Ses Ancêtres

Au revoir Mr Joseph Jackson

Joseph Walter Jackson, le père de Michael Jackson, nous a quittés ce 27 juin 2018, à l’âge de 89 ans après avoir perdu sa bataille contre un cancer.

Né le 26 juillet 1929 à Fountain Hill en Arkansas, il avait épousé le 5 novembre 1949 à Crown Point (Indiana) Katherine Esther Scruse. Une union qui allait permettre de fonder la famille noire américaine la plus connue dans le monde de la musique.

C’est vrai, que Joe n’a probablement pas été le meilleur des pères ni le meilleur des maris.

Ses relations avec ses enfants et sa femme Katherine n’ont pas toujours été au beau fixe. Il vivait d’ailleurs depuis plusieurs années seul à Las Vegas.

Mais le patriarche de la famille Jackson a toujours cru en sa famille. Il a fait ce qu’il fallait (pas toujours de la bonne façon) pour la sortir de la misère, et aller au bout de ses rêves.

Son rêve ? Voir ses enfants au firmament, ce que lui n’a jamais pu atteindre en tant que jeune artiste. Et il y est arrivé. Les Jackson 5, c’est lui. Motown, c’est grâce à lui. Manager féroce et père pas toujours aimant, (il ne voulait pas que ses enfant l’appellent « papa », mais « Joe »), il a cependant su tirer les ficelles du succès.

Très critiqué pour son éducation à la dure, certains de ses enfants n’hésitent pas à dire qu’ils en ont été traumatisés. Mais Michael lui-même, dans son discours du 06 mars 2001, à Oxford, pour sa fondation Heal The Kids, a décidé de pardonner à son père.

« J’invite tous les enfants du monde – en commençant par nous ici ce soir – à pardonner à nos parents si nous nous sentions négligés. Pardonnez-les et apprenez-leur à aimer de nouveau. Vous ne serez probablement pas surpris d’entendre que je n’ai pas eu une enfance idyllique. La contrainte et la tension qui existent dans ma relation avec mon propre père est plutôt bien documentée. Mon père est un homme dur et il nous a poussés mes frères et moi à travailler très durement, dès le plus jeune âge, pour être les meilleurs artistes. Il a eu une grande difficulté à me montrer son affection. Il ne m’a jamais vraiment dit qu’il m’aimait. De même, il ne m’a jamais vraiment fait de compliment. Si je faisais un show génial, il me disait que c’était un bon show. Si je faisais un show correct, il ne me disait rien. Il semblait avoir l’intention, par dessus tout, de faire de nous un succès commercial. Et à ça, il était plus qu’un adepte.

Mon père était un manager de génie, et mes frères et moi savons que notre succès professionnel est du à sa détermination et la façon dont il nous a poussés. Il m’a entraîné comme un homme de scène, et sous son aide, je ne pouvais manquer un pas. Mais ce que je voulais vraiment c’était un père. Je voulais un père qui me montre son amour. Et mon père n’a jamais fait cela. Il ne m’a jamais dit je t’aime en me regardant droit dans les yeux, il n’a jamais joué avec moi. Il n’a jamais fait le « dada » avec moi, ou ne m’a jamais jeté un coussin, ou un ballon d’eau. Mais je me souviens d’une fois à 4 ans, il y avait un petit carnaval, il m’a pris et m’a mis sur un poney. C’était un petit geste, probablement quelque chose qu’il oublia quelques minutes après. Mais parce qu’il y a eu ce moment, j’ai une place spéciale pour lui dans mon coeur. Parce que c’est ainsi que sont les enfants, les petites choses sont si importantes pour eux et pour moi, ce seul moment signifie tout. J’ai seulement fait l’expérience de cela une seule fois, mais cela m’a permis d’être tellement bien, avec lui et le monde. (…)

