Michael Jackson et l'Art

Michael Jackson et Norman Rockwell

Norman Rockwell était un des artistes préférés de Michael Jackson et il l’a énormément influencé dans son goût pour l’art. Nate Giorgio, qui a longtemps collaboré, en tant que peintre, avec le King of Pop, évoque d’ailleurs dans une interview de 2011 la passion de Michael pour cet artiste contemporain : “L’autre personne qu’il aimait vraiment et dont il me parlait tout le temps était Norman Rockwell! Il était obsédé par lui et par son art. Nous regardions des DVD de lui et Michael disait “observe sa démarche, vise un peu ça!” Il a étudié tout ce qu’il y avait à savoir sur lui, mais ça personne ne le sait vraiment”.

Norman Rockwell

Norman Rockwell est un illustrateur américain né à New York le 3 février 1894, et mort à Stockbridge (Massachusetts) le 8 novembre 1978, à l’âge de 84 ans.

Peintre naturaliste de la vie américaine du XXe siècle, il commence dès 16 ans une longue collaboration avec le mouvement des boy-scouts des États-Unis en illustrant la revue Boys’ Life. Mais ce sont ses désormais célèbres illustrations en couverture du magazine Saturday Evening Post, entre 1916 et 1963, annonçant le mouvement de l’hyperréaliste, qui lui permettront de se faire un nom.

En 1935, il illustre les romans de Mark Twain, Tom Sawyer et Huckleberry Finn. En 1943, il participe à l’effort de guerre en publiant ses quatres tableaux The Four Freedoms distribués dans le monde entier. Dans les années 1950, il est considéré comme le plus populaire des artistes américains et fait les portraits d’Eisenhower, deKennedy et de Nasser.

À la fin des années 1960, après avoir quitté le Saturday Evening Post, il travaille pour la revue Look et illustre des thèmes plus en relation avec les convulsions politiques du temps, à l’instar de cette illustration, The Problem We All Live With, représentant une petite fille noire américaine, Ruby Bridges, se rendant à l’école, escortée par des agents fédéraux, en pleine période ségrégationniste.

Norman Rockwell racontait, à travers ses œuvres l’histoire du rêve américain. Il peignait avec chaleur et humour, dans les moindres détails et puisait dans le quotidien du peuple américain. Ses peintures étaient souvent idylliques et exprimaient, à travers leurs précisions, l’enthousiasme pour l’ordinaire.

Michael Jackson et l’art de Rockwell

En tant qu’amateur d’art, Michael possédait quelques œuvres d’art de Norman Rockwell, notamment celles représentant des enfants. Ainsi cette lithographie signée de Three Boys Fishing lui appartenait et était sur les murs de Neverland.

Possédait-il également le célèbre No Swimming, une des couvertures mythiques de Rockwell pour le Saturday Evening Post (SEP) en juin 1921? Toujours est-il que ce cadre a été signé de sa main en 1981, lors du passage du Triumph Tour à Philadelphie en 1981.

En juillet 2009, Ralph Young, propriétaire de la Young Gallery de Los Olivos indique au site nytimes.com que Michael venait de temps en temps à la galerie, avec ses enfants. Il avait d’ailleurs commandé une douzaine de tableaux, dont la plupart était des reproductions des œuvres de Norman Rockwell, avec des animaux et des enfants, et qu’il n’est jamais venu les chercher. Une sélection faite sur le catalogue de la galerie pour plus de 500 dollars.

Influences de Rockwell sur les sessions de photos de Michael Jackson.

Le 14 septembre 1990, Michael Jackson reçoit du Los Angeles Area Council Boy Scouts of America, le premier Michael Jackson Good Scout Humanitarian Award, en reconnaissance de ses efforts humanitaires. A cette occasion, Michael réalise un photoshoot avec les scouts, vêtus d’uniformes des années 80.

En dehors de l’aspect caritatif de cette récompense, Michael à n’en pas douter, avait à l’esprit, la collaboration de Norman Rockwell avec les Boy Scouts of America. Une collaboration de plus de soixante ans, par le biais de la revue Boy’s Life, qui fera de Rockwell le porte-parole visuel des Scouts, à travers des centaines de peintures, désormais classiques, apportant son esprit et exprimant ses idéaux, notamment patriotiques. Quasiment chaque année, entre 1925 et 1976, Rockwell a également réalisé une peinture pour le calendrier des Scouts.

En 1951, il peint ainsi, pour le calendrier, Forward America et Growth of a Leader en 1966 que les poses du photoshoot de Michael avec les Boy Scouts évoquent clairement.

Et puis, comment ne pas faire le parallèle (la pose était-elle un hasard?) entre ce photoshoot de Michael par Todd Gray, en 1983, dans sa propriété d’Encino et cette illustration de Rockwell pour le SEP du 5 octobre 1946, Willie Gillis Back To The College, où Rockwell lui-même avait pris la pose pour guider son modèle.

Influences de Rockwell sur le ranch de Neverland

Norman Rockwell a également influencé Michael Jackson lorsqu’il a créé son ranch de Neverland.

Ainsi en 1986, Michael Jackson fait appel à Paul Bedard pour qu’il lui réalise une peinture représentant un petit garçon qui tient des livres sous son bras, penché à observer un faune jouant de la flûte de paon.

