Dancing The Dream

Dance of Life – Dancing The Dream, 1992

La danse de la vie

Je ne peux échapper à la lune. Ses doux rayons écartent les rideaux de la nuit. Je n’ai même pas besoin de la voir – une énergie bleu clair traverse mon lit et je suis debout. Je descends vers le sombre vestibule et j’ouvre la porte, non pas pour quitter la maison mais pour revenir vers elle. « Lune, Je suis ici ! » dis-je en criant.
« Bien, » réplique-t-elle. « Maintenant fais-nous une petite danse. »
Mon corps a commencé à bouger bien avant qu’elle n’ait dit quoi que ce soit. Quand cela a-t-il commencé ? Je ne peux pas m’en souvenir – mon corps a toujours été en mouvement. Depuis mon enfance, j’ai toujours réagi à la lune de cette façon, comme son fou préféré et pas juste le sien. Les étoiles m’attirent près d’elles, assez près que je peux entrevoir leurs jeux scintillants. Elles dansent également, provoquant ainsi une douce secousse à mes molécules, un bond dans le temps à mes atomes de carbone.

Avec mes bras grands ouverts, je mets le cap vers la mer réveillant en moi une autre danse. À l’intérieur, la danse de la lune est lente, douce comme une ombre bleue sur la pelouse. Quand les vagues grondent, j’entends le cœur de la terre et le tempo reprend. Je sens les dauphins qui sautent dans la mousse blanche, essayant de voler et quasi réussir quand les vagues se dressent haut dans le ciel. Leurs queues laissent un arc de lumière comme du plancton brillant dans les vagues. Une famille de petits poissons s’élève en clignotant des reflets d’argent dans le clair de lune comme une nouvelle constellation.
« Ah ! » dit la mer. « Maintenant, nous rassemblons une foule. »

Je cours le long de la plage, attrapant les vagues d’un seul pied et les esquivant de l’autre. J’entends un son léger surgir – une centaine de crabes affolés se cachent dans leurs trous, au cas où. Mais maintenant, je cours à toute allure, parfois sur la pointe des pieds, parfois à fond de train.
Je rejette la tête par en arrière et une nébuleuse tourbillonnante me dit, « Plus vite maintenant, tournoie ! »
Souriant, baissant la tête en contre poids, je commence à tournoyer aussi frénétiquement que je le peux. C’est ma danse préférée parce qu’elle cache un secret. Plus vite je tourne sur moi-même, encore plus vite je me retrouve à l’intérieur. Ma danse est tout mouvement à l’extérieur, tout silence à l’intérieur. Autant j’aime faire de la musique, autant elle est une musique sans son qui ne meurt jamais. Le silence est ma vraie danse bien qu’elle ne bouge jamais. À mes côtés, mon gracieux chorégraphe bénit chaque doigt, chaque orteil.

Maintenant, j’ai oublié la lune, la mer et les dauphins mais je suis sous leurs charmes plus que jamais. D’aussi loin qu’une étoile, d’aussi près qu’un grain de sable, une présence s’éveille, scintillant avec la lumière. Je pourrais m’y retrouver éternellement, c’est si tendre et chaleureux. La toucher une fois et la lumière jaillit à partir de l’immobilité. Elle m’électrise et me transporte, et je sais que mon destin est de montrer aux autres que ce silence, cette lumière, cette grâce est ma danse. Je prends ce cadeau seulement pour le redonner.
« Plus vite, donne ! » dit la lumière.

Comme jamais auparavant, j’essaie d’obéir en inventant de nouveaux pas, de nouveaux gestes de plénitude. En même temps, je sens où je suis, refoulant la colline. La lumière de ma chambre est allumée. La voir me ramène sur terre. Je commence à sentir les battements de mon cœur, la somnolence dans mes bras, le sang chaud dans mes jambes. Mes cellules veulent danser plus lentement. « Pouvons-nous marcher un peu ? » demandent-elles. « C’était comme un délire. »
« D’accord », dis-je en riant, ralentissant jusqu’à marcher d’un pas tranquille.

Je tourne la poignée de la porte, un peu haletant, heureux d’être fatigué. Me glissant de nouveau dans mon lit, je me rappelle alors quelque chose qui m’a toujours étonné. On dit que certaines étoiles que l’on voit au dessus de nos têtes n’existent pas en réalité. Leur lumière met des millions d’années à arriver jusqu’à nous et tout ce que nous faisons, c’est regarder vers le passé, vers une période révolue où ces étoiles pouvaient encore briller.
Je me suis demandé « Alors, que fait une étoile quand elle a fini de briller? Peut-être qu’elle meurt ».
« Oh non » répond une voix dans ma tête. « Une étoile ne meurt jamais. Elle se transforme en un sourire et retourner se mélanger à la musique cosmique, à la danse de la vie ». J’aime cette pensée, la dernière que j’ai avant que mes yeux se ferment.
Avec un sourire, je retourne moi aussi me fondre dans la musique.

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