Les Jackson 5 et Bob Marley: rencontre en Jamaïque, mars 1975
Le 08 mars 1975, les Jackson 5 partagent la scène avec Bob Marley & The Wailers à Kingston, en Jamaïque.
Bob Marley, peu connu encore au niveau international mais ayant découvert le succès avec son groupe The Wailers et leur album Natty Dread, invite les frères Jackson, qui depuis quelques années provoquent l’hystérie des ados dans chacun de leur déplacement, à assurer la première partie de leur concert (initialement prévu le 15 février 1975) au National Heroes Stadium de Kingston, juste avant que ne débute leur Natty Dread Tour en juin 1975.
Les Jackson 5 ont cependant failli ne pas se produire, à cause des problèmes d’organisation : le public était trop près de la scène (le contrat du groupe stipulait que l’écart entre la scène et les spectateurs devait être d’au moins 10 pieds soit 3mètres) et les spectateurs ont eu des problèmes de placement.
Le spectacle début donc avec une heure et demi de retard. Cependant le concert des Jackson 5, « en grande forme » comme le rapporte un journal local, a « captivé le public » et presque transformé le National Heroes Stadium en « salle de danse ». Un concert d’une heure trente avant le show de Bob Marley & The Wailers qui durera près de quatre heures.
Un des fans ayant assisté au spectacle raconte : « L’air était électrique en attendant le début du concert. Dès qu’ils ont commencé à jouer c’était incroyable …le niveau de professionnalisme, la voix, la danse, tout! Après plusieurs rappels, ils ont finalement quitté la scène. J’ai regardé autour de moi et des gens partaient. Ils étaient venus pour voir les Jackson 5 et le concert fini ils partaient et n’étaient pas intéressés pour voir Bob Marley, dont le show a d’ailleurs été un spectacle fantastique. »
Le programme du spectacle de ce soir là:
Joan avait 13 ans en 1975 quand les J5 sont venus en Jamaïque et était élève à l’école de fille de St Andrew High. Si ses amies ont eu l’autorisation d’assister au concert, elle n’a pas eu cette chance. Cependant elle se souvient de les avoir vus au Sheraton Hotel où ils étaient descendus.
Michael, Randy et La Toya lors du bal organisé au Sheraton Hotel en leur honneur
« Il y avait des dizaines de filles partout dans le hall de l’hôtel et dans la piscine, qui étaient là dans l’espoir d’apercevoir Michael ou l’un de ses frères » raconte Joan au site jamaicans.com . Les Jackson ont émergé environ une demi-heure après notre arrivée, habillés pour un match de basket-ball contre les meilleurs joueurs de lycée de Kingston. Je me souviens d’avoir vu d’abord la tête de Marlon en haut de l’escalier, puis Jermaine , Jackie et enfin Michael. Les filles criaient comme des folles et ils se sont précipités dans le petit escalier .J’ai vu le regard de panique sur le visage de Michael avant qu’il ne se mette à courir et on ne l’a plus revu. Je me demande maintenant combien de ces rencontres effrayantes il a eu au cours de son enfance où c’est devenu une nécessité de vivre en reclus. Je ne me souviens pas combien de temps il a fallu pour calmer la foule et mettre de l’ordre dans le hall du Sheraton ou comment les Jacksons sont sortis. Finalement, nous avons pris un bus pour la National Arena et passé le reste de l’après-midi à regarder Marlon, Tito et Jackie Jackson jouant contre les garçons jamaïcains. Je n’ai reconnu que deux garçons de Kingston College et s’ils ont joué comme stars de la NBA ou pas, je ne peux pas le dire. Je n’avais d’yeux que pour les Jacksons, hypnotisés par leur coupe Afros gonflée, leur sourire étincelant, leurs jambes puissantes dans ces shorts courts, c’était mon rêve. J’avais peut-être manqué le concert, mais j’avais vu Michael, le garçon de mes rêves et ses frères en chair et en os. »
L’homme à l’origine de la venue du groupe en Jamaïque s’appelle Tony Cobb, un promoteur qui précise que cette venue des J5 dans le pays reste une de ses négociations préférées, « a first class production » (une production de première classe), dit-il. Tony rapporte au qu’il n’a eu aucun mal à approcher les parents de Michael , Joe et Katherine Jackson, en Californie et à les convaincre que leurs enfants se produisent à Kingston. Il a également rapidement pris des dispositions pour que le Premier ministre Michael Manley et son épouse Beverly soient les invités spéciaux de ce concert.
Avant le concert, les frères Jackson et leurs parents ont été invités personnellement par Bob Marley, chez lui, au 56 Hope Road à Kingston.
Bob Marley, The Wailers et Katherine Jackson au 56 Hope Road Michael et Jermaine devant la maison de Bob Marley
Les Jackson 5 ont également été les invités de Edward Seaga à son domicile de Temple Meads à St Andrew. Seaga était alors le chef de l’opposition et chef du Parti travailliste jamaïcain (JLP) – mais il avait également été promoteur avant d’entrer dans la politique – et s’est souvenu de la visite du groupe après la disparition de Michael.
Il évoque ces souvenirs au Gleaner, un journal Jamaïquain. « J’étais à la maison quand le policier m’a informé qu’il y avait une Mme Jackson à la porte. Je lui ai dit ‘Je ne connais pas de Mme Jackson‘, » se souvient-il avec humour. « Mais je suis allé vérifier, et j’ai vu un minibus. Quand j’ai parlé au chauffeur, il m’a dit que c’était les Jackson Five qui étaient à l’arrière. » Seaga a ensuite accueilli le groupe et leurs parents dans sa maison, où ils ont passé le reste de la journée. « Ils étaient tout simplement détendus, ils discutaient. Michael, qui était jeune à l’époque, a passé la plupart de son temps devant une volière que j’avais, avec les oiseaux. » A propos de la visite du groupe aux Tivoli Gardens, M. Seaga se souvient du bonheur des résidents d’avoir des visiteurs, et que les Jacksons leur parlaient au cours de leur visite. « Les gens, bien sûr, savaient qui ils étaient, et ont couru hors de leurs maisons et les ont accueillis. Ils étaient très accueillants. Certains les ont même acclamés quand ils les ont vus, » dit-il.
C’est d’ailleurs l’une des photos prises, par Fin Costello, durant ce moment qui servira pour la pochette du disque compilation The Best Of Michael, en août 1975
Tout comme l’une des photos d’un autre photoshoot, fait également en Jamaïque par Fin Costello, servira pour l’album du groupe Joyful Jukebox Music en octobre 1976
Babsy Grange , ministre de la culture, du spectacle et des sports de l’époque, et également le coordinateur du programme culturel des Tivoli Gardens, se souvient de l’excitation de cette visite du groupe et l’évoque au Star: « Ils ont joué au basket contre les étudiants de Kingston College (étudiants) et ont été battus (39-28). Ils ont rendu visite à Bob Marley et ont visité les jardins de Tivoli, où les jeunes se sont produits devant eux. Des milliers de personnes sont venues les voir. Ils ont également rencontré le leader de l’opposition Edward Seaga et Michael est resté avec les oiseaux »
Sources: bobmarley.com/jamaica-gleaner.com/thestar.com/westernmirror.com