1980 - 1989

Michael Jackson sensible à la cause des aborigènes d’Australie, Sydney 1987

Au cours du mois de novembre 1987, après son passage très remarqué au Japon, Michael Jackson arrive avec son Bad Tour en Australie où il doit donner cinq concerts.

Le 22 novembre 1987, après son deuxième concert au Parramatta Stadium de Sydney, Michael se rend très discrètement dans une école maternelle de la ville. Une visite qui lui tient à cœur mais qui restera secrète pendant plusieurs années.

Redfern est un quartier populaire de Sydney, à 3 kilomètres au sud du quartier central des affaires. En 1987, au 85 Eveleight Street, se tient le Murawina child care center, un centre dirigé par du personnel aborigène pour les enfants aborigènes. Vilma Ryan, alors directrice du centre était aussi l’une des leaders de la communauté aborigène de Riverstone, l’une des plus anciennes villes d’Australie située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Sydney.

L’histoire de l’Australie est étroitement liée à celle des aborigènes, les premiers peuples des terres arides du continent, seuls occupants avant l’arrivée des colons au 17ème siècle. Avec la colonisation britannique au 18ème siècle, les aborigènes sont chassés de leurs terres, massacrés et réduits à l’esclavage. A partir des années 1870 et jusqu’à la fin des années 1960, les populations indigènes sont déracinées de leur environnement de naissance, et déportées dans des réserves, coupées de la population blanche.

De la fin du XIXe siècle jusqu’au début des années 1970, sur ordre du gouvernement, de très nombreux enfants métis (de mère aborigène et de père blanc), sont arrachés de force à leur famille, placés dans des orphelinats, des centres sociaux ou des missions chrétiennes, pour être éduqués « à l’européenne ». Un épisode très sombre de l’histoire de l’Australie appelé Générations Volées, « Stolen Generations », connu de tous mais révélé au grand jour en 1997 et qui a donné lieu à la mise en place du National Sorry Day (Journée nationale du pardon), tous les 26 mai, depuis 1998, pour faire connaître le tort qui avait été causé aux familles indigènes.

Reste que la situation des aborigènes d’Australie continue d’être précaire. Ils subissent de nombreuses injustices sociales et, traqués dans leur moindre mouvement, ils sont stigmatisés et criminalisés à outrance. Un rapport de 2016 d’Amnesty International explique que le taux d’incarcération des jeunes aborigènes, dont l’âge de la responsabilité pénale est de 10 ans, est 24 fois plus élevé que les enfants issus du reste de la population. Et que ces incarcérations se terminent souvent par des morts suspectes, un phénomène déjà existant dans les années 80 et qui avait, semble-t-il, interpellé Michael Jackson.

En 2010, un an après la disparition de Michael Jackson, Vilma Ryan brise le silence et explique comment elle s’est arrangée pour faire venir la star dans son centre pour jeunes aborigènes.

Né en 1972 d’un programme destiné à fournir des petits déjeuners aux jeunes enfants aborigènes démunis, le centre pour enfants Murawina (qui signifie « femme noire » en aborigène) a vu le jour en 1973. L’école maternelle Murawina s’installe en 1974 à Redfern et inspirera la création d’autres centres à travers le pays.

Michael Jackson avait accepté de se déplacer à l’école Murawina en échange du silence de Vilma. « Michael était très intéressé par la situation des Aborigènes, en particulier par la question des décès suspects en détention mais il ne souhaitait pas mêler ses fans à ça », explique-t-elle.

Vilma Ryan avait été prévenue que la visite de l’artiste serait annulée sans préavis si la presse venait à en être informée. « On m’a également avertie qu’il ne fallait pas la médiatiser même après son retour en Amérique. C’est pour cette raison que cela n’a jamais été dévoilé. Ca a été le temps fort de ma vie et mon plus grand secret depuis 22 ans », avoue-t-elle en 2010.

Lors de l’arrivée de Michael à Sydney en 1987, Vilma réussit à remettre une lettre à ses employés. Invitée par le chanteur au Regent Hotel où il séjournait, elle évoque avec lui ses activités : « Quand je lui ai parlé de mon travail, Michael a émis le souhait de rencontrer le personnel, les parents et les enfants de l’école maternelle après son concert de Sydney. Quand je lui ai dit que nos gamins n’avaient pas les moyens d’aller voir son spectacle, il m’a offert cent places pour son concert. Il était très poli, respectueux et s’exprimait avec douceur pendant notre rencontre ».

Le lendemain du concert, les employés de Michael Jackson lui ont demandé de les rejoindre à l’hôtel afin de leur indiquer la route jusqu’à Redfern. « J’ai constitué une équipe de femmes aborigènes pour s’occuper de ses gardes du corps et verrouiller les portes après son arrivée. Il a passé à peu près deux heures au centre à discuter avec les enfants, leurs parents et les employés ».

Plus tard, Vilma Ryan s’est arrangée pour réserver un studio photos de Surry Hills, un quartier proche de Redfern, afin de faire une photo de groupe des enfants en compagnie de l’artiste, exercice auquel Michael avait accepté de se prêter.

« J’ai pleuré quand j’ai appris sa mort et bon nombre des enfants qui l’avaient rencontré ont fait de même », a-t-elle confié.

Vilma Ryan a œuvré toute sa vie en faveur de la population aborigène. En 2012, à l’âge de 72 ans, elle se voit remettre un prix, le NSW Seniors Week achievement award, célébrant son dévouement à la cause aborigène et son travail de reconnaissance de l’éducation, l’art et la culture aborigène.

En 1996, lorsqu’il revient en Australie pour son HIStory Tour, Michael est accueilli par les aborigènes.

Sources: mjackson.fr/redfernoralhistory.org/wikipedia/jackson.rare (Instagram)

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