performance n’est pas quelque chose de réfléchie, c’est quelque chose de senti.

Planifiez-vous d’avance vos pas de danse ?

Michael : Certains pas avec mes frères le sont mais quand je suis seul, tout est improvisé. Rien n’est planifié, jamais. Toutes les écoles de danse actuelles apprennent aux enfants à compter et c’est complètement mauvais.

Que pensez-vous des groupes pop actuels comme NSync ? Vous imitent-ils ?

Michael : Je pense qu’ils sont de très bons chanteurs. Je les connais très bien et parfois, nous nous laissons aller à rire et à jouer. Je n’ai aucun problème à ce qu’ils m’imitent. C’est un compliment. Tout le monde doit commencer en observant quelqu’un. Pour moi, c’était James Brown, Sammy Davis Jr, Jackie Wilson, Fred Astaire, Gene Kelly.

Le spécial télé met en vedette une apparition de Marlon Brando. Comment se fait-il qu’il y soit allé ?

Michael : Brando est un bon ami à moi. Je l’ai connu il y a 20 ans. Il vient tout le temps chez moi. Il aime jouer avec les enfants. Je joue avec ses petits enfants et nous aimons regarder des films.

Avec qui d’autres passez-vous du temps ?

Michael : Elizabeth Taylor, Brando, Gregory Peck, ce sont mes amis les plus proches. Ils sont beaucoup plus vieux que moi ou plus jeunes. Je n’ai jamais eu de contacts réels avec une personne de mon âge. Je pense que c’est ainsi parce que toute ma vie, j’ai joué dans les clubs dès que j’ai eu 5 ans. J’ai vu des gens ivres, des gens se battre et c’était dégoûtant. Quand aujourd’hui, des personnes me disent : ‘Hey, allons au club’ je réponds ‘Non merci’. Si j’y vais, ça ne sera pas la fête pour moi, trop d’autographes et de photos.

Et c’était le cas  pour votre fête post-concert au restaurant Tavern On The Green ?

Michael : C’était pire à ce moment-là — je ne pouvais pas respirer parce que tout le monde se pressait autour.

Vous êtes-vous évanoui ?

Michael : C’est une rumeur. C’était du sensationnalisme. La presse a inventé ça. Comme toujours, ils adorent le faire sur mon compte.

Qu’est-ce qui est arrivé ?

Michael : Rien. Je ne me suis pas évanoui, je n’étais même pas sur le point de m’évanouir. La presse fait ça depuis longtemps et c’est dégoûtant. Gentiment, à Paris qui sautille autour de la petite table à café : Paris tu ne dois pas faire de bruit. Tu ne peux pas, ne tape pas sur la table. Les journalistes enregistrent.

Liza Minnelli a aussi chanté à un des concerts. Vous deux semblez très proches.

Michael : Je parle à Liza chaque semaine. Nous venons de la même planète. La même chose pour Elizabeth.

Quelle est cette planète ?

Michael : Elle s’appelle « Capricious Anomaly in the Sea of Space » (rires). Gee… je ne sais pas. C’est au-delà de notre système solaire, je crois. C’est vrai et ça ne doit pas être pris avec légèreté : Les gens qui ont grandi en tant qu’enfant star ont une chose en commun. Vous êtes beaux, on vous aime ; vous passez au travers l’étape des maladresses, ils ne vous acceptent plus. Très peu réussissent la transition adulte. Plusieurs d’entre eux s’auto-détruisent et c’est très triste.

Comment avez-vous évité l’auto-destruction ?

Michael : Je pense que c’est la religion.

Êtes-vous encore Témoins de Jéhovah ?

Michael : Oui. J’ai fait… vous savez, nous appelons ça du « Pioneering ». Nous y consacrons 90 heures par mois. Je n’en fais plus autant maintenant parce que je suis occupé. Vous allez de porte en porte. Je mets un costume de gros bonhomme , des lunettes en fond de bouteille, une moustache, des fausses dents et une perruque afro. Je frappe aux portes et je dis que nous sommes des Témoins de Jéhovah.

Le spécial télé coïncide avec le lancement de votre septième album solo, « Invincible ». Est-ce que c’est votre retour ?

Michael : Je ne le vois pas comme un retour. Je fais seulement un album tous les quatre ans. C’est juste que j’ai été interrompu dans l’écriture.

L’album inclus les rappeurs-vedettes Will Smith et Jay-Z, c’est difficile de vous imaginer travaillant avec Jay-Z dont l’image est un peu plus rude que la vôtre.

Michael : Il était si gentil. Vous entendez toutes ces histoires idiotes à propos de ce que certains rappeurs ont fait le lendemain et c’est dur à croire. Je les vois toujours se comporter très bien. De parfaits gentleman.

Quel est le message derrière Unbreakable, la première chanson de l’album ?