Il a du m’aimer, je le sais. Il y a des petites choses qui le montrent. Quand j’étais un enfant, j’avais des sublimes dents. Mon aliment préféré était un donuts glacé, et mon père savait cela. Alors tous les weeks ends, j’allais en bas, et dans le coin de la cuisine il y avait un sac avec des donuts glacés – pas de note, d’explication – juste les donuts. C’était comme le Père Noël. Parfois, je me disais qu’il fallait que je reste tard dans la nuit, alors je pourrais le voir les poser, mais comme le Père Noël, je ne voulais pas casser la magie, de peur qu’il ne le fasse plus jamais. Mon Père devait les mettre secrètement dans la nuit, et personne ne pouvais le voir faire. Il était effrayé des émotions humaines, il n’a jamais compris cela, ou n’a su faire avec. Mais il connaissait les donuts. Et quand j’ouvre la vanne, il y a d’autres souvenirs qui me reviennent, et d’autres petits gestes, malgré les imperfections, qui montrent qu’il faisait ce qu’il pouvait. Alors ce soir, au lieu de me centrer sur ce que mon Père n’a pas fait, je veux me centrer sur toutes les choses qu’il a fait, et son propre challenge personnel. Je veux arrêter de le juger.

M père est né dans le sud, dans une famille très pauvre. C’était pendant la récession, et son propre père qui se démenait pour nourrir ses enfants, leur a montré peu d’affection, et les a élevés avec une poignée de fer. Qui peut imaginer ce que cela fait de grandir dans le sud pour un pauvre homme noir, dont on a volé la dignité, luttant pour devenir un homme, dans un monde où on le considère comme un subalterne. J’étais le premier artiste noir à être programmé sur MTV et je me souviens comment cela a nécessité de grands efforts. Et c’était dans les années 80. Mon père est venu dans l’Indiana et a eu une grande famille, travaillant longtemps dans la sidérurgie, un travail qui a détruit ses poumons et a humilié son esprit, toute sa famille le supportant.

Est ce que cela est vraiment difficile pour lui d’exposer ses émotions?  Est ce que c’est autant mystérieux d’avoir un coeur de pierre ou de se bâtir un rempart à émotions?
Et bien plus que tout, est-ce si étonnant qu’il ait tant poussé ses enfants pour les faire devenir des stars, et nous sauver de l’indignité et de la pauvreté? J’ai même commencé à voir que ce qu’a fait mon père, ses erreurs, étaient une preuve d’amour, un amour imparfait, c’est sûr, mais l’amour néanmoins. Il m’a poussé parce qu’il m’aimait. Parce qu’il ne voulait pas qu’aucun homme ne rabaisse sa progéniture. Et maintenant avec le temps, plutôt que l’amertume, et me sentir blessé et en colère, j’ai trouvé l’absolution. Et à la place de la revanche, j’ai trouvé la réconciliation. Et ma furie initiale, m’a doucement donné l’habilité de pardonner. »

Un très beau discours (à retrouver intégralement ici) qui a peut être adoucit les relations entre le père et le fils. Ce qui est sûr, c’est que Joe a apporté un soutien sans faille à son célèbre fils au cours de son procès de 2005. Une autre façon, certainement, de lui montrer son amour.

Alors oui, Joe a souvent été maladroit dans la gestion de ses émotions. On se souviendra d’un homme souriant et faisant la promo d’un de ses projets devant les caméras alors même que Michael venait de nous quitter en 2009. Des actes que nous, les fans, avons eus du mal à accepter.

Mais qui est-on pour juger ? Que savions-nous de sa douleur, de ses sentiments ? La famille Jackson a été sous le feu des projecteurs depuis près de 50 ans et même dans les moments les plus tragiques, on ne lui a jamais laissé le moindre répit.

Je ne cherche pas à excuser ces comportements, je peux simplement dire que j’ai compris certaines choses au cours de ce voyage fait à Gary, dans l’Indiana, en 2014. J’ai revu mon appréciation sur Joe car j’ai alors compris pourquoi il a tant voulu que sa famille échappe à n’importe quel prix à la drogue, à la violence et à la misère ambiantes de cette ville.

Joe était un homme dur mais il aimait les siens, à sa manière. Il a désormais rejoint son fils. Puissent-ils tous les deux être enfin en paix, ensemble.

Au revoir Mr Jackson!

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