Cette œuvre, inspirée sans nul doute d’une illustration réalisée par Rockwell pour le SEP du 27 avril 1935, deviendra celle qui accueillera les visiteur à l’entrée du ranch. Dans l’œuvre de Rockwell, intitulée Springtime, l’enfant est penché vers un lapin.

Parmi les statues d’enfants disséminées dans le ranch de Neverland, il est également indéniable que Michael s’est fortement inspiré de Norman Rockwell.

Ainsi, cette statue d’enfant à l’entrée du ranch semble être copiée de la couverture du SEP du 23 juin 1923, une illustration intitulée Vacation, exprimant la joie du début des vacances.

Un peu plus loin dans le ranch, la statue de bronze de Turner, Boy on Stilts, réalisée en 1993 (était-ce à la demande de Michael?), ressemble à s’y méprendre à l’illustration de Rockwell, Stilt Walker, en couverture du SEP le 4 octobre 1919, représentant un enfant sur des échasses, prêt à tomber….que ce soit avec l’intervention du chien ou pas.

Enfin, Leapfrog, la statue en bronze du parc de Michael, signée Jim Davidson, semble être une inspiration de l’œuvre du même nom de Rockwell pour le SEP du 28 juin 1919.

Si les enfants français aiment jouer à saute-moutons, ceux, outre-Atlantique, jouent plutôt à saute-grenouille (Leapfrog) et la présence des livres au sol dans l’illustration de Rockwell montre que le temps des vacances et/ou des loisirs est venu.

Car tel était l’objectif de Neverland….permettre aux enfants de tout oublier, de jouer et de passer du bon temps.

Les hommages

Le 26 juin 2010, le magazine Billboard, rend hommage à Michael Jackson à l’occasion de la première année de sa disparition et publie un numéro évoquant les bénéfices engendrés depuis un an par sa succession. En couverture, une illustration de Mark Stutzman, qui reprend l’illustre autoportrait de Norman Rockwell, The Triple Self-Portrait, paru en couverture du SEP du 13 février 1960. Le SEP publiait alors les premières pages de l’autobiographie de Rockwell.

Dans cet triple autoportrait Norman Rockwell se représentait de dos, en train de se regarder dans un miroir pour peindre son propre portrait. Tout en présentant de façon réaliste le travail du peintre, celui-ci est montré sous trois aspects différents : de dos ; dans le reflet du miroir et sous la forme de l’autoportrait qu’il est en train de réaliser sur la toile.

C’est sous cet aspect également que Stutzman a représenté Michael Jackson, en référence sans doute aussi à son titre de 1987, Man In The Mirror. A l’instar de l’illustration originale de Rockwell où chaque détail donne des indications et raconte la vie de l’artiste, celle de Stutzman évoque la carrière, les récompenses et les symboles de Michael Jackson.

Mais cette illustration est aussi et avant tout une image symbolique de ce que représente désormais Michael Jackson. Le style de Norman Rockwell est devenu aujourd’hui une référence, une marque de la culture américaine. Grâce au parallèle sous entendu par l’auteur de cette illustration, on comprend que l’image de Michael Jackson, tout comme celle de Rockwell, est à jamais liée à l’identité culturelle américaine.

En décembre 2013, Katherine Jackson lance l’annonce qu’un film documentaire en hommage à son fils Michael devrait être réalisé et fait appel aux dons des fans. Face à la polémique, le projet est abandonné. L’affiche qui avait été présentée pour ce film était alors clairement un hommage à l’artiste préféré de Michael, Norman Rockwell, une référence à Freedom From Want (où Rockwell apparait dans le coin en bas, à droite).

Ce tableau, paru en couverture du SEP le 6 mars 1943, fait partie d’une série de quatre tableaux, The Four Freedoms, inspirée par le discours du président américain Franklin D.Roosevelt en Janvier 1941 alors que l’Europe était plongée en pleine guerre, qui connut un très grand succès auprès du peuple américain.

Freedom From Want, qui représente la famille typique américaine réunie pour le repas de Thanksgiving est un des tableaux les plus parodiés, encore aujourd’hui.

Sur l’affiche de ce qu’aurait du être ce film hommage intitulé Remembering Our Michael, Michael Jackson est représenté en chef de famille, réuni avec ses trois enfants et de sa mère, autour d’une table, mangeant des pancakes, dans son ranch de Neverland. Derrière la fenêtre, l’auteur de l’affiche a dessiné de nombreux détails concernant le mode de vie de Michael : le parc d’attractions de son ranch, les animaux qui rappellent le zoo, les fans et les journalistes voulant absolument obtenir une photo de cette famille heureuse.

Si cette affiche est apparue assez « kitsch » pour les fans européens au moment où le projet (pure arnaque au final) a été évoqué, il faut lui reconnaitre certainement un impact plus particulier dans l’esprit des fans américains.

Le travail de Norman Rockwell, en montrant des scènes de la vie quotidienne, s’inscrivait dans le courant hyperréaliste qui allait se mettre en place. Un précurseur dans son domaine. En utilisant ,en plus les enfants comme modèles, il ne pouvait que toucher l’homme et l’artiste Michael Jackson. Vers la fin de sa vie, Rockwell peint des œuvres plus en relation avec les problèmes politiques de l’époque, notamment ceux qui concernent les droits civiques. La différence et le racisme, des sujets que Michael a eu à cœur de combattre toute sa vie à travers son art.

Sources: Merci à l’excellent site norman-rockwell-france.com/ espacomichaeljackson.blogspot.fr/ wikipedia

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