Michael : Que je suis invincible, que je l’ai toujours été. Vous ne pouvez pas me blesser. Renversez-moi, je me relève. A Prince qui commence à cogner sa bouteille de limonade sur la table à café. Tu entends le bruit que tu fais ? Tu dois être gentil et sage.

Vous êtes connu pour être excentrique. Est-ce que grandir sous les projecteurs a quelque chose à avoir avec ça ?

Michael : Souriant en coin Ça dépend de quelle sorte d’excentricité vous parlez.

Les gens vous appellent Wacko Jacko.

Michael : Ce n’est pas gentil. Ils le font parce qu’ils sont jaloux. Je n’ai rien fait. Je vais dans les hôpitaux et les orphelinats. Nous apportons d’immenses sacs de jouets. Je dépense des milliers de dollars. Qu’est-ce qui est bizarre dans ça ?

A cause de la façon dont on parle de vous dans la presse, les personnes se demandent : « Est-il étrange ? »

Michael : Exaspéré J’ai fait l’émission d’Oprah. J’ai fait l’émission de Diane Sawyer. Ils m’ont vu. La presse est simplement complètement jalouse. C’est une des choses avec lesquelles je dois faire.

Comment faites-vous ?

Michael : Je la transforme en énergie positive. J’écris, je danse, c’est dans mes mouvements, c’est dans une expression sur mon visage. Ça devient une partie de moi, une partie de ma création. J’essaie de ne pas tomber dans le piège. Si cela vous arrive, vous devenez fou.

Votre première vidéo pour le single You Rock My World est un court métrage de 15 minutes Comment en êtes-vous arrivé au thème des gangsters ?

Michael : Je ne sais pas — l’idée m’a simplement traversé l’esprit. A Cuba durant une chaude nuit d’été. Un club dirigé par ces truands. J’espère que MTV montrera la version longue. Je n’aime pas du tout la version courte. Ce n’est pas assez bon.

Jusqu’à quel point vous impliquez-vous dans la réalisation d’un clip vidéo ?

Michael : Quand vous dites Michael Jackson, les gens pensent toujours à un homme de spectacle. Ils ne pensent pas au fait que j’écris des chansons. Je n’essaye pas de me vanter mais je les écris et je réalise beaucoup de vidéos. Je ne pense pas que les jeunes artistes sont conscients de ces choses qui, je pense, pourraient être motivantes pour eux.

Quand vous avez fait cette vidéo, pensiez-vous : « Je veux qu’elle soit aussi bonne que Thriller » ?

Michael : Non parce que je sais que je n’ai pas le temps de le faire. Les suivantes seront meilleures.

Laissez-vous vos enfants écouter MTV ?

Michael : A un certain âge je le ferai, mais pas maintenant. Quand ils auront 15 ou 16 ans.

Regardez-vous la télé ?

Michael : J’adore PBS, Discovery Channel, The Simpsons. J’adore Sesame Street. Je pourrait regarder ça pendant des heures. Mon émission préférée est « Malcolm in the Middle ». Ça me rappelle tellement mes frères et moi quand nous étions petits.

Quel personnage vous touche ?

Michael : Malcolm. Principalement à cause qu’il essaye de s’intégrer dans la société et qu’il n’y arrive pas — comme pour E.T. ou Bambi, il ne peut pas s’adapter aux concepts des autres. Je me sens souvent ainsi. Quand je ne suis pas sur scène, je me sens maladroit, comme si je n’étais pas où je suis supposé être.

Lequel de vos enfants vous ressemble le plus ?

Michael : Les deux mais de différentes manières. Prince aime taquiner au point que vous aimeriez lui tirer les cheveux. J’ai toujours eu l’habitude de taquiner mes sœurs, tout le temps.

Et Paris ?

Michael : Elle est une dure à cuire.

Comment va leur mère, Debbie Rowe ?

Michael : J’ai su qu’elle va bien, elle est très bien. Paris est forte comme Debbie.

A propos de vos finances, il y a des rumeurs qui racontent que vous êtes ruiné et que c’est pour cette raison que vous avez demandé des prix élevés pour les billets de concerts.

Michael : C’est de la poubelle de tabloïds. Ils inventent des choses. Ils cherchent des histoires pour vendre du papier.

Dans l’état du monde actuel, vous devez être inquiet pour les enfants. Vous étiez à New-York quand les terroristes ont attaqué, n’est-ce pas ?

Michael : Oui. J’ai reçu un appel d’outre-mer qui disait que l’Amérique était attaquée. J’ai dit :  » De quoi parlez-vous ? » Ils ont dit : « Écoutez les nouvelles ». Je ne pouvais pas croire ce que je voyais. J’ai crié en bas dans le vestibule : « Tout le monde, dépêchez-vous, levez-vous, nous devons partir ». Tout le monde s’est habillé et nous sommes montés en voiture et nous avons roulé loin de la ville.

