Michael rencontre la famille Chaplin au Manoir de Ban (Suisse), le 17 juin 1988
Le 17 juin 1988, alors qu’il est en tournée en Europe – et en Suisse – pour son Bad Tour, Michael Jackson se rend au Manoir de Ban, l’ancienne propriété de Charlie Chaplin à Corsier-sur-Vevey. Il y rencontre Oona, la dernière femme de l’acteur britannique.
Retour sur ce moment d’après un article de L’illustré, magazine suisse, du 1er juillet 2009.
Rolf Knie lui a servi de guide. L’homme de cirque raconte cette rencontre inoubliable avec un chanteur poli et timide, prisonnier de son succès. Plus de vingt ans après, les sentiments liés à cette journée particulière sont toujours profonds. La découverte d’un Michael Jackson simple et attachant.
L’indignation devant ce qu’on a dit de lui ensuite…
Ce jour là, le clown et aujourd’hui producteur du cirque Salto Natale a servi de guide à Michael Jackson dans le célèbre manoir de Ban habité par la famille Chaplin, à Corsier-sur-Vevey.
« Je me souviens de l’extrême politesse de Michael, de son calme, de sa timidité. Je me souviens de la manière avec laquelle il a attendu qu’Oona Chaplin s’asseye pour faire de même, comment il n’a d’abord pas osé demander un Pepsi.
C’est à ces détails que l’on dénote quelqu’un. Il était tout simplement normal. Depuis, je n’arrête pas de prendre sa défense quand on l’attaque. Les journalistes ont inventé des horreurs sur lui. Depuis quinze ans, ils n’arrêtent pas de le tuer.«
Il faut raconter. A l’origine de cette rencontre, il y a Géraldine Chaplin, fille aînée d’Oona et de Charlie Chaplin.
Lors d’un concert de Michael auquel elle assiste, le chanteur lui confie combien il admire son père. Géraldine appelle Rolf Knie, vieil ami de la famille et habitué du Manoir. « Michael aimerait venir à Corsier. Peux-tu arranger quelque chose?«
Lors d’un passage de Michael à Bâle, Rolf Knie se lance, il téléphone à son hôtel et atteint son agent, Frank DiLeo.
« Des copains me disaient que c’était fou et impossible … » Une demi-heure plus tard, c’est pourtant Michael qui rappelle lui même. « Il était tout heureux. Nous avons convenu d’un rendez vous pour un vendredi à 15 heures.«
Le jour dit, les familles Chaplin et Knie attendent la star. L’heure file, il n’arrive pas. Vers 15 h 30, le portier a accouru en disant: «Quelqu’un vient d’appeler, je n’ai pas bien compris son nom.» C’était Michael. « J’ai pris le téléphone. il était tout embarrassé, il s’est excusé mille fois. Il s’était perdu et il appelait depuis une station service de Vevey … « Le portier va le chercher là bas. Le chanteur arrive sans garde du corps, juste accompagné par son assistant, un monsieur d’un certain âge. « Les archives l’ont émerveillé. Puis il a joué dans le parc avec mon fils Gregory innocemment. Je pense qu’avec les enfants, qui le prennent tel qu’il est, il pouvait enfin se montrer normal. Il en était resté un grand. »
Un autre aspect de la star l’a épaté: « Il connaissait parfaitement la vie de Chaplin, un vrai lexique. Les dates des films, le nom des acteurs, tout. On l’a résumé à un type inculte, c’était tout à fait faux. »
Le parallèle entre Jackson et Chaplin lui apparaît naturel : « Même enfance pauvre, même procès intentés contre eux. Ils émettaient les mêmes ondes et ils ont connu des problèmes semblables avec le monde, alors qu’ils n’ont répandu que du bien. Tous deux ne donnaient pas d’interview, ils répondaient par leurs films ou leurs musiques. S’ils s’étaient connus, ils auraient passé des journées entières ensemble. »
Deux mois plus tard, Michael Jackson invite Oona Chaplin et Rolf Knie à son concert de Lausanne. « Avant le show, nous lui avons rendu visite dans son vestiaire. il y avait de longues tables couvertes de caviar et de saumon. Michael a haussé les épaules: ‘Oh, ce n’est pas pour moi, mais mon équipe a faim.' »
A la fin, Rolf et Oona assistent au départ précipité de la star: « La musique résonnait encore quand il s’est vite engouffré dans une voiture située derrière la scène. Nous l’avons suivi et nous avons eu peur, des milliers de fans nous ont assaillis. J’ai alors compris ce que Michael vivait tous les jours. Il était prisonnier de son succès. »
Le clown en garde une amertume. « Aujourd’hui, je suis fâché contre tous ceux qui n’ont pas eu pitié de lui. Et content qu’il ait trouvé la paix. »