Les attaques vous ont incité à écrire et produire le disque de la chanson What More Can I Give ? regroupant une pléiade de vedettes pour le bénéfice des victimes.

Michael : J’ai été malade par la triste notoriété des attaques. Je ne sais pas si les bulletins télévisés les ont trop souvent passées mais nous sommes allés de la peur à la haine, la colère et la vengeance. Je pense que les médias sont grandement responsables de ce fait.

Nous avons entendu dire que vous étiez supposés parler avec le Président Bush à propos de la chanson et de ses revenus.

Michael : J’ai parlé à Bush senior (le père). Nous aurons un appel téléphonique avec le président très bientôt. Ils nous ont dit qu’ils étaient très fiers de ce que je suis en train de faire et, ensuite, ils ont dit que j’étais un héros international.

Votre mission semble être d’aider les gens.

Michael : J’ai toujours fait ça oui. C’est drôle maintenant, à cause de ces attaques, tout le monde essaie de se regrouper, de trouver des chansons qui conviennent à l’événement. Je l’ai fait tout le long de ma carrière : Heal The World, We Are The World, Will You Be There, Man In The Mirror, des chansons sur la planète, Earth Song. Personne ne le faisait mais moi c’est là où va mon cœur. Je me fais du souci. Mon plus grand rêve est d’instaurer une journée officielle dédiée aux enfants, une journée où les enfants sont avec leurs parents.

Est-ce que vos enfants voyagent partout avec vous ?

Michael : Partout où je vais.

Qu’arrivera-t-il lorsqu’ils commenceront l’école et qu’ils ne pourront plus voyager autant ?

Michael : Je vais faire construire une école informatique sur les terres de Neverland. Avec d’autres enfants.

Ainsi, ils iront à l’école ‘en ligne’.

Michael : Ouais. Comment peuvent-ils y allés en société. Il est Prince Michael Jackson. Elle est Paris Katherine Michael Jackson. Ce serait trop difficile.

Pourquoi pensez-vous que vous avez une telle affinité avec les enfants ?

Michael : Je vais vous dire exactement d’où elle vient. Parce que je n’ai jamais eu d’enfance. Quand ils ont de la peine, je sens leur peine. Quand ils sont désespérés, je sens leur désespoir. Je me préoccupe de la situation critique et de l’état des enfants d’aujourd’hui. S’il y avait une seule journée où les enfants peuvent être avec leurs parents et s’unir, cela ferait une telle différence. Si j’avais eu cette journée avec mon père, notre relation serait différente aujourd’hui, juste une seule journée.

Quelle est votre relation avec votre père ?

Michael : C’est beaucoup mieux maintenant. Il est beaucoup plus agréable maintenant. Il s’est adouci énormément depuis qu’il a ses petits-enfants, vous savez. Il a maintenant une trentaine de petits-enfants.

Qu’est-ce que votre père a pensé des concerts ? Était-il présent ?

Michael : Il était au spectacle. Mais mon père, s’il estime que vous avez fait un grand show, il vous dira : « Bon show ». Il ne dira pas : « Oh, c’était merveilleux ». Je ne pense qu’il sait comment montrer son affection. Michael regarde Prince en train de marcher à quatre pattes autour de la pièce avec une balle en caoutchouc sur le nez, bavardant et donnant des petites tapes sur la joue de certains journalistes.

Michael : Doucement Prince, shhhh ! Tu m’a promis que tu resterais tranquille, tu te souviens ?

Que voulez-vous faire d’autres dans votre carrière ?

Michael : J’aime les films. Je vais en faire plus et jouer plus. Je crois que la plus puissante expression artistique dans le monde est le film. Je veux faire un film avec Liza Minnelli. Nous projetons en faire un ensemble. C’est à propos de deux artistes qui luttent et essayent de réussir; ils sont refusés partout où ils vont. Avec quelques unes des meilleures danses jamais réalisées. Je ne plaisante pas. C’est parce que je le vois, je le sens ici (en pointant son cœur).

Pendant ce temps, Prince trottine autour de la pièce et va s’asseoir aux pieds de son père. Paris grimpe sur les genoux de Jackson et se blottit contre lui tandis qu’il lui caresse les cheveux.

Michael Jackson, le père. C’est une image qu’on ne voit jamais. Êtes-vous un bon père ?

Michael : J’essaie très fort. J’essaie de leur apporter beaucoup de joie. Une fois par année, je m’habille en clown, avec tout l’accoutrement — le nez, le maquillage. Et ensuite je leur donne des bonbons et des biscuits.

Prince : (Souriant) Et de la crème glacée.

Michael : Et de la crème glacée !

Source: mjackson.fr

Ce numéro de TV Guide sort avec deux couvertures différentes

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